Projet de loi de finances 2025 : « il faut une réponse forte, politique et non technocratique » Alain Rousset
Alain Rousset (à gauche) et Bixente Etcheçaharreta. Crédit : DM
Au lendemain de l’annonce du projet de loi de finances 2025 par le Premier ministre et à la veille de l’examen en séance plénière des orientations budgétaires du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, son président Alain Rousset a présenté sa vision sur les conséquences attendues. En matière de capacité financière et donc d’arbitrages politiques.
« On est sous le choc. On s’attendait à des mauvaises nouvelles, mais pas à ce point. » Au lendemain de la présentation du projet de loi de finances 2025, Alain Rousset se refuse à repousser la discussion sur les orientations budgétaires du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine qu’il préside, prévue en début de semaine prochaine. « Même si les chiffres qu’on présentera sont caducs… Mais j’aurais eu l’impression soit de valider les annonces que l’on a sur le PLF [ndlr, projet de loi de finances], soit de me dérober. » Les services de la Région ont phosphoré depuis hier soir et les conséquences attendues pour les finances du Conseil régional tiennent en peu de mots : 126 millions d’euros de recettes en moins ! Et de détailler : « On ne pourra plus compter sur la croissance de la TVA. Il y a la réduction du FCTVA, la baisse des dotations. Avec le prélèvement de 2% sur nos recettes de fonctionnement, l’Etat vient nous faire les poches de 50 millions », énumère-t-il. « Et l’augmentation de 4 points des cotisations de retraite des fonctionnaires. » Il estime par ailleurs que les prélèvements sur recettes s’élèveront, en Nouvelle-Aquitaine, à 74 millions d'euros pour le bloc communal et 105 millions pour les Conseils départementaux.
« En fait, il faut quasiment multiplier par deux cette baisse de recettes, car en vertu de la règle d’or, nous ne pouvons pas emprunter pour le fonctionnement de la Région. Alors que l'Etat, lui, emprunte 28% de son budget ! » Et de préciser que sur un budget annuel de quelque 3,5 milliards d’euros (3,2 milliards in fine au compte administratif), la TVA représente à elle seule « 1,3 milliard de rentrées dans notre budget. Nous n’aurons plus aucun dynamisme sur cette recette, ce qui nous apportait 25 à 35 millions d’euros supplémentaires par an ». Alain Rousset et son exécutif se disent ainsi face à « un défi à relever dans cette préparation budgétaire, on va devoir travailler sur le fonctionnement et l’investissement ». Déjà, les hypothèses et les ordres de grandeur sortent des calculettes. Deux options sont avancées : pertes de 100 millions d’euros en fonctionnement ou suppression de 250 millions en investissements.
« Concrètement, quelles conséquences sur le quotidien des Néo-Aquitains ? », interroge cette infographie produite par le Conseil régional. Crédit : Région NA
Les Régions préparent leur réaction
« Si ce budget de l’Etat passe au 49.3, c’est la nature même des Régions, leur dimension d’investisseurs qui est menacée. Nous avons besoin de visibilité. Ne serait-ce que sur un lycée, on s’y prend six ans à l’avance », image encore le président. Conséquence ? « Une des solutions, c’est qu’on aura vraisemblablement une année blanche en matière de nouveaux engagements, car on ne sait pas ce qui va se passer en 2026 et 2027. » Ce qui ne signifie pas que le Conseil régional va tout arrêter, rassure-t-il : « On va continuer ce qui est en cours, la Région tiendra ses engagements. » Mais « tout ce qu’on pouvait apporter aux entreprises sera par définition moindre, plus sélectif », prévient-il. En résumé, « c’est tout le volontarisme dont la Région est capable qui est menacé ».
Dans ce contexte, les présidents de Région se parleront dès ce samedi 12 octobre, en visio. « Il faut une réaction forte, une réponse qui soit politique et non technocratique », pressent Alain Rousset. « Il faut un vrai acte de décentralisation, qui complète nos compétences. Qu’en face, on ait les ressources fiscales dynamiques et que tout ça soit inscrit dans la Constitution ou dans une loi organique », plaide-t-il. « La France, à part avec Mitterrand et Mauroy, n’a jamais décentralisé volontairement. Quand on nous transfère les TER, c’est qu’ils ne fonctionnement plus. Quand l’Etat transfère la compétence des collèges [ndlr, aux Conseils départementaux] et des lycées [ndlr, aux régions], c’est qu’ils sont “Pailleron”, grince-t-il, et chaque fois, on démontre qu’on est capable de mieux gérer que l’Etat ! »