Effondrement de la RN 134 : l'hôtellerie-restauration très impactée - Premium

Quand les intempéries ont détruit une portion de la RN 134 en vallée d’Aspe, raconte Didier Laporte, président de la CCI Pau-Béarn, « forcément, on a d’abord à tous ceux qui utilisent cette route de façon professionnelle, en particulier les entreprises de logistique ». Mais, reprend-t-il, « quid de l’impact sur les cafés, les hôtels, les restaurants et tous ceux qui vivent du passage - touristique ou professionnel sur cette route ? Nous avons souhaité le mesurer ». La CCI a donc réalisé une étude auprès de 80 entreprises de la vallée d’Aspe, mais aussi et surtout, d’entreprises situées en aval de l’effondrement. « On se rend compte que tout le Haut-Béarn, et jusqu’à Oloron, est impacté », révèle le président de la chambre consulaire, qui parle d’impactés « de seconde ligne ».Selon les résultats de l’étude, 40% des entreprises interrogées déplorent un impact « très significatif » sur leur activité, lié principalement à la perte de clients. Et plus de 80% des entreprises participant à l’étude constatent une diminution de leur activité. « C’est logique, explicite Didier Laporte, puisque plus d’un tiers des entreprises déclarent que leur chiffre d’affaires est lié pour plus de 50% à la clientèle de passage, notamment espagnole ». Conséquence immédiate : près de la moitié des répondants considèrent « que l’activité de leur entreprise est menacée immédiatement ou à court terme ». « Les entreprises ont la trésorerie pour aller jusqu’à la fin de l’année, mais sont très inquiètes pour la suite, prévient Didier Laporte. D’autant qu’en octobre, en général, la clientèle espagnole compense la clientèle française, et qu’elle est aussi très présente en décembre, pour les fêtes, vient acheter des chocolats chez Lindt et consomme à Oloron ». Une exception à la sinistrose : « Les bars-tabacs, qui voient revenir une clientèle française qui avait pris l'habitude d'aller en Espagne », sourit Didier Laporte. Pas de dispositifs dédiésDouble peine, ces entreprises, qui ne sont qu’indirectement impactées par le sinistre, ne sont pas éligibles aux dispositifs spécifiques mis en place après les intempéries. « Il y a des dispositifs globaux, ou bien des mécanismes de bienveillance d’usage », explique Didier Laporte. Par exemple, la Direction départementale des Finances Publiques a accepté des reports de paiement d’impôts et des étalements d’échéance au cas par cas. L’URSSAF fait de même pour les cotisations sociales, et « la Banque de France va être vigilante sur la médiation du crédit », en particulier le remboursement des PGE hérités de la période covid. Mettre en place un dispositif spécifique « serait souhaitable », considère Didier Laporte, « mais cela supposerait l’existence d’un fonds aléas climatiques qui, aujourd’hui, n’existe pas. Mais il serait tellement souvent sollicitable, ça serait des milliards d’euros… Il faudra cependant se pencher, un jour, sur cette question de la solidarité face aux aléas climatiques. »À lire également - Intempéries en vallée d’Aspe : plus d'un million d’euros mobilisés Au-delà, se pose « toute la problématique des infrastructures » en Béarn, souligne Didier Laporte. « Nous sommes dans un secteur montagneux, sur un versant très raide sur lequel il est difficile de faire passer des routes et des trains. On voit bien l’impact de la défaillance d’une seule infrastructure, il est crucial de les consolider, qu’elles soient routières ou ferroviaires ». « Il nous faudra peut-être, un jour, un grand Grenelle des infrastructures pour tout le territoire pyrénéen, imagine le président de la CCI Pau-Béarn. Comment mieux franchir cette barrière naturelle ? Il faudra peut-être se reposer la question de la Traversée centrale des Pyrénées, repenser le train, l’aéroport de Pau. Pour la vitalité, le dynamisme économique de nos territoires, on n’a pas le choix. » En attendant, l’annonce, faite la semaine dernière par la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques, d’une réouverture de la RN 134 courant janvier prochain, a « très agréablement surpris » les entreprises interrogées. « On voit que les procédures d’urgence, quand on le veut, fonctionnent, se félicite Didier Laporte. Les entreprises craignaient une réouverture au printemps ou à l’été prochain. C’est un moindre mal, elles devraient pouvoir tenir ». À condition toutefois, nuance le président de la CCI, « que l’on ne donne pas de faux espoirs. Il ne faudrait pas que les aléas climatiques futurs viennent complètement perturber le chantier. On va croiser les doigts pour tout le monde, parce que c’est absolument nécessaire : pour les valléens, les Espagnols, pour la station de ski, pour le transfrontalier… Le col du Pourtalet est souvent fermé l’hiver. Si le Somport n’est pas ouvert, par où va-t-on passer ? »

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