Placéco Charente-Maritime, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Bordeaux Sciences Agro : quels défis pour les ingénieurs de demain ?

Écosystème
lundi 18 septembre 2023

Sabine Brun-Rageul, directrice de Bordeaux Sciences Agro. Crédits : DR

Cette année, Bordeaux Sciences Agro fête son soixantième anniversaire. L’occasion pour Sabine Brun-Rageul, directrice de l’établissement, de revenir sur les enjeux de demain : évolution des cursus pour coller aux réalités des territoires, lien entre formation et innovation, ou encore attractivité des futurs diplômés.

Quels sont les grands enjeux auxquels seront confrontés vos futurs diplômés ?
L’enjeu principal est d’être en capacité de re-concevoir le système agricole, alimentaire et forestier pour le rendre plus durable, écologiquement, économiquement et socialement. Cela, nous l’avons mis au centre de notre plan stratégique 2030 car nous avons besoin d’ingénieurs agronomes qui innovent et trouvent des solutions, pour contribuer à l’adaptation du vivant, et donc à l’atténuation du changement climatique. C’est le rôle des professionnels que l’on forme, d’accompagner et d'impulser ces transitions. Car aujourd’hui, il n’y a plus de réponses toutes faites aux défis auxquels on doit faire face.

À ce titre, comment adaptez-vous les formations que vous dispensez ?
Nous avons fait un diagnostic, déjà. Nous proposons des formations dans le domaine de l’agroécologie, et nous sommes en train de voir comment aller plus loin pour faire infuser cette dimension agroécologique dans tous nos cursus. En 2024 par exemple, nous avons pour projet d’ouvrir une formation viticulture-agroécologie, pour croiser les compétences et permettre à des jeunes qui souhaitent devenir responsables techniques d’un domaine viticole, d’avoir déjà les clefs pour prendre des décisions, et permettre l’adaptation des vignes.

Quelles autres actions sont fléchées dans votre plan stratégique ?
Eh bien, nous voulions que notre stratégie et les transitions s'incarnent dans notre campus. Nous sommes déjà au cœur d’un écosystème d’innovations mais nous voulions aller plus loin, avec le FarmLab@Bordeaux qui a vocation à être un tiers-lieu dédié à l’innovation. Aussi bien dans les sciences agronomes que dans l’agriculture, l’alimentation et le numérique. Pour accompagner la partie pédagogique et les projets de nos étudiants, voire de nos futurs diplômés. Vendredi 15 septembre dernier à l’occasion de notre anniversaire, nous avons inauguré un bâtiment qui héberge l’apprentissage pratique, tourné vers cette innovation.

Faire le lien entre la recherche et les entreprises

Bordeaux Science Agro est aussi connue pour avoir un important pôle recherche et excellence, composé de 15 unités de recherche…
Oui, et on a profité de ces 60 ans pour signer une convention-cadre avec l’Inrae, l’Institut national de recherche agronomique. C’était déjà un partenaire, évidemment, mais l’idée est de continuer d’approfondir nos collaborations pour rendre plus visible le pôle formation-recherche autour des sciences agronomiques. C’est assez méconnu, mais l’Université de Bordeaux, au classement international de Shanghai, a son meilleur classement thématique dans les sciences agronomiques. Cela nous donne aussi de la légitimité pour construire et rendre plus visible ce pôle. Nous avons aussi créé une spécialité de doctorat autour des agrosciences, et des transversales à trois écoles doctorales de l’Université de Bordeaux. Les jeunes qui s’y inscrivent ne vont pas nécessairement poursuivre leur cursus dans la recherche académique, mais pourront trouver leur place dans le secteur privé. Je suis persuadée que pour accompagner les transitions de demain, on aura besoin d’ingénieurs docteurs, capables de faire le lien entre le monde de la recherche et les entreprises.

Comment, justement, attirer ces jeunes ?
Eh bien, déjà, nous sommes confrontés à une difficulté : notre concours d'entrée est commun au cursus médical et vétérinaire, or être ingénieur agronome c’est un diplôme, pas un métier. Cela peut être compliqué à expliquer, et en même temps nos formations sont très riches car elles permettent de ne pas faire le même métier toute sa vie. On peut devenir responsable R&D dans une entreprise de l’alimentaire, chargé de projet dans un cabinet d’études, être enseignant-chercheur, également… Et puis, vendredi, nous avons signé une convention avec Sciences Po Bordeaux pour un double-diplôme : nos ingénieurs pourront, en quatre ans, avoir à la fois le cursus agronomique et le master de Sciences Po Bordeaux. C’est encore d’autant plus important car l’agriculture et la sécurité alimentaire sont des enjeux majeurs.