Oléron : Les algues à la conquête du marché alimentaire - Premium

Les conditions météorologiques ont retardé l’agenda de la récolte. « On a deux mois de retard pour la récolte sur l’estran. Cette année c’est catastrophique car les algues ont besoin de lumière pour se développer donc là ça décale tout. On commence juste la récolte », souffle Florian Lucas depuis son marais ostréicole de Dolus-d’Oléron. Avec son associée, Ingrid Peperstraete, ils partent à pied pour ramasser persil, combre dulce et autres laitues de mer. Selon les Nations-Unies, d’ici à 2050, « huit milliards d’habitants sur terre cohabiteront ». Pour nourrir autant d’êtres humains, les scientifiques affirment que la production alimentaire mondiale devrait croître de 50%, soit une augmentation de 567 millions d'hectares de terres cultivables. Une telle projection aurait un impact négatif sur l’environnement. La culture des algues comestibles serait une option des plus favorables pour subvenir à ces nouveaux besoins nutritionnels. En effet, ces plantes n’ont pas besoin de terre, ni d’engrais, ni d’eau douce. « On avait envie de sortir du cadre de l’intensif » La culture d’algues comestibles est un sujet nouveau à Oléron depuis que Lumi’Algues s’est installée en mai 2023. Après un master en écologie marine à l’Université de La Rochelle pour elle et un bac pro cultures marines au lycée maritime de La Rochelle pour lui, le couple a travaillé plusieurs années dans le monde de l'aquaculture. « On avait envie de sortir du cadre de l’intensif », explique Florian Lucas. La route a été longue avant de monter leur EARL en mai 2023. Quatre années auront été nécessaires pour rédiger le projet, établir tous les plans administratifs et surtout, convaincre les banques d’investir sur ce marché de niche. « Les premiers retours que l’on a eus des banques c’était qu’elles manquaient de recul sur la fiabilité du projet, relate le fondateur de Lumi’Algues. Nous, on voulait rester sur l’île d’Oléron. On a tout étudié, le business plan, le littoral. On a prouvé que l’on avait le savoir-faire et c’est ce qui a finalement fini de les convaincre. » Après avoir trouvé leur local, un ancien site ostréicole laissé à l’abandon, ils investissent dans des machines et de l’outillage même si ce type d'agriculture est essentiellement basée sur le travail manuel. « On ne préfère pas donner de chiffres car tous les jours on a des curieux qui s’intéressent à notre modèle de production. On a mis 4 ans à tout monter, on ne veut pas dévoiler », insiste Florian Lucas.Un circuit de vente uniquement local Aidé par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 10.000 euros chacun, le couple d’entrepreneurs a dû investir sur leurs fonds propres pour lancer leur activité. « Actuellement, on n'en vit pas encore. On espère en vivre d'ici à deux ans », explique le gérant qui avait prévu le coup et économiser en conséquence. Lumi’Algues produit à la fois des algues fraîches et des algues déshydratées, conditionnées dans des petits sachets. En parallèle, l’entreprise propose une vingtaine de produits dérivés comme du thé ou des persillades qui agrémentent les plats. Riches en minéraux et autres vitamines, le couple qualifie leurs produits de « bombe nutritionnelle. Trois cuillères à soupe de laitue de mer apportent notre ration journalière en magnésium, fer, calcium, potassium et différentes vitamines » complète le duo. Malgré tous les atouts nutritionnels dont les algues regorgent, le circuit de ventes de l’entreprise est uniquement déployé vers une offre locale. « On vend beaucoup sur Oléron au sein de notre boutique. Le chef du restaurant le Sillage à Saint-Pierre et celui de La Brèche, à Tours, achètent nos produits pour leurs cartes », ajoute Lucas. Avec sa conjointe, ils vont tenter de développer d’autres espèces d’algues pour étoffer leur offre de produits. « C’est un marché dans l’ère du temps», assure le gérant.

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