« On est dans un momentum intéressant » pour l’ESS, selon Yves Pellicier - Premium

En fin d’année dernière, l’ESS était menacée par d’importantes coupes budgétaires, plus de huit milliards d’euros au global, dans le projet de loi de finances. Où en est-on aujourd’hui ? Sur le plan budgétaire, la petite difficulté du moment, c’est que l’on est certain de rien. Le sujet est complexe, car l’écosystème de l’ESS l’est, lui aussi. Pour en avoir parlé avec la Ministre [ndlr, Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée notamment du sujet], il n’y a pas de mesure précise du budget global alloué à ce que l’on appelle l’ESS. Il y a des visions agrégées, on parle de petites associations - ce qui n’est pas péjoratif car elles sont très importantes pour le ciment social français -, jusqu’à des entreprises coopératives agricoles qui sont multinationales, en passant par des mutuelles comme la Maif. Au-delà de ce constat, si le Budget 2025 a le mérite d’exister, il n’est pas à la hauteur des ambitions en particulier pour l’écosystème de l’ESS. Ce qui entraîne, par un effet de cascade, plusieurs conséquences. Comme la baisse, voire l’arrêt, de certaines subventions de collectivités locales ? Oui, le Budget de l’Etat ruisselle moins vers les Régions, les Départements, et on voit des collectivités qui ont carrément coupé leur budget. Pour certaines ce sont très clairement des postures politiques, on peut en citer au moins deux et en particulier la Région Auvergne-Rhône-Alpes, mais il s’agit presque d’un sujet de politique politicienne. Sur le plan de la politique au sens large, même pour des Régions ayant clairement identifié l’apport de l’ESS, la situation est compliquée. En octobre dernier, l’UDES, l’Union des employeurs de l’ESS, alertait sur 186.000 emplois potentiellement détruits… aujourd’hui, ça a commencé dans certains secteurs. Par exemple, 250 crèches associatives ou appartenant à l’ESS sont déjà en difficulté ou menacées de fermeture, pour des problèmes de subventions. Il y a aussi les radios associatives, et tout un sujet sur le réemploi - en particulier dans la filière des ressourceries, dont certaines sont en grande difficulté.Une réponse aux maux de la sociétéLa loi sur l’économie sociale et solidaire promulguée en 2014, dite loi Hamon, est-elle suffisante aujourd’hui ? Une loi ne suffit pas. La précédente n’a pas dégagé de vrais moyens pour les CRESS [ndlr, Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire] par exemple, qui ne sont pas réellement devenues des chambres professionnelles. Peut-être n’était-elle pas suffisamment précise, on peut s’interroger sur les ambitions, les moyens réels déployés. Aujourd’hui, une partie de l’écosystème survit, limite ses ambitions car il n’y a pas de vision à moyen terme. Or, au niveau européen et même mondial, à l’ONU, on reconnaît que les modèles économiques de l’économie sociale et solidaire sont des réponses aux maux de la société. Ils sont capables de générer du travail respectueux des personnes, avec une lucrativité limitée, qui permet une redistribution des richesses… et malgré tout cela, en France, ça n’aboutit pas. Que faudrait-il pour pérenniser ce pan de l’économie et ses acteurs ? Une seconde loi dédiée ? Pour 2025, le gouvernement et la ministre se sont engagés à travailler sur la stratégie nationale de développement de l’ESS, en réponse à une demande de la Commission européenne. L’UE dégage des moyens pour ces modèles sociaux et solidaires, chaque État doit adopter une stratégie pour pouvoir accéder à ces fonds. Je pense que l’on est aujourd’hui dans un momentum intéressant. La loi a dix ans, donc on a un certain recul ; et on nous demande de nous projeter. Autant de modalités qui doivent nous permettre, demain, de nous engager.Yves Pellicier milite pour un « dividende écologique ». Déjà mis en place au sein de Maif, il s’agit d’un mécanisme mettant en réserve, annuellement, 10% du résultat du groupe. « Cela nous permet d’alimenter un fonds Maif pour le vivant, directement lié à la biodiversité et la régénération des écosystèmes, présente le président du groupe. Second élément, c’est l’accompagnement de nos sociétaires ayant vécu des inondations, et demain, vivant dans des zones de retrait et gonflement des argiles. On peut leur proposer des solutions scientifiquement validées, pour préparer l’avenir. » Yves Pellicier espère dans l’avenir, que cette démarche soit reconnue pour que d’autres entreprises, « comme les assurances », s’en saisissent. Les sujets liés à la RSE vous intéressent ? Découvrez notre site consacré à cette thématique !

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