Port de Bayonne : un nouvel AMI sur la voie de la décarbonation - Premium

Un nouvel AMI est en cours en vue de valoriser un foncier d’1,2 ha dans le secteur Saint-Bernard. Quel est le lien avec l’AMI que vous avez lancé en décembre 2023 ?On fait de manière maintenant quasi systématique des appels à manifestation d'intérêt pour mettre à disposition le foncier portuaire de manière à rentrer dans le cadre de nos obligations. On a une obligation de mise en concurrence puisqu'on est sur du domaine public et donc on ne peut pas attribuer le domaine public sans mise en concurrence préalable. Donc on a fait un AMI en 2019, un en 2022, et un fin 2023, beaucoup plus orienté transition énergétique et décarbonation et qui s’est clôturé fin février dernier. Dans cet AMI il y avait l'entièreté de foncier encore disponible sur le port, donc sur plusieurs secteurs, Salina, Saint-Bernard, Blancpignon et la zone de Baia Park sur la commune d'Anglet. II a permis de faire émerger certains projets et suite à l'analyse des candidatures en premier niveau, il s'avère que la parcelle anciennement occupée par Point P reste disponible.Avec le manque de foncier au Pays basque, comment est-ce possible ?On avait un projet mais il n'était pas que sur Point P, il était beaucoup plus demandeur d'espace et ça ça ne nous intéressait pas trop. On a alors décidé de relancer tout de suite un AMI pour cette parcelle d’un peu plus d’un hectare de manière à permettre à certains projets de se positionner parce que le périmètre auparavant était plus large. On mettait les terrains en face de Saint-Bernard au total il devait y avoir 17 ou 18 hectares. Il n'y avait pas d'obligation de prendre l'entièreté des terrains mais on était quand même sur des projets d'une autre taille. Les projets qui nous sollicitent en général font plusieurs hectares et on n'est pas sur la même catégorie de projet quand on parle d'une parcelle d'un hectare ou de 10-15 hectares.« On a ouvert le scope aux activités innovantes de décarbonation et de production d'énergie verte »Vous avez revu votre copie pour ce nouvel AMI ?Non, parce que finalement on garde les mêmes prérogatives principalement du trafic maritime et/ou des activités en lien avec la décarbonation du port et du territoire. La grosse différence par rapport aux AMI précédents, sauf celui de la fin d'année, c'est qu'on ne retenait sur le port que des entreprises en lien avec l'activité maritime du port. Et parce qu'il y a des obligations environnementales, de transition énergétique, etc. et que ça peut être une source d'opportunités et de dynamisme économique, on a ouvert le scope aux activités innovantes de décarbonation et de production d'énergie verte. On a remis ce champ là sur cette parcelle.Cette parcelle « Point P » est dans le secteur Saint-Bernard. Quelles sont ses particularités ?C’est un terre-plein avec un vieux hangar. C’est une parcelle qui aujourd’hui n’a aucune activité. Elle est sur le domaine portuaire donc à proximité des infrastructures portuaires mais en dehors des zones ISPS (ndlr, International Ship and Port Facility Security). Depuis les attentats aux Etats-Unis tous les ports du monde ont été sécurisés par un code international, l’ISPS, qui sécurise les accès aux quais. Vous n’êtes pas loin des embranchements ferroviaires donc ça peut avoir un sens pour développer des activités logistiques maritimes ou ferroviaires et des activités qui seraient interfacées avec la ville puisque le secteur de Saint-Bernard est quand même proche du centre ville.Qu’entendez-vous par «des activités interfacées avec la ville » ?Par exemple, quelqu'un qui voudrait faire de la distribution du dernier kilomètre sur Bayonne ce serait cohérent en tout cas géographiquement l'espace est intéressant. Et le secteur de Saint-Bernard est à proximité des habitations. On va éviter d'avoir des activités avec trop de de nuisances trop importantes on est contraint par l'environnement entre les voies ferrées, le dévoiement de la future route c'est assez complexe finalement de rentrer sur ce secteur une activité. Mettre à disposition du foncier pour une durée de 2, 3, 4, 5 ans tout le monde sait le faire, en revanche ces appels à manifestation d'intérêt portent sur des implantations d’une durée de 25 ou 30 ans. Il faut être sûr de l'emplacement.Dans l’AMI, vous précisez que ce foncier d’1,2 hectare sera mis à disposition. Ce qui veut dire sans contrepartie ?On ne peut pas vendre le terrain public, on n’a pas le droit. On ne peut que mettre en place des conventions pour une autorisation d'occupation temporaire, d’une durée entre 15 et 30 ans selon le niveau d'investissement. Vous construisez sur du foncier public et on sécurise votre investissement en vous le mettant à disposition sur une durée qui le couvre plus quelques années.Emplacement de la parcelle « Point P » dans le secteur Saint-Bernard. Crédit : dossier de consultationIl n'y a pas de loyer, c'est une mise à disposition gratuite ? Ah non jamais gratuite, parce que la mise à disposition du foncier c'est le revenu du port. Quand on génère du trafic maritime on se rémunère en tant que société portuaire sur la manutention verticale, les droits de port en entrée en sortie. Au Pays basque où le foncier coûte une fortune, vous mettriez à disposition gratuitement un hectare de terrain à un industriel qui lui va gagner de l'argent dessus ça n’aurait pas de sens. A titre d'exemple le port de bordeaux aujourd'hui tire principalement ses revenus de la mise à disposition de son foncier c'est à dire que l'activité maritime ne permet pas l'équilibre. D’ailleurs, ça pourrait être la même chose pour nous. La mise à disposition du foncier et le fait de toucher un loyer sur ce foncier nous permet de générer des revenus complémentaires pour le port en plus de l'activité maritime.Comment fixez-vous le montant de ce loyer ?C’est très transparent, il y a nos tarifs qui sont en ligne selon la nature de vos activités. Je n’ai pas les prix exacts en tête mais quand vous générez du trafic maritime vous avez par exemple un loyer de 1 euro 68 du mètre carré par an. Quand vous ne générez pas d'activité maritime, vous aurez un loyer de 10 ou 12 euros par an plus alors un pourcentage sur chiffre d'affaires. Et quand vous générez du trafic maritime, vous avez un ce qu'on appelle un tonnage minimum garantie de manière à ce que la concession, donc le port sécurise ses revenus. On ne peut pas mettre à disposition pendant 30 ans un hectare à quelqu'un qui ne génèrerait pas de trafic, ce n’est pas possible.Cet AMI s’adresse avant tout à des porteurs de projets du territoire ?Il n'y a pas de limite de ce côté là. Des entreprises étrangères, des gens de Lyon, de n’importe ou, il n'y a pas de priorité. C’est vraiment l'étude du dossier, son aspect technique économique environnemental bien évidemment et ensuite son intérêt pour le territoire. Si ça ne vient pas décarboner ou même au contraire ça vient dégrader le bilan carbone du port par exemple, on n'a aucun intérêt à faire rentrer sur le port une entreprise qui va générer de la pollution, des nuisances sonores pour les riverains, etc. Et puisque ça passe par un dépôt de permis de construire et une charte d'accueil, qui intègre les acteurs du territoire, personne ne validera ce type de société.« Un projet retenu a une chance sur dix de voir le jour » Le lauréat pourrait disposer de ce foncier à quel horizon ?S’il y a deux ou trois dossiers qui nous intéressent, on va les mettre en parallèle, on va commencer à discuter avec les porteurs de projet et au final on en retiendra un ou deux à qui on demandera un complément d’information, c’est souvent le cas. Pour le dernier AMI fin 2023, on avait 17 dossiers. On en a retenu 5 et on leur a fait part de leur présélection. Maintenant, ce sont des dossiers qui doivent être montés financièrement parce qu’il s’agit de plusieurs millions d'euros à chaque fois et aussi validés d'un point de vue réglementaire. Ce sont des constructions d'usine donc il y a des ICP, ça prend du temps. Il y a parfois les études quatre saisons, il y a les enquêtes publiques, les lois sur l'eau. Tout ça fait qu'un projet retenu a une chance sur 10 de voir le jour. Puis on se concerte avec le territoire pour s’assurer que ce projet est vu d’un œil favorable. On est sur le domaine portuaire mais on est aussi dans un écosystème et on a ce qu'on appelle une charte d'accueil des entreprises. Dès qu'on a validé les aspects financiers techniques environnementaux, etc. d'un projet, on demande aux porteurs de projet de venir devant une commission d'accueil pour présenter son projet. Elle va faire des remarques sur des aspects du projet qu’on n’aurait pas forcément identifié parce qu’on a pas la même sensibilité, et elle va valider le fait que ça s’intègre bien au schéma directeur d’aménagement. C’est une concertation préalable avec le territoire qui valide avant les démarches administratives définitives que le projet est le bienvenu et qu’il pourra s'installer. Ca prend forcément plusieurs mois voire plusieurs années.Ces cinq dossiers sont actuellement à l’étude. A quel horizon pourraient-ils voir le jour ?De l’AMI précédent, j’ai des projets qui se déroulent bien. J’étais en réunion il y a quelques jours avec un porteur de projet pour voir un petit peu justement les ICPE, la réglementation de droite et de gauche qui va impacter son projet. Telle étude c'est 16 mois, ça c'est quatre mois et on se dit déjà qu'on ne sera pas sur une implantation avant 2026. Mais nous ça nous permet de sanctuariser le terrain et de s'assurer que ce projet va s'installer à cet endroit là.Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de ces projets ?Ce sont des projets en lien avec la décarbonation et la transition énergétique. Ce sont des projets très structurants et très coûteux en matière d'investissement. On est sur des projets à plusieurs centaines millions d’euros, un peu comme sur le bassin de Lacq. J’ai eu à signer des clauses de confidentialité, on essaie de rester pour l'instant discret là dessus. Ils pourraient voir le jour sur la période 2026-2030.Avez-vous encore du foncier disponible ?Tout dépendra des projets retenus et s’ils voient le jour. Nous avons 30 hectares mais qui sont éparpillés, c’est délicat de dire précisément le foncier mobilisable. Cela dépend aussi des implantations dites à risques à l’instar d’Alkion prés desquelles on ne peut pas prévoir n’importe quelle activité.Les candidatures pour l'AMI concernant la parcelle « Point P » dans le secteur Saint-Bernard sont ouvertes jusqu'au 7 octobre.Implanté sur deux départements, une communauté d’agglomération, une communauté de communes et quatre communes (Anglet, Bayonne, Boucau et Tarnos), le Port de Bayonne est en train de changer de gouvernance. Rappelons que la Région Nouvelle-Aquitaine (propriétaire de l’infrastructure) et la CCI Bayonne Pays Basque « se sont associées pour créer la Société portuaire Port de Bayonne et ont invité la CCI des Landes à les rejoindre ». Créée le 1er juillet dernier, celle-ci sera complètement aux manettes au début de l’année prochaine.

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