Molluscan, la vigie des eaux - Premium

Si la surveillance électronique des rues fait débat, celle de la qualité sanitaire des eaux, de mer ou de rivière, fera moins polémique. Encore faut-il trouver la bonne technologie, efficace et, si possible, qui ne soit ni usine à gaz ni gouffre financier. La jeune pousse girondine Molluscan pense cocher toutes les cases avec sa solution mollusSCAN-eye. Celle-ci repose sur une armée à la fois docile et aux sens parfaitement aiguisés, bien que ses soldats soient inattendus : les mollusques bivalves, tels que les moules, les pétoncles, les huîtres… En contact permanent avec l’environnement liquide qui est leur habitat naturel, ces créatures sont les mieux placées pour ressentir les perturbations sanitaires. Encore faut-il arriver à les faire parler !Une aptitude qu’a développée Jean-Charles Massabuau. Ancien directeur de recherche émérite au CNRS où il a fait toute sa carrière, il s’appuie sur une idée simple : équiper ces mollusques de deux minuscules électro-aimants. Extrêmement légers (moins d’un gramme) et ne perturbant pas la vie de l’animal, ils permettent de mesurer en temps réel les ouvertures et fermetures du coquillage. Des cycles qui changent dès que l’environnement est perturbé. « On va pouvoir enregistrer tous les mouvements des valves et, grâce à cela, on peut comprendre énormément de choses », explique celui qui se qualifie de « vieux chercheur et jeune startupeur ». Les soldats sont postés en commando de 16 individus, tous branchés et capables de transmettre leurs informations à distance, grâce à l’Internet des objets. « Ils sont les témoins du milieu. À partir du moment où le groupe va bien, c’est que leur environnement va bien. Et inversement. Ça suppose d’avoir des modèles avec plein de mathématiques derrière ».Du pôle Nord jusqu'au Golfe PersiqueCet outil, initialement destiné à la recherche, sort des labos et s’oriente désormais vers la société. « On adresse tous les industriels qui ont un impact sur l’eau, qui se servent de l’eau et ont des rejets », poursuit Ludovic Quinault, cofondateur et CEO de Molluscan. Dans le viseur : les gestionnaires de stations d’épuration, les aquaculteurs, les ports de plaisance… L’offre est simple. D’une part l’achat initial de « matériel », à savoir les mollusques et leurs équipements de mesure et de communication. Et d’autre part l’abonnement aux informations délivrées au fil du temps par cette station de mesure vivante et connectée. D’autant que, sauf catastrophe, l’ensemble peut fonctionner de façon autonome pendant plusieurs années. Afin de couvrir le maximum de biotopes et de pouvoir proposer sa solution partout dans le monde, Molluscan adapte sa techno à un maximum de mollusques différents : une vingtaine à ce jour et d’autres encore à venir. Plusieurs stations sont d’ores et déjà en service. Dans des environnements aussi différents que le Spitzberg, à environ 1.000km du pôle Nord avec une eau à -0,6°C, ou dans le Golfe Persique où des huîtres perlières sont parfaitement adaptées à la vie dans une eau qui peut monter jusqu’à 35 voire 38°C. « On va en installer une dans le Verdon, là où Pure Salmon veut implanter son aquaculture. On va surveiller la zone avant le lancement du projet, pour avoir une mesure de référence. »Des accords ont ainsi d’ores et déjà été signés avec le Grand Port Maritime de Bordeaux, le Port de Golfe-Juan (plaisance), le groupe Suez, des industriels du secteur pétrolier… Employant actuellement trois personnes, la jeune pousse prévoit de recruter (physicien, biologiste, administratif, gestion) et pourrait voir son effectif approcher une dizaine de collaborateurs en 2025. Tablant sur un chiffre d’affaires de 150.000 euros cette année, Molluscan pourrait « assez facilement doubler voire tripler son activité en 2025, ça peut tomber en un seul contrat s’il s’agit d’un grand groupe international ». D’autant que la partie abonnement du business permet de construire un socle de chiffre d’affaires récurrent. L’activité est pour l’heure rentable, sans toutefois permettre aux fondateurs de se payer. L’entreprise ne s’interdit pas de lever des fonds, en fonction de la traction qu’elle pourrait connaître. Pour continuer à se faire connaître et notamment à l’international, Molluscan reviendra au CES de Las Vegas en janvier prochain.MolluscanSAS fondée en février 2023Siège social : BordeauxEffectif : 3 personnesCA (prévisionnel 2024) : 150.000€

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