Défense : Eurenco va investir 60 millions pour relocaliser une production à Bergerac

Leader européen des explosifs, propulseurs et combustibles militaires, le groupe Eurenco annonce aujourd’hui qu’il « augmente sa capacité de production de poudre de gros calibre et la relocalise en France ». La poudre utilisée par l’industriel pour fabriquer les charges permettant de propulser les obus est actuellement produite dans une usine suédoise du groupe, ou achetée auprès de fournisseur italiens, allemands et suisses. Cette relocalisation se traduira par la création d’un atelier dédié au sein du site de Bergerac, pour lequel les travaux n’auraient pas encore démarré. Il devrait être opérationnel d’ici 2 ans, dans le courant du premier semestre 2025. L’investissement est chiffré à 60 millions d’euros : 50 millions sur fonds propres et 10 millions apportés par l’Etat. Le nombre d’emplois directs induits n’a pas été évoqué. « Cet investissement (…) viendra compléter la chaîne de production existante à Bergerac de manière à disposer d’un outil industriel souverain », déclare Thierry Francou, le PDG d’Eurenco.

A la clef : une production annuelle de 1.200 tonnes de poudre gros calibre pour système d’artillerie, permettant de fabriquer 500.000 charges modulaires, qui sont à l’origine de la propulsion des obus. Par exemple, il en faut une demi-douzaine sur ceux des canons Caesar, envoyés par la France en Ukraine. Soit in fine la possibilité d’équiper quelque 95.000 obus par an, selon les éléments communiqués par le PDG d’Eurenco. Ce groupe fournit des charges explosives à l’armée française, mais aussi à plusieurs de ses pays alliés. Ayant engrangé de nombreux contrats, notamment pour répondre aux besoins liés à la guerre en Ukraine, Eurenco, qui réalise les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’export, dispose de « commandes fermes jusqu’en 2027 » indique Thierry Francou.

Un site historique

Né en 2004 de la fusion des activités poudres et explosifs (munitions) du Français SNPE et de Nexplo Industries (société commune entre le Suédois Saab et le Finlandais Patria, le groupe Eurenco (1.100 personnes, plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires), dispose notamment d’usines à Karlskoga (Suède), Clermont (Belgique). En France, outre l’usine de Sorgues (Vaucluse), le site périgourdin est héritier de plus d’un siècle d’histoire. La poudrerie de Bergerac a vu le jour au cœur de la Première Guerre Mondiale, contribuant à alimenter l’artillerie de l’armée française. Quelque 300 personnes y travaillent à l’année. Classé Seveso seuil haut en raison de la nature de son activité, le site a connu le 3 août dernier une série d’explosions accidentelles dans un hangar opéré par le sous-traitant Manuco, faisant 8 blessés qui travaillaient sur une ligne de fabrication de nitrocellulose. 6 mois plus tard, les enquêtes administrative et judiciaire poursuivent leur cours. La production de nitrocellulose devrait reprendre vers la mi-mars, rapportait il y a peu notre confrère France Bleu. Une soixantaine de salariés est toujours au chômage partiel.

Eurenco
Siège à Sorgues (Vaucluse)
1 100 personnes
300 M€ de CA