Auyan développe une solution pour détecter les orpaillages illégaux et leurs conséquences en Guyane - Premium

Un nouvel arrivant à la pépinière d’incubation de l’ESTIA à Bidart. La société Auyan, anciennement nommée « Calibpro », fruit du travail d’Alix Leroy, un pied au Pays basque, l’autre en Angleterre où il rédige une thèse pour Oxford. Un équilibre idéal pour le jeune doctorant, puisque « le Pays basque est au cœur de l'Aerospace Valley et on a le campus de Harwell à côté d’Oxford » , précise-t-il. En marge de son travail de recherche, il vient donc de lancer sa société, Auyan, tournée vers l’utilisation de données de capteurs, et notamment satellites. Jusqu’à présent, il utilisait les données de capteurs qu’il exploitait pour l’entreprise Calibpro qu’il avait créée. Aujourd’hui, le jeune a décidé d’aller plus loin et de se pencher sur une problématique bien spécifique et qui concerne le territoire de la Guyane : l’orpaillage illégal, autrement dit, les recherches de mines illégales en Guyane. « C’est un fléau auquel fait face la préfecture de Guyane » détaille le jeune chef d’entreprise. « Ces orpaillages ont des conséquences sur la qualité des eaux ». Alors Alix Leroy développe une solution qui permet d’automatiser par l’intelligence artificielle une analyse des données de capteurs pour détecter ces orpaillages illégaux. « Pour les repérer, on va voir des zones de déforestation, au milieu de la forêt, on va identifier une partie dénudée » détaille Alix Leroy. Jusqu’à ce jour, il explique que c’est l’ONF assurait cette détection via satellite et qu’une partie du travail des opérateurs avait commencé à être automatisée. La solution d’Auyan permettrait en effet de « passer à l’étape suivante et passer à l’automatisation de l’entièreté de la télédétection » explique Alix Leroy. Mais Auyan va plus loin puisqu’elle travaille désormais principalement sur les conséquences de l’orpaillage, et donc sur la qualité de l’eau de ces mines sauvages. Ainsi, une autre brique technologique permet d’identifier sur une carte la turbidité de l’eau, autrement dit, l’aspect trouble de l’eau. « On vient estimer l’NTU, l’unité de turbidité néphélométrique ». Des images publiques, en accès libre, mais améliorées. En effet, pour se différencier, la société a créé un logiciel capable d’utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer la qualité de l’image. « On peut aller jusqu’à un mètre par pixel » insiste l’entrepreneur. Autre élément différenciant, l’instantanéité. « Aujourd’hui, les agents font des contrôles de temps à autre, nous, notre objectif, c’est au travers de la plateforme, de faire des alertes en temps réel » poursuit-il. Aujourd'hui, Alix Leroy revendique la possibilité de mailler 1.000km de rivière en Guyane. « On vise les 10.000km d’ici la fin de l’année ». Encore faut-il qu'ils décrochent le marché. En effet, la société prépare un appel d’offres de l’observatoire des activités minières qui doit être lancé au deuxième semestre. « Ça concerne la détection de l’orpaillage, avec un sujet environnemental associé et qui permet une interopérabilité entre différents services de l’état » détaille le chef d’entreprise. Un client potentiel pour Auyan, du nom de « Auyan Tepuy » célèbre montagne de Guyane. Car la société vise en effet principalement les acteurs publics avec ses briques technologiques à l’image de l’organisme interministériel qu’est l’observatoire des activités minières. Mais une clientèle longue à aller chercher. « Quand on veut vendre une solution à un gouvernement ou une administration, il va forcément y avoir des délais très importants » , explique-t-il. Aller chercher un tel client prend du temps, mais nécessite aussi de respecter un cahier des charges précis. « On est en attente là-dessus, et peut-être aller chercher des compétences particulières que nous ne possédons pas aujourd’hui » poursuit-il. Un regard à l'étranger Une niche ? Pas nécessairement. Selon Alix Leroy, la solution est parfaitement scalable « puisque les provinces, régions et pays voisins de la Guyane française font face à des problématiques similaires ». Ainsi, la société a aussi les yeux en Afrique de l’Ouest, et au Sénégal notamment ainsi qu’au Brésil. Mais la solution développée par Auyan permet aussi de mettre sur le marché l’une des technologies créées pour la faire fonctionner, à savoir la détection satellite à travers la couverture nuageuse. « En Guyane, la couverture nuageuse c’est 70% du temps, et on a réussi à développer des briques technologiques en interne qui permettent de détecter ces nuages et qui permettent de détecter les zones d’ombre pour adapter les algorithmes » explique Alix Leroy. Ainsi, cette brique technologique pourrait être exploitée « sur l'entièreté du globe et on pourrait la mettre sous licence pour d’autres applications ou la réutiliser pour développer de futures applications dans le spatial ». La société avait candidaté au dispositif d’Etat France 2030, mais n’a pas été retenue. « On nous a dit qu’on était trop jeune » sourit l’entrepreneur, sans être découragé. « On est tout de même capable de déployer notre plateforme, et de la régionaliser en fonction des besoins en 24 mois » promet-il. A ce jour, Alix Leroy emploie deux salariés pour l’accompagner dans l’aventure Auyan. La société fonctionne actuellement sur fonds propres et espère décrocher une bourse de la French Tech.

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