À Espelette, la tannerie Rémy Carriat poursuit sa modernisation

Une bonne odeur de cuir se dégage toujours depuis les entrepôts de Rémy Carriat société d'Espelette, dont le nom n'échappe à personne au Pays basque. C'est désormais la petite-fille de Rémy Carriat qui est aux manettes, troisième génération de la tannerie familiale. Une entreprise avec une histoire longue de presque cent ans, et qui a au fil du temps beaucoup pivoté. Ces dernières années, elle poursuit sa modernisation.

Quand on remonte le temps, historiquement Rémy Carriat travaillait beaucoup pour des clients dans le secteur de la chaussure. Son fils, qui a pris la suite, s’est tourné vers l’ameublement dans les années 60. « La chaussure, c’était devenu beaucoup plus compliqué, et il y avait beaucoup de fabriques d’ameublement en France, avec des canapés en cuir, et de grandes maisons françaises » raconte Marie Hiriart Carriat, sa fille. En entrant dans la société dans les années 90, elle a accompagné son père dans le dernier pivot en date vers la maroquinerie et les accessoires de mode qui constituent désormais 60 % de l’activité de la société. Le reste se partage entre l’ameublement, les selles d’équitation et la chaussure. Aucun produit fini ne sort de l’entreprise d’Espelette, l’activité de la tannerie Carriat consiste au travail de peaux : teinture, corroyage, et finissage. Les peaux sont ensuite vendues comme matière première aux clients. Le tannage qui était réalisé historiquement dans la société s’est arrêté dans les années 80. Depuis, la tannerie Carriat travaille sur des peaux de bovins européens déjà passées par un premier travail de rivière et tannage chez des sous-traitants principalement en Espagne.

Moderniser les outils

Des pivots qui ont marqué l’histoire de la tannerie Rémy Carriat. Désormais, il s’agit de pérenniser l’activité. Mais pas pour augmenter la production d’environ 1.600 peaux qui sortent de l’entreprise par semaine. « On est arrivé au max de sa production » précise Marie Hiriart Carriat. « On est contraint physiquement entre la rivière et la montagne ». Aujourd’hui à la tête de plus de 70 salariés, la tannerie Rémy Carriat mise surtout une modernisation au fur et à mesure des machines. « Le métier n’a pas changé, les machines évoluent, mais ce sont toujours les mêmes » précise la cheffe d’entreprise. « On essaie toujours de moderniser l’usine, donc quand des machines arrivent en bout de course, on les remplace par des versions plus modernes, plus faciles à utiliser avec des écrans tactiles » , ajoute-t-elle. « Moderniser notre outil de production pour travailler plus sereinement ».

L’outil de production, mais pas seulement. Ainsi, le dernier investissement concerne la mise en place d’un ERP, un progiciel de gestion intégré. « C’est une évolution d'un système informatique que nous avions mis en place, il y a déjà plusieurs années et qui aujourd'hui commence à être obsolète » reconnaît Marie Hiriart Carriat. Sur le papier, cela permettra un pilotage complet de la société sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Mais ce nouveau système informatique va surtout permettre de fournir de nouvelles données aux clients. « On rentre plus dans le détail dans tout ce qui est la traçabilité en production avec plus d’informations sur la partie chimique par exemple et toute la gestion de production, on sera sur une nouvelle génération » détaille Marie Hiriart Carriat. Un investissement total de plus de 240.000 euros accompagné pour un tiers par une aide de la région Nouvelle-Aquitaine. Une évolution nécessaire selon elle. « La traçabilité au niveau des peaux, au niveau animal, maintenant il y a beaucoup de choses qui nous sont demandées. Aujourd'hui, nos clients et les clients finaux sont de plus en plus exigeants, ils veulent une histoire, comprendre ce qu'ils achètent et d'où ça vient ». En parallèle, la société travaille aussi sur toute une démarche tournée autour de la RSE avec la question de la gestion de l’eau utilisée dans la tannerie. « On a déjà une station avec un prétraitement avant d’arriver à la station d’épuration d’Espelette » explique Marie Hiriart Carriat. L’entreprise a également la certification Leather Working Group qui justifie d’un process respectueux de l’environnement.

Un gage de qualité. D’autant que c’est un axe important de différenciation par rapport à ses concurrents. « On fait très attention à nos achats, et à avoir des peaux de qualité » précise Marie Hiriart Carriat. La société compte aussi sur la fidélité des clients. « Nos clients aiment bien cette histoire, celle d’acheter en France, des produits français et ils se rendent compte qu’il n’y a pas forcément la peine d’aller chercher très loin pour avoir de belles choses » explique la cheffe d’entreprise, et de conclure « ne pas leur raconter d’histoire, mais leur raconter une jolie histoire qui est vraie ».

Tannerie Rémy Carriat
Environ 70 salariés
CA : 19 millions d’euros (2022)
225 Itsasuko Errebidea, 64250 Espelette