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Le guide de la RSE chez les TPE/ PME

Opinion
jeudi 30 mai 2024

Marion Martinez est la fondatrice et dirigeante de Rupture Engagée, cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des TPE et PME sur les sujets RSE. 

Une stratégie RSE peut apporter à une entreprise des avantages financiers, sociaux et de pérennité. Crédit photo : Adobe

Comment mettre en place une démarche de responsabilité sociétale au sein d'une TPE ou d'une PME ? Tour d'horizon des enjeux associés et premiers éléments à prendre en compte pour une mise en œuvre concrète.

La RSE, ou Responsabilité Sociétale des Entreprises, fait référence à l'engagement des entreprises envers le concept de développement durable, donc la prise en compte de l’impact social, environnemental et économique de leur activité. Faire de la RSE c’est, en tant qu’entreprise, adopter des pratiques responsables et éthiques qui prennent en compte les intérêts des parties prenantes, notamment les collaborateurs, les clients, les fournisseurs, les partenaires et la société dans son ensemble.

La RSE s’appuie sur des normes internationales comme la norme ISO 26000, déclinée en 7 principes : La gouvernance Les Droits de l’Homme Les relations et conditions de travail L’environnement La loyauté des pratiques Questions relatives aux consommateurs Communautés et développement local En RSE, on parle aussi de double matérialité. C’est une logique qui induit que, d’une part, une entreprise doit prendre en compte sa matérialité financière, donc ses performances et sa santé financières. D’autre part, l’entreprise doit prendre en compte sa matérialité environnementale et sociale, c'est-à-dire l’impact direct et indirect de ses activités sur l’Homme et l’environnement au sens large.

Les challenges RSE des TPE/ PME

Chez les TPE et PME, la RSE n'est pas un principe obligatoire (sauf pour les PME cotées en bourse, ce que nous verrons juste après). Il n’y a donc aucune obligation légale qui impose à ces entreprises de mettre en place une politique éthique et sociétale. C’est pourquoi il est rare que les plus petites entreprises disposent d’un responsable RSE à temps plein. En ce qui concerne la RSE, les TPE/PME font face à 2 challenges. D’abord, les petites sociétés doivent structurer et formaliser leur démarche RSE. La plupart des entreprises font de la RSE sans le savoir, avec des valeurs d’entreprise bien définies et un management bienveillant. Mais cela ne représente pas vraiment une stratégie RSE, et l’enjeu est de transformer ces actions ponctuelles en une véritable démarche structurée, déployée et valorisée. Pour structurer une démarche RSE, il est d’ailleurs conseillé de se baser sur les 7 principes de la norme ISO 26000 qui reflètent bien tous les aspects de la RSE.

25 % des dirigeants de PME/ ETI déclarent avoir une démarche RSE structurée autour d’un plan d’actions à moyen ou long terme (source : BPI France Le Lab, 2018). Nous avons également mis le doigt sur un autre challenge : valoriser et communiquer sa démarche RSE. Plusieurs raisons peuvent incomber les entreprises à ne pas communiquer sur leurs engagements : manque de ressources humaines, manque de structuration, peur d’accusation au greenwashing, etc. C’est pourquoi les TPE/PME communiquent très peu sur leurs actions RSE, ce qui pourtant peut avoir de nombreux avantages pour une entreprise, ce que nous verrons juste après.

Les avantages d’une démarche RSE

Mettre en place une stratégie RSE peut apporter à une entreprise des avantages financiers, sociaux et de pérennité. En voici quelques uns :

Anticiper la réglementation et prévoir les risques : La réglementation liée à la RSE concerne de plus en plus d’entreprises dans le monde, et elle est à anticiper car l’adaptation à ces obligations de reporting comme la CSRD demande du temps. Pour en savoir plus sur la CSRD, consultez notre article dédié. Au-delà des obligations, la RSE permet de prévoir les risques sociaux et environnementaux. Par exemple, si vous mettez en place une politique santé et sécurité, vous éviterez sûrement des accidents du travail ou des arrêts maladie qui peuvent coûter cher à l’entreprise.

Réduire les coûts liés à l'activité de l'entreprise : Une stratégie RSE peut faire l’objet d’actions qui vont vous directement réduire vos coûts. Si vous mettez en place une stratégie de sobriété énergétique, vous allez réduire vos consommations et donc vos dépenses liées à ces dernières. C’est également le cas si vous placez le bien-être des collaborateurs au cœur de votre stratégie : vous observerez moins de turn over, moins d’absentéisme et plus de productivité !

Améliorer la qualité de vos services : Un des principes de la RSE est le dialogue avec les parties prenantes. En échangeant avec vos clients/ consommateurs, vous allez recueillir leurs avis, leurs attentes et leurs freins. C’est en co-construisant votre offre avec vos parties prenantes que vous allez réellement répondre à leurs besoins, et donc apporter une valeur ajoutée à votre entreprise !

Améliorer la réputation de votre entreprise : L’image de marque est très importante pour la performance et la pérennité d’une entreprise. En vous engageant sincèrement pour des causes durables, vous allez considérablement améliorer la réputation de votre entreprise (si vous communiquez dessus de manière efficace). Cela peut devenir un véritable facteur de différenciation auprès de vos concurrents ! 97 % des français se disent prêts à boycotter des entreprises ayant des pratiques sociales ou environnementales destructrices (source : Sénat, 2020).

Attirer et garder des talents : 83 % des salariés indiquent avoir plus de plaisir à travailler dans leur entreprise si celle-ci déploie une stratégie RSE (source : MEDEF, 2020). Un salarié qui se sent heureux au travail et aligné avec vos valeurs aura plus de chances de rester au sein de l’entreprise sur le long terme.

Mobiliser les collaborateurs : Impliquer les collaborateurs dans votre démarche RSE, c’est les faire adhérer aux valeurs de l’entreprise et les motiver à se responsabiliser. Mieux encore, cela peut créer une vraie cohésion autour d’actions éthiques et responsables.

Développer des relations durables avec vos parties prenantes : La première étape pour construire une relation durable avec vos parties prenantes est de les identifier et les hiérarchiser. Cela va vous permettre, par ordre de priorité, d’entamer un dialogue avec elles et de construire une relation de confiance.

Améliorer la performance de l'entreprise : Les entreprises ayant une démarche RSE structurée voient leur performance globale augmenter de 13% (source : France Stratégie, 2016). Une démarche RSE structurée et suivie est rentable, et permettra à votre entreprise d'être plus performante.

Les TPE et PME, concernées par la réglementation ?

En RSE, la réglementation se traduit par des obligations de publication de reporting extra-financier. Ces rapports annuels abordent les thématiques sociales, environnementales et de gouvernance sur lesquelles une entreprise met en place des actions.

Les sociétés cotées sur les marchés réglementés européens, à l’exception des micro entreprises (les entreprises qui ont un chiffre d’affaires inférieur à 700 000€ et moins de 10 salariés), sont concernées par ces réglementations. Les PME cotées sont donc soumises à la publication de rapports mais bénéficient d’obligations de reporting adaptées.

Pour ce qui est des entreprises non soumises à la réglementation, elles ont malgré tout intérêt à rédiger et publier un rapport RSE annuel. Le rapport RSE est une preuve documentée des engagements d’une entreprise. C’est également un support de communication efficace auprès des parties prenantes et des décideurs (actionnaires, investisseurs).

Un autre aspect de la réglementation concerne toutes les entreprises : le devoir de vigilance. Ce devoir impose aux grandes entreprises donneuses d’ordre de prendre en compte l’impact social, environnemental et sociétal de leurs fournisseurs ou sous-traitants. C’est une obligation qui peut concerner les plus petites entreprises si elles sont en lien avec des sociétés plus grandes.

Comment les TPE/ PME peuvent mettre en place une démarche RSE ?

Pour mettre en place sa démarche RSE de A à Z, il faut passer par différentes étapes :

Sensibiliser et embarquer ses collaborateurs (Fresque du climat, Fresque du numérique, conférences engagées, ateliers de sensibilisation…)

Identifier les bonnes pratiques existantes et les axes d'amélioration (diagnostic ou audit RSE, benchmark sectoriel, Bilan carbone®…)

Prioriser ses enjeux RSE et dialoguer avec ses parties prenantes (atelier de priorisation de vos enjeux RSE, atelier d'identification et hiérarchisation des parties prenantes, dialogue avec vos parties prenantes…)

Définir des objectifs concrets et sa raison d'être (définir les objectifs RSE à suivre, identifier ses valeurs, identifier sa raison d'être…)

Construire et déployer un plan d'action opérationnel (mise en place d'un plan d'action, construction d'une grille d'indicateurs, intégration des équipes au déploiement du plan d'action…)

Communiquer, valoriser ses engagements en interne et externe (formation communication responsable, rédaction d'outils de communication, stratégie de communication interne et externe, labels RSE (BCorp, label LUCIE, Evaluation EcoVadis).

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