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Croissance ascendante et levée de fonds : Mostiglass accélère

Innovation
mercredi 14 juin 2023

François et Nathalie Capitaine, les fondateurs de Mostiglass. Crédit photo : Lauriane Negron.

Un procédé qui empêche les moustiques de passer par la fenêtre, tout en diminuant la température de la pièce. C'est le dispositif inventé par François et Nathalie Capitaine : Mostiglass. En 2018, ils ont déposé les premiers brevets de leur prototype qui se vend aujourd'hui à l'international. L'entreprise qui est en cours de levée de fonds prévoit un passage à l'échelle courant 2023.

« Si la levée de fonds est validée, on passerait de l'artisanat à l'industrie », explique Nathalie Capitaine. Pour la co-fondatrice de Mostiglass, comme pour son mari, François Capitaine, 2023 devrait être une année charnière. « En 2022, la demande a été telle que nous n'avons pas pu répondre à tout le monde. On a acheté de nouvelles machines. On a déménagé dans des locaux à Hinx pour pouvoir absorber les volumes de production. On pensait être capables de satisfaire la demande. Et finalement non, les commandes continuent d'affluer. De ce fait, aujourd'hui nous sommes obligés de limiter l'exportation, parce qu'on va trop vite », raconte François Capitaine.

L'entrepreneur le précise : cette année encore, plusieurs milliers de mètres carrés de moustiquaire ont été vendus par Mostiglass. L'entreprise qui est en cours de levée de fonds, prévoit de déménager une nouvelle fois et d'investir dans d'autres parcs machines si le projet aboutit. « Nous sommes en lien avec des actionnaires privés qui connaissent notre travail et notre histoire. Pour l'heure, le montant de cette levée de fonds est confidentiel, mais il devrait être conséquent et nous permettre de répondre à la demande. C'est en tout cas l'objectif. »

Un dispositif certifié par l'OMS

L'histoire de Mostiglass a débutée à quelques milliers de kilomètres d'ici, sur l'île Maurice. « En 2016, nous sommes partis avec ma femme parce que j'avais une mission là-bas » raconte François Capitaine. « Je suis ingénieur et j'ai un doctorat en science des matériaux. J'ai travaillé pendant plusieurs années en R&D dans l'aérospatial et le médical. Et puis j'ai été employé, à l'île Maurice, par un fabricant de verres de lunettes. » Sur place, François et Nathalie Capitaine réalisent que les moustiques sont de vrais fléaux, porteurs de nombreuses maladies. « Nous avons commencé à nous renseigner sur les moustiquaires et nous avons réalisé qu'il n'existait pas de système qui sorte réellement du lot. Nous avions le choix entre des dispositifs imprégnés d'insecticides et, de ce fait, potentiellement toxiques pour nous ; ou des systèmes sans produit, mais dont les capacités n'étaient ni brevetées, ni vérifiables. Car c'est le problème des moustiquaires que vous trouvez en grande surface : leurs effets dans le temps ou leur efficacité ne sont régis par aucune norme et donc, ne peuvent être prouvés. »

François Capitaine se rapproche alors d'organismes de santé pour obtenir des réponses. « J'étais régulièrement en liaison directe avec des membres de l'Organisation Mondiale de la Santé pour la mise sur le marché des lunettes que nous fabriquions. Je leur ai parlé de mes interrogations. Ils m'ont dit que la seule moustiquaire efficace était celle de lit, imprégnée et qu'il fallait la changer tous les 3 mois. J'étais effaré de voir qu'il n'existait pas de solution concrète et non toxique. C'est à ce moment-là, qu'avec mon épouse, nous avons eu l'idée de créer notre propre moustiquaire. »

François et Nathalie Capitaine imaginent un dispositif qu'ils présentent à l'OMS pour validation. « On a fait des études pendant plusieurs mois avec l'Institut de Recherche pour le Développement qui est basé à Marseille et qui est labellisé centre collaborateur de l'OMS. » En 2018, les deux entrepreneurs créent la société Mostiglass et déposent leur premier brevet. « Nous avons travaillé sur une plaque de polycarbonate pour avoir un dispositif qui soit à la fois solide et transparent et nous avons ensuite réfléchi à la forme des trous. Il fallait qu'ils soient suffisamment petits pour qu'un moustique ne puisse pas se faufiler, mais suffisamment grands pour laisser passer l'air. » En apparence, le dispositif Mostiglass pourrait ressembler à toutes les autres moustiquaires, mais les deux fondateurs ont voulu aller plus loin. « Il existe de nombreuses plaques avec des trous. La différence, c'est que la nôtre a une forme particulière, avec des trous coniques. On voulait que notre dispositif soit efficace mais qu'il puisse aussi réguler la température. On a utilisé un principe issu de l'effet Venturi. Pour expliquer en termes simples, l'air qui rentre dans les trous de notre moustiquaires va être comprimé et, par un phénomène dynamique, sa pression et donc sa température vont baisser. » 

L'armée et les collectivités comme premiers clients

Pour parvenir à ce résultat, Nathalie et François Capitaine se sont appuyés sur l'Université de Bordeaux. « Nous avons longtemps travaillé sur la technique de perforation des plaques de polycarbonate et la forme à donner aux trous. A Bordeaux, des chercheurs ont fait plusieurs essais avec nos prototypes et ils ont constaté, à chaque fois, un rafraichissement de la pièce de plusieurs degrés. » Après la mise au point en 2019, la commercialisation des premiers dispositifs Mostiglass a débuté dans les mois qui ont suivi. « Notre premier client a été la Ville de Paris. Nous avons démarché de nombreuses structures et commencé à équiper des crèches. Puis c'est l'armée qui nous a contactés, ensuite d'autres collectivités et enfin des particuliers. Aujourd'hui je dirai que notre clientèle est constituée à 50% de particuliers et à 50% d'organismes publics », estime François Capitaine. Selon lui, 20 à 30% des commandes sont aujourd'hui liées à des clients qui ont déjà commandé. « Au départ, on pensait vendre plutôt à l'étranger et finalement, on a été débordés par la demande française. Aujourd'hui, on commence seulement à exporter aux DOM-TOM, en Asie et sur le continent américain. »

Les deux entrepreneurs soulignent également que leur chiffre d'affaires a été multiplié par 3 chaque année, par rapport à l'année précédente et ce, depuis leur lancement. « Je préfère que nous restions assez discrets sur notre chiffre d'affaires exact mais je peux dire que l'entreprise a pris une croissance ascendante ces dernières années. » Plusieurs recrutements ont eu lieu en 2023 au sein de Mostiglass et d'autres sont à venir. « Nous prévoyons de déménager d'ici la fin de l'année. Nous allons investir dans des machines et dans des recrutements supplémentaires. Je crois qu'on peut dire aujourd'hui, que Mostiglass a fait ses preuves, même si nous continuons de travailler sur la R&D, pour continuer à améliorer le procédé. Ce qui a surpris bon nombre d'investisseurs d'ailleurs, qui nous ont dit : pourquoi est-ce que personne n'y a pensé avant ? Moi je crois simplement que parfois, il faut avoir la bonne idée au bon moment et se lancer », conclut François Capitaine.

Mostiglass
Année de création : 2018
Société basée à Hinx
Nombre de salariés : 6
CA en 2022 : n.c