Campet-et-Lamolère : le photovoltaïque au service du patrimoine - Premium

Patience, persévérance, les mots sont revenus souvent dans la bouche des intervenants réunis dans l'orangerie du château de Campet, ce mardi 8 octobre. Douze longues années ont été nécessaires pour lever une à une toutes les barrières administratives, règlementaires et techniques afin que naisse la centrale photovoltaïque de 10 hectares. « La tempête Klaus en 2009 et les attaques de scolytes ont brisé le fragile équilibre que nous avions », a rappelé Anne-Lorraine De Pins, propriétaire du château de Campet et des 200 hectares de pinèdes et de terres agricoles qui l'entourent. Afin de pourvoir à l'entretien de ce patrimoine architectural d'exception, la famille De Pins a alors eu l'idée de convertir 10 hectares en centrale photovoltaïque. « Que les amoureux de la forêt, dont nous faisons partie, se rassurent, a ajouté la maîtresse des lieux : la parcelle concernée était dévastée et a fait l'objet d'un boisement compensateur par ailleurs. » Après le retrait du premier développeur, c'est la société Corsica Sole qui a repris le dossier en 2019 et l'a mené à son terme. Créée en 2009 à Bastia par Paul Antoniotti et Michael Coudyser, Corsica Sole s'est d'abord spécialisée dans le photovoltaïque insulaire et sa problématique spécifique du stockage d'énergie. Elle a réalisé son premier projet « sur le continent » en 2018 et en Nouvelle-Aquitaine (Lot-et-Garonne) en 2021. La société emploie désormais 130 salariés sur tout le territoire dont 25 à Bordeaux et 17 à Toulouse, et exporte ses savoir-faire en Belgique, Estonie, Pologne et République tchèque.Contrat CPPA« Nous développons les projets de A à Z depuis l'identification des sites, la définition de projets, l'obtention des différentes autorisations, a détaillé Thomas Muller, directeur du développement de Corsica Sole. On garde ensuite les projets en maintenance et en exploitation contre le versement d'un loyer au propriétaire. » Pour la construction de la centrale de Campet, située au cœur de la forêt à deux kilomètres du château familial des De Pins, Corsica Sole a fait appel à Equans (ex-Ineo, filiale de Bouygues). « Avec des coûts qui ont augmenté de 30% par rapport au budget prévisionnel en raison de l'augmentation du prix des matériaux et des taux », a ajouté Thomas Muller, précisant que le photovoltaïque demeurait « l'énergie la plus compétitive ». Sur une superficie de 9,7 hectares, plus de 25.000 panneaux ont ainsi été installés qui produiront annuellement 18,8 GWh, soit l'équivalent de la consommation de 5.000 foyers. À travers ce projet, l’énergéticien a signé son premier Corporate Power Purchase Agreement (CPPA) avec une entreprise sidérurgique et producteur d’acier inoxydable. Ce contrat de 20 ans permet à l’entreprise de sécuriser son approvisionnement en électricité renouvelable tout en contribuant à la décarbonation de ses activités industrielles. « Avec ce CPPA, nous ouvrons une nouvelle voie pour les collaborations entre producteurs d’énergie renouvelable et industries », a souligné Anthony Bonello, directeur des opérations chez Corsica Sole.Synergie des acteursLe chantier de construction, qui a démarré en 2023, s'est achevé en un an et la mise en service de la centrale a été effective au mois d'août dernier. Emilie Labeyrie, maire de Campet-et-Lamolère, a dit sa « grande fierté et son émotion de voir aboutir un engagement en faveur de la transition énergétique, qui conjugue préservation du patrimoine, de l'environnement et développement économique ». Romain Buisine, responsable Sud-Ouest de Corsica Sole, a salué pour sa part « un projet de territoire comme doivent l'être les projets d'énergies renouvelables. C'est une véritable fierté pour nos équipes car il incarne l’essence de notre engagement : allier innovation technologique, transition énergétique et respect des territoires. La réussite de ce projet repose sur la synergie entre tous les acteurs locaux ». Il ajoute : « cela va nous permettre de desserrer l'étreinte au niveau de l'entretien et des investissements pour la conservation en l'état du domaine », a témoigné de son côté Gonzague De Pins, architecte de formation et qui propose depuis trois ans, avec sa compagne Bérénice, des activités de prestations événementielles et d'hébergement sur le domaine. Une manière de perpétuer 800 ans d'histoire et de projeter ce lieu magique dans la modernité.

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