Urbanisme et habitat : Pierre Hurmic présente les orientations de son mandat
Un permis de louer et de diviser sera mis en place dès le 1er janvier 2022 dans certains quartiers de Bordeaux - Crédits : ©saiko3p - stock.adobe.com
Réguler le marché de l’immobilier diffus, instaurer un permis de louer ou encore inciter les opérateurs à utiliser des matériaux biosourcés : Pierre Hurmic et ses adjoints ont dévoilé les orientations du mandat concernant l’urbanisme et l’habitat.
Ce lundi 3 avril, le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a présenté les grandes orientations en matière d’urbanisme et d’habitat qui guideront la ville jusqu’en 2026. Il l’a martelé : les projets devront s’adapter aux besoins des habitants, tout en maintenant des exigences environnementales pour répondre à l’urgence climatique. La Ville s’appuie pour cela sur trois R : renaturation, régulation et résilience.
Réguler un urbanisme « en liberté »
« La visée d’Alain Juppé était d’urbaniser, de construire très rapidement et massivement, de façon à accueillir plusieurs centaines de milliers de nouveaux habitants pour entrer dans la compétition métropolitaine », a présenté Bernard Louis Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient. La nouvelle majorité veut réguler un « urbanisme en liberté », mais reste consciente des besoins des Bordelais : 2.500 nouveaux logements sont nécessaires chaque année. Selon Bernard Louis Blanc en prenant en compte les différents projets en construction, Bordeaux a de quoi produire plus de 3.000 logements par an durant toute la durée du mandat sur des sols déjà artificialisés.
L’immobilier diffus, c’est-à-dire construit sur de petites parcelles, est une aussi priorité pour la municipalité. « Nous faisons le constat qu’aujourd’hui, la guerre entre les promoteurs est telle que plus personne ne maîtrise le coût du foncier. Nous voulons reprendre en main cette mécanique, en allant jusqu’à la préemption par la puissance publique locale de ces fonciers pour réguler le niveau des transactions », a annoncé Bernard Louis Blanc.
Le label habitat frugal bordelais
« Ce développement extrêmement massif s’est fait à 98% avec un unique matériau : le béton coulé en place. Or, c’est un boulet climatique et tout le monde le sait », a poursuivi Bernard Louis Blanc. La Ville entend décarboner la production immobilière pour lutter entre autres contre les ilots de chaleur, en incitant les opérateurs à utiliser des matériaux biosourcés et géosourcés, mais aussi produits plus près de Bordeaux, à une distance maximale de 200 km du point de projet. Un label, habitat frugal bordelais, voit ainsi le jour pour servir de référentiel dans les futurs permis de construire. Il sera détaillé mardi 4 mai lors du conseil municipal.
« Avec la frénésie immobilière que nous avons connu ces dix dernières années, nous avons perdu 25% de biodiversité. Nous voulons retrouver ces 25% grâce à tout le travail qui sera développé. »
S’adapter aux finances de Bordelais…
Selon l’Observatoire immobilier du Sud-Ouest, entre 2014 en 2020, la moyenne de vente des promoteurs est passée de 3.830 euros le mètre carré, à 4.714 euros. « Nous avons une vraie déconnexion entre ce que l’on est en capacité d’acheter aujourd’hui et le prix de l’offre », s’indigne l’adjoint au maire en charge du service public du logement et de l'habitat, Stéphane Pfeiffer. Même constat concernant les loyers : Bordeaux est la deuxième ville la plus chère de France après Paris. « Nous allons mettre un certain nombre d’actions en place pour cela », détaille Stéphane Pfeiffer. Notamment l’expérimentation de l’encadrement des loyers, pour laquelle Bordeaux Métropole s’est porté candidate et attend une réponse, mais aussi en développant l’accession sociale à la propriété. « Via des offices fonciers solidaires et des baux réels solidaires qui ne sont pas spéculatifs : cela nous permet de maîtriser le foncier. » La Ville se donne comme objectif la signature de 300 baux réels solidaires par an, d’ici à la fin du mandat. Enfin dernière action, la mobilisation des logements vacants.
Également, la mairie entend « rattraper le retard abyssal en matière de logement social ». « La loi nous oblige à compter 25% de logements sociaux en 2025, aujourd’hui nous sommes à 18,5%, reprend Stéphane Pfeiffer. Soit 9.000 logements sociaux qui nous manquent pour atteindre les critères légaux. » Désormais chaque grande opération de construction comptera 40% de ces logements.
… Et lutter contre l’habitat indigne
Un permis de louer et de diviser sera également mis en place dès le 1er janvier 2022 dans certains périmètres de Bordeaux, pour lutter contre les logements insalubres. « Les quartiers du cours de la Marne, Saint-Michel, Victoire et Belcier sont concernés, ainsi que dans 15 autres villes de la métropole », précise l’adjoint au maire en charge du service public du logement et de l’habitat, Stéphane Pfeiffer. Plusieurs autres outils sont étudiés par la Ville concernant les logements vacants, et contrôler l’offre de logements touristiques meublés.
La prochaine étape de la municipalité en matière d'urbanisme et d'habitat sera la modification d'ici à l'été du PLU (plan local d'urbanisme), en concertation avec les Bordelais via une enquête publique.