Les acteurs régionaux de l’aviation se préparent à la décarbonation - Premium

« Décarbonation de l’aviation générale : nouveaux usages et évolution des infrastructures aéroportuaires », tel était le thème de la journée de réflexions organisée par le pôle de compétitivité Aerospace Valley à la CCI de La Rochelle, le 10 novembre dernier. Elle s’inscrivait dans le prolongement des Journées MAELE (lire ci-dessous), dédiées à la mobilité aérienne légère verte et durable, organisées à Bordeaux en 2022 et à Toulouse en 2021. L’objectif était de créer du lien entre les différents acteurs pour comprendre leurs attentes et besoins par rapport aux nouveaux usages de l’aviation générale décarbonée et la nécessaire évolution des services et infrastructures des aérodromes.Elle a réuni des avionneurs (Ascendance Flight technologies, ATR, Aura Aero, Beyond Aero, Daher, Elixir Aircraft, VoltAero), des opérateurs (Aéropyrénées, Amelia, Green Aerolease, l’Odyssey, Openfly, Sigma Air Mobility) et des aérodromes (Angoulême, Auch, Bordeaux-Mérignac, Cahors, Carcassonne, Jonzac, La Rochelle, Libourne, Niort, Pau, Perpignan, Rochefort, Tarbes), aux côtés de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), la Direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC), des Régions (Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) et des experts d’Aerospace Valley. En Charente-Maritime se trouve Airbus Atlantique, acteur majeur de l’aviation et deux entreprises emblématiques du secteur de l’aviation légère : Elixir Aircraft et VoltAero. En effet, par exemple, l’avion d’Elixir Aircraft qui est en grande partie décarboné a été choisi pour former des pilotes. Ces entreprises de l’aviation légère permettent notamment de tester des piles à combustible en vol. Réfléchir à l’aviation de demain« En rassemblant l’écosystème de l’aéronautique régional, cela a permis de réfléchir à l’aviation de demain, l’aviation de loisir, d’affaire et régionale de proximité qui va se transformer d’ici 2025-2030 pour aller vers l’aviation commerciale », a souligné Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français (UAF), en conclusion de la journée. Et d’ajouter : « C’est une chance que la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie rassemblent autant de compétences ». En effet, les deux régions comprennent 40% de l’emploi français dans l’aéronautique et le spatial, ce qui représente plus de 150.000 emplois dont environ 65.000 emplois directs en Nouvelle-Aquitaine. « Actuellement en France, 85% de l’aviation est de l’aviation d’affaire avec des vols de moins de 1.500 km et 50% des vols réalisés sont des vols intérieurs », précise le président de l’UAF, avant de poursuivre : « Le maillage des aéroports existe déjà et tout ce qui s’invente est pour l’horizon 2025-2050 ». Le développement de la décarbonation dans l’aviation légère va donc permettre d’aller petit à petit vers l’aviation commerciale et de réenvisager des liaisons régionales avec des avions de 19 places quasiment sans émission. « Le fait de rétablir des lignes va créer de l’activité économique et pourra ressusciter des hubs dans certaines aéroports afin de désenclaver des territoires qui ont été désertés au profit de grandes métropoles mieux desservies. Il y a un besoin impérieux de pouvoir relier en avion des villes de France qui ne sont pas bien reliées par voie terrestre », souligne Éric Giraud, directeur général du pôle Aerospace Valley.Évolution des infrastructuresLes avions de quatre à six sièges vont être décarbonés en premier. Cependant, les infrastructures vont devoir évoluer pour accueillir notamment les contraintes de recharge et par rapport aux coûts d’exploitation pour que ces avions puissent être accessibles. « Le maillage aéroportuaire existe déjà et même si il y a des choses à changer, nous avons vu aujourd’hui comment ces aéroports vont pouvoir recevoir de l'énergie suffisante pour alimenter ces avions en électricité, par exemple, ce qui est assez facilement envisageable », précise Éric Giraud avant de poursuivre : « En revanche, sur l’aspect hydrogène, il faut voir comment d’ici 2030, les petits aéroports de proximité vont pouvoir le fournir. Où est-ce qu'on va fabriquer de l'hydrogène, qui doit être vert ? C'est important avant de mettre en place des infrastructures d'avoir une idée de ce que sont les contraintes de ce marché pour qu'il soit économiquement viable ». MAELEL’initiative MAELE (Mobilité Aérienne Légère et Environnementalement responsable), lancée en novembre 2020 par le pôle Aerospace Valley, se concentre sur l'aviation légère pour implanter opérationnellement à court et moyen terme les technologies de décarbonation (électrique et hydrogène). Elle est soutenue par les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. MAELE compte plus de 350 acteurs dont l’objectif est d'affirmer le leadership de la France dans la construction de l'avion bas-carbone de demain. Cette communauté a levé 17 millions d'euros de financements régionaux entre l'Occitanie et la Nouvelle Aquitaine pour accompagner le développement de ces avions et 44 millions d’euros au national, avec le dispositif de France 2030.

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