GPSO : le rapport du COI ravive les ardeurs des opposants à la LGV
Le rapport du COI préconise de retarder de deux ans la ligne nouvelle Bordeaux Toulouse, ce qui porterait la mise en service à horizon 2034 - Crédits : Adobe Stock Katatonia
Remis vendredi à la Première ministre, le dernier rapport du Comité d’orientation des infrastructures (COI) préconise des investissements massifs en direction du ferroviaire, mais suggère un report de deux ans des lignes nouvelles à grande vitesse en direction de Toulouse et de Dax. Les opposants au GPSO y voient une opportunité d’infléchir le sens des négociations à venir entre l’Etat et les collectivités locales.
100 milliards d’euros : tel est le montant du plan que souhaite lancer le gouvernement pour renforcer le réseau ferroviaire français à horizon 2040, en associant ses ressources à celles des collectivités locales et aux fonds européens. L’annonce a été faite vendredi par la Première ministre Elisabeth Borne, qui recevait des mains de David Valence, président du Conseil d’orientation des infrastructures, le très attendu rapport sur les priorités stratégiques en matière d’investissements dans les transports. Un épais double document (synthèse et annexes), à valeur consultative, qui élabore trois voies possibles pour l’intervention publique : une approche « cadrage » au budget très contraint, une « priorité aux infrastructures de transport » qui fait la part belle aux projets structurants, et un scénario « planification écologique », qui privilégie les programmes aux grands projets.
Ce dernier préconise notamment de mettre l’accent sur les programmes de travaux de régénération et de modernisation du réseau existant, et de soutenir le développement des services express métropolitains. Avec un corollaire, justifié par la nécessité de rester dans le cadre de la programmation budgétaire : ne pas réaliser immédiatement certains projets structurants, routiers ou ferroviaires. Concernant le GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest), le COI recommande plus précisément de maintenir les engagements relatifs aux aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux et du nord de Toulouse, au motif que ces derniers servent le développement du RER métropolitain, mais propose dans le même temps de « différer de deux ans environ » la ligne nouvelle Bordeaux Toulouse, et d’étaler dans le temps les autres phases du projet, dont la ligne Bordeaux Dax.
Les opposants au GPSO saisissent la balle au bond
Or c’est ce scénario « planification écologique » qui a été retenu par Elisabeth Borne. « Assumer des orientations en matière d’infrastructures est tout sauf une décision uniquement technique ou budgétaire. C’est un choix politique, qui nous engage pour le temps long », a justifié la Première ministre vendredi, avant de préciser que c’est « à partir » des orientations formulées par le COI que le gouvernement construira, d’ici l’été, la déclinaison opérationnelle de son plan d’avenir pour les transports. Autrement dit, le plan proprement dit reste à écrire, et pourra s’écarter des recommandations du rapport.
La proposition de report des lignes nouvelles formulées par le COI n’a cependant pas manqué de faire réagir les opposants au GPSO, à commencer par Pierre Hurmic. « Aujourd’hui le choix des experts du Conseil l’Orientation des Infrastructures (COI) est sans ambiguïté : privilégier le train du quotidien (TER et RER) au détriment de la LGV comme le préconisait déjà en 2017 Elisabeth Borne, ministre des Transports », a déclaré vendredi le maire de Bordeaux, avant de rappeler l’appel lancé conjointement avec les maires de Bayonne et d’Irun en faveur d’une modernisation de la voie actuelle entre Bordeaux et l’Espagne.
Plusieurs élus écologistes de Gironde lui ont emboîté le pas dimanche, en alertant dans un communiqué sur le risque « que le scénario du COI se voie édulcoré pour des enjeux politiciens au point de ne plus servir les objectifs qu’il prétend atteindre ». « Il est plus que nécessaire de reconnecter les territoires avec des lignes de RER performantes, utiles à toutes les Girondines et Girondins, et de renoncer à une LGV Bordeaux-Toulouse qui fracturerait les territoires », y déclare Laure Curvale, vice-présidente à la transition écologique et au patrimoine du département de la Gironde.
Le gouvernement remettra-t-il en cause le projet, alors que le volet national des financements est bouclé et que la société de projet est lancée ? Si elle n’aborde pas spécifiquement la question du GPSO dans son discours, la Première ministre évoque bien « la poursuite des projets de lignes nouvelles engagés », en parallèle des efforts financiers supplémentaires dédiés à la régénération et à la modernisation du réseau.
La Région fait entendre l’argument espagnol
Soutien historique du projet, le président du conseil régional Alain Rousset reste quant à lui sur la ligne d’un projet phasé sans rupture. « Le dossier de la LGV au sud de Bordeaux avance, avec un point de vigilance, que j’ai fait remonter à la Première ministre, c’est que les deux lignes (Bordeaux Toulouse et Bordeaux Dax, ndr) soient concomitantes, puisque l’Europe ne subventionnera que sur la partie Bordeaux Dax », commentait-il vendredi, avant de souligner que l’Espagne, déjà engagée dans les travaux d’interconnexion avec le réseau ferré français, commençait à trouver le temps long face aux atermoiements français.