Avec le salon Horizon(s), le jeu vidéo se rassemble en période de crise
Une trentaine de « speakers » seront présents lors de cette troisième édition. Crédits : Valentin Videgrain / Côte Ouest
Pour sa troisième édition, le forum professionnel Horizon(s), dédié aux jeux vidéo, reprend ses quartiers à l’Opéra de Bordeaux. Rendez-vous est donné les 25 et 26 septembre autour de 28 « speakers » et trois tables rondes, dans une période de crise pour le secteur. Focus avec Mylène Lourdel, vice-présidente de l’association So Games, co-organisatrice de l’événement.
Le secteur des jeux vidéo connaît une période de turbulences, en France comme à l’international, et ces derniers mois ont été rythmés par des annonces de licenciements au sein de géants du milieu. Que se passe-t-il ?
D’abord, la crise touche un peu tout le monde car dès que les « gros » sont touchés, les petits sont concernés, étant dépendants des investissements des éditeurs. Ce qu’il se passe, c’est qu’il y a eu énormément d’investissements durant le Covid-19, le secteur a beaucoup grossi, et derrière on attendait une croissance très forte - ce qui n’a pas été le cas. On n’assiste pas non plus à une chute, on reste sur des chiffres stables, voire parfois en très légère hausse [ndlr, croissance mondiale estimée à 0,6% en 2023]. Mais c’est une sorte de rééquilibrage. En plus, certaines grosses entreprises ont vu le coût de leurs projets augmenter durant le Covid avec la nécessité d’une réorganisation du travail, il y a eu du retard, des productions ne sont finalement pas sorties sur la même année fiscale, etc. Jusqu’à présent la vague de licenciements, qu’on estime à plus de 11.000 depuis le début de l’année, concernait plutôt des productions internationales.
Qu’en est-il en France, et en l'occurrence en Nouvelle-Aquitaine ?
Il y a eu des licenciements en France, même si l’on n’est moins touché car on a un code du travail. En Nouvelle-Aquitaine, on peut dire qu’on résiste - parmi nos adhérents, assez peu d’entreprises ont fermé pour l’instant ce qui est un signal positif. Après, on sait que les studios avec qui on parle ont des difficultés à trouver des financements, mais cela ne concerne pas plus notre région qu’une autre. On conserve un tissu assez intéressant, on est une centaine d’acteurs autours de grandes entités que sont Ubisoft Bordeaux, Asobo, Shiro Games… Et dans ces entreprises-là, on n’a pas vu de grosses phases de licenciements. D’autant que la région a gagné des prix internationaux ou nationaux ces derniers temps avec des jeux comme Flight Simulator, Dordogne…
Traiter des problématiques structurelles
Comment le salon Horizon(s) va-t-il aborder cette crise ? Allez-vous en faire une sorte de fil conducteur ?
Nous n’avons pas souhaité garder une thématique, car c’était un peu trop compliqué pour tout gérer. Nous nous sommes recentrés autour d’un concept : gérer un studio, ce n’est pas que créer un jeu, et parfois tout le reste est sous-estimé. Il y a la comptabilité, les RH… Ces thématiques sont assez peu abordées par les autres salons français, qui se positionnent plutôt sur l’aspect production, artistique ; donc nous avons décidé de le faire. « Comment gérer les finances d'un studio en temps de crise ? » « Procédures collectives, quels conseils et stratégie pour redresser une entreprise ? » Autant de sujets que nous allons aborder.
Qu’en est-il de l’aspect environnemental ? L’an passé, So Games intégrait un consortium national pour réfléchir à la transition écologique du jeu vidéo…
Bien sûr, nous en parlerons. Mais ce qui arrive, c’est que la future éco-conditionnalité des aides - notamment du CNC [ndlr, Centre national du cinéma et de l’image animée] - n’a pas encore été mise en place, et les outils sont en phase d’homologation. Pour autant, on sent un développement assez fort de ces enjeux de transition pour les entreprises, qui demandent à s’investir sur ce sujet, même si cela relève plutôt des initiatives individuelles des studios que de quelque chose de visible côté consommateurs.
☞ Plus d’informations sur l’événement ici.
Horizon(s) est co-organisé par l’association So Games et l’agence Côte Ouest.