Un accélérateur nommé Airbus pour le projet d'avion bombardier d’eau d’Hynaéro - Premium

« C’est la colonne vertébrale de l’ensemble du programme Fregate, résume David Pincet, Airbus va apporter des capacités pour faire avancer le programme, dans le domaine de la conception d’avion, de la réalisation des structures, du système de mission, des commandes de vol, du processus d’assemblage final de notre usine. Ils vont aussi nous assister sur les volets commercial et financier. C’est global. » Ancien pilote de chasse, le cofondateur de la société girondine Hynaéro résume ainsi le caractère fondateur de cet accord pour la jeune pousse dans son projet de créer ex nihilo le successeur - en mieux - du mythique Canadair. « Nous ne sommes pas des avionneurs établis. Le sérieux et la robustesse du programme Fregate-F100 [ndlr : nom de baptême de l’avion amphibie bombardier d’eau de nouvelle génération développé par la startup] reposeront sur un système de partenariat avec les sociétés aérospatiales qui ont le savoir-faire. » Ayant déjà embarqué des acteurs tels qu’Aresia, Zelin, CS Group/Sopria Steria, Brunerie, Ingérop Conseil et Ingénierie, l’ONERA, R&R Consulting, BT2I Group… Hynaero compte désormais le premier groupe aéronautique européen dans l’aventure.Dans le rétro : Hynaéro veut inventer le successeur du Canadair, un programme chiffré à plus de 900 millions« Airbus nous a sélectionné par rapport à d’autres programmes, c’est une preuve de notre crédibilité et de notre sérieux. Et aussi du fait que le programme Fregate est celui qui répond le mieux, à la fois aux besoins du marché mais également dans sa simplicité. Technologiquement, notre avion est dérisqué au niveau aérostructure et propulsion », souligne encore David Pincet. Grâce à une première levée de fonds d’1,1 million d’euros, la première phase relative à la faisabilité du concept a pu être menée. Neuf mois de travaux dont le livrable est un modèle 3D numérique du futur avion. « Ça nous a permis de confirmer que l’appareil va amener aux opérateurs les capacités opérationnelles attendues », se réjouit-il. Parmi celles-ci, la capacité à embarquer 10 tonnes d’eau en seulement 800 mètres et à atteindre avec cette charge une vitesse de croisière de 250 nœuds (460km/h).Lever 15 millions pour la conception détailléeLa seconde phase se profile, à partir de l’été prochain et pour un an environ, pour la conception détaillée du Fregate-F100. Une étape pour laquelle Hynaéro travaille sur une nouvelle levée de fonds, chiffrée à 15 millions d’euros. « Les incertitudes politiques et économiques font que les investisseurs privés sont un peu plus dans une position de prudence et d’attente. Pour les rassurer, nous avons besoin d’une formalisation du soutien de l’État. » Les discussions sont d’ores et déjà lancés, depuis les family offices et fonds d’investissement en passant par Bpifrance et le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Ce nouveau tour de table sera-t-il l’occasion de faire rentrer de gros acteurs tels qu’Airbus, Safran, Thales…? « On peut effectivement souhaiter qu’il y ait des entreprises établies qui décident de rentrer directement au capital. Après, il y a aussi d’autres façons d’investir, telles que le risk sharing. » Dans le cadre du partenariat avec ces entreprises, celles-ci apportent notamment de la capacité de bureau d’ingénieurs, en nature. L’objectif est de construire les deux premiers prototypes d’ici fin 2028, puis d’enchaîner sur deux années de vols d’essai et de certification, en vue d’une mise en service vers la fin 2031. Un planning qui pourrait évoluer, grâce à l’arrivée d’Airbus dans l’équation. « Je ne maîtrise pas bien le gain de temps que va nous apporter leur coopération, mais ça va permettre d’accélérer. »Quel lieu pour la future usine ?Dans cette perspective, le lieu d’implantation de la future usine doit être choisi avant l’été. Le sujet n’avait-il pas été tranché fin 2023, avec l’accord de partenariat signé avec l’Aéroport de Bordeaux ? David Pincet recadre. « On va choisir l’endroit où nous aurons les meilleures chances de succès. » Ce qui suppose que le terrain soit libre des risques et contraintes des études préalables (environnementales, pollution, pyrotechniques…). Sont également mis dans la balance le coût pour la location ou l’achat du foncier, l’attractivité des territoires pour recruter les talents et fidéliser les familles. Mais aussi les incitations financières. Aussi les discussions sont-elles aussi bien menées avec les aéroports de Bordeaux, Pau et Rochefort. « Nous essayons de trouver la meilleure option pour sanctuariser notre implantation en Nouvelle-Aquitaine », indique le dirigeant, qui évoque également avoir été sollicité par Saint-Nazaire ou encore Nîmes. Rappelons qu’il est question de 500 emplois directs au sein de l’usine et de 2.000 emplois induits dans la sous-traitance. Dans un programme globalement chiffré à un milliard d’euros.☞ Tout récemment, une troisième lettre d’intention a été signée avec un opérateur privé méditerranéen (7 avions 2 options). Avec celles émanant de la Sécurité Civile d’une part et d’un opérateur australien d’autre part, Hynaéro revendique des intentions d’achat pour plus d’une vingtaine d’appareils.HynaéroSAS créée le 4 octobre 2023Siège social : BordeauxEffectif : 7 personnesCA : n. c.

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