Robotique : Cognitive Engines renforce son capital pour décrocher de nouveaux marchés - Premium

Il aura fallu une année complète pour que Cognitive Engines réussisse à boucler sa levée de fonds. Un « long fleuve pas tranquille, comme toutes les levées », pour cette jeune pousse spécialiste de la cobotique. Son credo : elle dote des bras robots d’une intelligence artificielle, entraînée grâce à des algorithmes maison. De quoi équiper les machines « avec des yeux et un cerveau », illustrait Ulysse Michon cofondateur et DG de la startup, il y a un an. L’objectif de cette technologie est de permettre aux humains et aux robots de travailler côte à côte, et à l’un de contrôler l'autre grâce à de simples gestes. « Nous avons actuellement deux robots mis en service chez les entreprises VDLV et Exxelia, tous deux dédiés à ce qu’on appelle le “pick and place”, littéralement du rangement de pièces. L’un dans le flaconnage, l’autre sur de la manipulation de composants électroniques, rappelle le directeur général. Car nous voulons nous positionner sur toutes les entreprises qui ont des lignes de conditionnement et de production. » Chez Exxelia, le robot Picky réalise un dévracage autonome de composants électroniques et fait un rangement ordonné sur trémie. Crédits : Cognitive EnginesAujourd’hui Cognitives Engines annonce donc à Placéco, avoir collecté quelque 650.000 euros, dont 300.000 en dilutif. « Il a d’abord fallu convaincre le premier partenaire, le groupe Badge [ndlr, Business angels des grandes écoles, qui abonde à hauteur de 70%], se remémore Ulysse Michon. Puis, ayant obtenu à la fois ces fonds propres et des subventions publiques, on a réussi à convaincre un deuxième partenaire, Investessor [ndlr, qui apporte 20% du tour de table]. Les 10% restants émanent de quelques personnes individuelles de Nouvelle-Aquitaine, qui ne sont affiliées à aucun groupe. » Pour le non-dilutif, la startup a pu compter sur le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine (120.000 euros), sur un prêt de Bpifrance (170.000 euros) et d’Airbus Développement (60.000 euros). Réaliser des POC chez de futurs clientsAvec ce tour de table qui a permis de recruter un profil commercial expérimenté, Cog.Engines entend désormais passer la seconde, et doubler son chiffre d’affaires en 2025 (154.000 euros en 2023, 250.000 euros cette année). « On est sur des cycles de vente relativement longs, précise Ulysse Michon. Souvent, on vend une preuve de concept permettant de réaliser une étude de faisabilité et un chiffrage technico-économique. Pour montrer à nos clients un outil qu’ils ne connaissent pas ou peu, et les convaincre de la pertinence de notre technologie. Ou alors, on réplique ce qu’on a déjà fait chez VDLV ou Excellia, d’où notre présence sur des salons. » La jeune pousse cible toujours deux secteurs en particulier, l’agro-alimentaire et les composants électroniques, et s’ouvre aujourd’hui à deux autres domaines, l’aéronautique et la pharmaceutique. Ainsi, en 2024, elle a signé une preuve de concept avec le géant libournais Ceva Santé Animale. Côté R&D, si l’IA de Cognitive Engines est figée depuis 2020, « nous voudrions participer au programme France 2030 », espère son directeur général. « Sauf qu’en tant que petite startup, et à la hauteur de nos moyens, on ne sait pas déposer des programmes dont la base de travail est à quatre millions d’euros. » Alors, Ulysse Michon et son équipe essayent de faire savoir dans les différents pôles de compétitivité qui les suivent que la startup est « tout à fait ouverte à tisser des liens avec des industriels, qui eux, ont moyen d’aller chercher France 2030 ». Agréé crédit impôt-recherche, Cog.Engines compte aussi sur sa capacité à faire de la R&D pour le compte de tiers, pour générer des revenus supplémentaires. « On vend des morceaux de brique qu’on développe durant des phases d’études. C’est un outil assez intéressant, que peu de startups utilisent, à mon sens », précise notre interlocuteur. Qui ajoute que des profils tech devraient être recrutés l’an prochain, et réaffirme au passage l’ambition de son entreprise : être rentable en 2026.

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