Comment Quiet prépare le lancement de sa vaisselle silencieuse

Si l’exposition au bruit fait partie des risques professionnels identifiés dans la restauration collective, c’est qu’au brouhaha général de la salle s’ajoutent, en cuisine, le son des machines mais aussi et surtout celui des assiettes qui s’entrechoquent lors de leur manutention. « Il y a des agents de plonge qui finissent par perdre l’ouïe », commente Sophie Moritel, cofondatrice de Quiet. D’où cette idée de travailler sur une vaisselle « silencieuse » : des assiettes ou des tasses offrant l’apparence et le toucher de la vaisselle technique traditionnelle, mais avec une sonorité étouffée en cas de choc.

Développée discrètement depuis cinq ans par l’équipe fondatrice de Quiet, en partenariat avec l'INSA et le CNRS, cette vaisselle prend la forme de pièces en verre trempé, doublées d’un film qui atténue donc les nuisances sonores… entre autres bénéfices. « Nos assiettes sont également antidérapantes, illustre la cofondatrice en inclinant un plateau de cantine chargé, ce qui réduit les risques de casse mais profite également à l’ergonomie, notamment pour les enfants ou les personnes âgées ». La vaisselle Quiet serait également plus légère, plus solide et plus sure, que la porcelaine, dans la mesure où l’assiette n’éclate pas en cas de chute : elle se fendille, mais reste d’un seul tenant. Le revêtement polymère, dont la composition n’est logiquement pas précisée, se veut par ailleurs irréprochable sur le plan sanitaire. « Nous sommes au même niveau qu’un tétine de biberon ».

Des préséries pour l’expérimentation, avant la phase industrielle

Hébergée par Talence Innovation, Quiet teste depuis le mois de mai ses assiettes en conditions réelles dans les cantines de trois écoles de la ville. « Nous proposons des expérimentations sur nos premières préséries, avec un protocole de prise de son visant à mesurer l’efficacité », explique Sophie Moritel. En attendant les résultats du pilote mené à Talence, la startup multiplie les prises de contact avec des collectivités locales ou des acteurs privés, « principalement dans la santé et l’éducation », avec l’ambition d’aboutir rapidement sur de premiers engagements de commandes, un viatique nécessaire pour aborder la phase industrielle de l’aventure, avec un prix public déjà arrêté, et présenté comme cohérent vis-à-vis de celui de la vaisselle de collectivité : 18 euros pour un ensemble de trois pièces (deux assiettes et un bol) visant à assurer un repas complet, soit 6 euros la pièce à l’unité.

« Nous avons protégé par brevet le procédé de fabrication et notre production est 100% française », souligne la cofondatrice. Externalisée pour les préséries, la production pourrait à terme être assurée directement par Quiet. « Nous aimerions avoir notre propre usine, et nous aimerions qu’elle soit en Nouvelle-Aquitaine », sourit-elle. Quiet réfléchit par ailleurs à la gestion du cycle de vie de ses assiettes, et prévoit par exemple d’installer des bacs chez ses clients pour récupérer les pièces cassées. « Aujourd’hui, 20% de la vaisselle cassée en collectivité n’est pas recyclée, alors qu’elle peut l’être ».

Accompagnée depuis deux ans par Unitec, Quiet se finance depuis ses débuts principalement sur fonds propres. Ses travaux ont été récompensés en 2022 d’une bourse French Tech Emergence accordée par Bpifrance – « on est assez fiers d’avoir été qualifiés de deeptech, alors que nous faisons du hardware ! », s’exclame Sophie Moritel. La startup, qui a par ailleurs reçu début 2023 un prêt d’honneur du fonds Nouvelle-Aquitaine Amorçage opéré par Aquiti Gestion, prévoit de chercher des investisseurs prêts à soutenir sa phase d’industrialisation à horizon 2024.

Quiet
Fondée en 2021
Hébergée chez Talence Innovation Sud Développement