Décarbonation : Comment vont être investis les 65 millions d’euros d’Heidelberg Materials à la cimenterie Calcia de Bussac-Forêt ? - Premium

Placéco : En quoi ces 65 millions d’euros vont-ils accélérer la stratégie de décarbonation de votre cimenterie ? Nicolas Federspiel : Nos émissions de CO2 sont liées pour ⅓ à l’utilisation de combustibles fossiles - le charbon - et ⅔ sont liées à la transformation de la matière. Cette transformation nécessite une énergie dingue et nous émettons du CO2. Mais cela nous permet de fabriquer du clinker, un des composants de base du ciment. Ces 65 millions vont nous permettre de changer cela. C’est-à-dire ? L’objectif est de réduire le clinker dans nos ciments. Plusieurs produits peuvent être des substituts : les cendres de centrale thermique, par exemple, ou des laitiers de haut fourneau. L’utilisation de ces matières est une autre manière de réduire la part de clinker dans nos ciments tout en gardant les propriétés nécessaires au béton que l’on fabrique derrière. Mais il y a une autre utilisation qui se développe, celle de l’argile calcinée. Qu’est-ce que l’argile calcinée ? L’argile calcinée est déjà utilisée pour la fabrication de tuiles, par exemple, donc c’est un produit connu mais qui est très peu utilisé dans la production de ciment. L’investissement de 65 millions d’euros va donc permettre de créer une production d’argile calcinée sur le site de Bussac. Nous avons déjà de l’argile, car nous l’exploitons pour fabriquer le clinker, nous avons donc une carrière d’argile. Et cette dernière a les propriétés adéquates pour faire de l’argile calciné. Toutes les argiles ne peuvent pas convenir car cela nécessite des caractéristiques chimiques un peu particulières. Cet investissement va donc permettre de réduire vos émissions liées à la transformation de la matière mais qu’en est-il de celles liées à l’utilisation de combustibles fossiles ? Nous sommes actuellement en pleine transformation de l’usine pour pouvoir réduire drastiquement cette utilisation. Le groupe a investi 45 millions et les travaux sont en cours. L’usine est à l’arrêt depuis quelques mois pour transformer la ligne de cuisson. Fin juin nous devrions être en mesure de redémarrer l’usine et de progressivement basculer sur un schéma différent en termes de consommation de combustibles. L’objectif est d’utiliser davantage de combustibles alternatifs et de nous faire passer de 70% d’utilisation de combustible fossile à 20%. Quels sont ces combustibles alternatifs ? Ce sont des déchets sous différentes formes et des combustibles qui contiennent notamment une part de carbone en cycle court, c’est-à-dire tout ce qui est biomasses, des déchets de bois par exemple. Concrètement, de combien allez-vous réduire vos émissions de CO2 avec ces mesures ? Aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 800 à 850 kg de CO2 à la tonne de ciment, pour un ciment classique. Ces deux leviers - notre travail sur les combustibles et sur l’utilisation d’argile calcinée - vont nous permettre, grosso modo, de diviser par deux nos émissions de CO2 à la tonne de ciment. Notre objectif est de passer en dessous des 400 kg de CO2 à la tonne de ciment d’ici 2030. En 2050, le groupe Heidelberg Materials souhaite atteindre une neutralité carbone. Comment cet objectif pourra-t-il être obtenu ? Des technologies sont en cours de développement. Là, on rejoint toute la thématique de captation de CO2 avec le stockage. Il y a aussi toute une filière qui développe des technologies pour transformer ce CO2 en autre chose, en e-fuel, par exemple. Cette trajectoire de neutralité carbone en 2050, nécessitera donc d’autres investissements et d’autres technologies dans les mois et les années à venir. Cimenterie Calcia Route de la cimenterie à Bussac-Forêt (Charente-Maritime) Nombre de salariés : 110 CA de la cimenterie : NC

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