Après les couches, Mundao veut créer des filières de compostage pour les produits d’hygiène jetables - Premium

« Un enfant, c’est 4.500 couches de la naissance jusqu’à la propreté. Soit au bas mot une tonne de déchets. 97% des parents utilisent des couches jetables. Chaque année, cela représente 6 à 8% des ordures ménagères », pose Stéphanie Mazet, cofondatrice de la société bordelaise Mundao, en charge du marketing et de la relation clients. Quelques chiffres qui justifient à eux seuls de s’intéresser au sujet, « afin de sortir la couche des ordures ménagères et donc de l’enfouissement ou l’incinération. Et d’en faire une ressource, le compost ». En réponse, une couche baptisée « Popotine » a été développée. Une gageure et un casse-tête, pour trouver des alternatives aux matériaux utilisés, principalement pétro-sourcés. Et arriver à un produit 100% compostable, avec la même promesse d’usage. Cinq ans de R&D ont été nécessaires. Mais aussi d’expérimentations menées avec des collectivités territoriales. Une approche BtoB nécessaire.« On veut construire une filière complète. Notre couche est compostable comme un déchet alimentaire mais, en termes réglementaires, elle n’est pas considérée comme un déchet organique, il faut donc mettre en place une filière parallèle de collecte, de tri et de valorisation industrielle. Travailler avec les villes, les communautés d’agglomération et leurs crèches nous permet d’avoir d’emblée accès à un certain volume. » La Ville de Bordeaux a fait figure de pionnière, Poitiers est également dans la boucle, ainsi qu’Angoulême. « On est en cours de déploiement sur Lyon, on passe de 10 à 30 crèches, et on lance un pilote dans le 14e arrondissement de Paris, on va commencer à Metz en octobre. En Occitanie on est sur deux territoires autour de Toulouse depuis quelques semaines », déroule la dirigeante.« Il y a la loi AGEC, qui fixe des objectifs de réduction des déchets enfouis ou incinérés. Il y a des taxes qui augmentent, comme la TGAP. Ça incite les collectivités à trouver des solutions. Il y a un cadre légal favorable », analyse Stéphanie Mazet. « Mais notre objectif, évidemment, c’est d’aller vendre cette couche en BtoC. C’est très important, car le “déchet couche” est à 85% chez les particuliers. » Une autre forme de défi. « La solution serait de développer les points d’apport volontaire, comme ce que les métropoles font avec les biodéchets. À côté da la collecte de verre et de vêtements usagés, histoire de créer des petits pôles. Ou à proximité des crèches, les parents qui déposent les enfants en profiteraient au passage. C’est en train d’être étudié, notamment avec les métropoles. Ma préoccupation, c’est que toutes les couches que l’on vend soit effectivement collectées et valorisées », résume l’entrepreneuse.D’autres gisements à exploiterAu printemps dernier, 600.000 couches avaient déjà été produites et vendues et compostées, assure la dirigeante. « À la fin de l’année, on dépassera le million », calcule-t-elle. « La commercialisation se poursuit. En allant convaincre de nouvelles collectivités, en trouvant à chaque fois le bon partenaire pour la collecte, puis la valorisation », martèle Stéphanie Mazet. Pour accompagner sa montée en puissance, l’entreprise qui emploie aujourd’hui cinq personnes prévoit de recruter, notamment pour structurer l’équipe commerciale et aller engager de nouveaux territoires. Mais aussi sur des fonctions liées à la supply chain… L’effectif pourrait doubler. Sur l’aspect industriel, Mundao s’appuie sur un partenaire dans les Vosges. « Il reste deux fabricants de couches en France. Celui qu’on a choisi avait déjà une appétence écologique. Toute notre production est assurée là-bas et il a la capacité d’absorber notre croissance. »Un développement qui pourrait se traduire à court-moyen terme par un besoin en capitaux, qui s’accélérerait encore en cas d’ouverture sur le segment B2C. Même si la société a déjà atteint une forme d'équilibre opérationnel, d'un point de vue financier. D’autant que la R&D se poursuit, avec de nouveaux produits à la clef. Si Mundao a bien développé un masque chirurgical certifié compostable, elle a abandonné ce marché : « Les masques chinois revenaient et, en matière de prix, on ne s’y retrouvait pas. » En revanche, la gamme devrait bien s’agrandir. « Le prochain projet de R&D, c’est la couche incontinence, qui génère trois fois plus de déchets que les couches bébés. » Un marché intéressant, avec son nouveau lot de contraintes. « On aura plus de sujets sur la qualité du compost, en raison des résidus médicamenteux. L’hygiénisation va être à travailler pour trouver la bonne formule », confirme-t-elle. Première cible en ligne de mire : les EHPAD, toujours dans une logique de volumes facilement collectables au début, avant d’aller cibler les particuliers. Les premiers tests avec des collectivités pourraient intervenir dès 2025.D’autres valorisations à inventerLe potentiel est au final très vaste. « Il y a plein de produits qui pourraient nous intéresser. Tout ce qui, d’un côté, représente de forts volumes à sortir du circuit traditionnel des déchets et, de l’autre côté, permet de produire d’importants volumes et donc de nous assurer des économies d’échelle. Ça pourrait être l’hygiène féminine, qui serait une cible exclusivement BtoC. D’une manière générale, tous les produits d’hygiène jetables sont, potentiellement un marché pour nous », imagine-t-elle. La R&D n’a pas fini de phosphorer, d’autant que le compostage n’est pas la seule solution envisagée. « On explore la méthanisation, pour produire du biogaz. On sait que notre couche a un bon pouvoir méthanogène, on travaille avec des professionnels pour trouver la bonne recette. » Toujours dans une logique de proposer une valorisation industrielle.MundaoSAS fondée en novembre 2015Siège social : BordeauxEffectif : 5 personnesCA : n.c.☞ Les sujets liés à la RSE vous intéressent ? Découvrez notre nouveau site web : resolution-rse.fr

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