Pourquoi Jurançon aura son propre réseau de chaleur - Premium

C’est l’impossibilité de connecter Jurançon au réseau de chaleur principal de l’agglomération, en raison notamment de sa position géographique de l’autre côté du gave de Pau, qui a motivé la décision de créer un RCU (réseau de chaleur urbain) indépendant pour la commune de l'agglomération paloise. « Un réseau de chaleur, quand il implique des centaines de mètres de conduites, engendre des pertes. Il perd en efficacité au-delà d’une certaine distance », rappelle Michel Bernos, maire de Jurançon.La source principale d’énergie pour le futur réseau sera la biomasse, essentiellement du bois provenant du massif pyrénéen ou des Landes. « On étudie la possibilité d’introduire le Miscanthus, une plante appelée aussi “herbe à éléphant”, mais ce n’est pas arrêté. Elle demande un traitement technique spécifique, donc c’est un surcoût qu’il faut évaluer », explique Pierre Hamelin, adjoint au maire. La question du mix énergétique sera tranchée d’ici mai, à l’issue de l’étude opérationnelle confiée au bureau d’étude Indigo.À lire également - Pau : le réseau de chaleur urbain officiellement inauguré, le développement futur déjà planifiéD’après les projections, la biomasse seule pourrait couvrir environ 80% des besoins thermiques, estimés à 3,4 GWh par an lors d’un hiver normal. Une chaudière gaz d’appoint complétera le dispositif pour répondre aux pics de consommation.Les gros utilisateurs ciblés en prioritéLe réseau s’étendra sur environ deux kilomètres et desservira, dans un premier temps, une quinzaine de bâtiments à forte consommation énergétique, parmi lesquels des équipements scolaires, sportifs, sociaux et associatifs. Sont notamment concernés : deux lycées professionnels (agricole et régional), deux EHPAD, la Maison pour tous, un groupe scolaire, ainsi que 270 logements sociaux de Pau Béarn Habitat. « On a ciblé des gros utilisateurs. Il faut d’abord assurer une masse critique pour garantir la rentabilité du réseau. Ce n’est pas avec des petits usagers qu’on équilibre un tel projet », explique Michel Bernos.Si aucun site d’entreprise n’est inclus dans la première phase, la chaufferie est implantée à l’entrée de la zone artisanale des Berges du Gave. « Cela ouvre des perspectives. Une fois la première boucle stabilisée, des raccordements additionnels seront possibles, y compris pour les entreprises », souligne l'édile. Comme pour les autres réseaux de l’agglomération, la gestion du réseau sera confiée à un exploitant privé via un marché public. La tarification intégrera un contrat d’exploitation long terme, avec des garanties de plafonnement et de stabilité. Si le RCU ne promet pas des tarifs systématiquement inférieurs à ceux du gaz, il offrira une protection contre la volatilité des marchés de l’énergie. « Ce qui compte, aujourd’hui, c’est la garantie de modération. Les prix de l’énergie sont trop instables pour que les usagers soient exposés à ces montagnes russes », affirme Pierre Hamelin.Mise en service en 2027-2028Le budget prévisionnel du projet s’élève à cinq millions d’euros, incluant la chaufferie, le réseau de conduites et les équipements chez les utilisateurs. « L’objectif est de couvrir la moitié du budget par des subventions : via le Fonds Chaleur de l’ADEME, et potentiellement des financements européens », précise Michel Bernos. Le plan de financement sera consolidé d’ici septembre 2025, avant le lancement de l’appel d’offres pour les travaux. La mise en service du réseau est envisagée pour 2027. Toutefois, « il est probable qu’on laisse passer la saison de chauffe 2027-2028, pour éviter tout risque en démarrage », tempère Pierre Hamelin.Le projet est aussi conçu comme un démonstrateur. « Il faut que ça donne envie à d’autres, ajoute le maire. C'est comme pour l’assainissement : plus on a de raccordés, mieux on amortit les équipements. »À lire également - François Bayrou : Rives du Gave, un projet « absolument unique »Le retour d’expérience des autres réseaux de chaleur de l’agglomération a permis de mieux planifier le chantier, limiter les désagréments liés aux tranchées et optimiser les délais. « L’agglomération a désormais une vraie expertise sur ces projets. Elle peut anticiper les problèmes, réduire les délais, améliorer l’intégration urbaine », souligne Pierre Hamelin. De plus, le dimensionnement du réseau est affiné au fur et à mesure des évolutions locales. Les rénovations énergétiques menées par Pau Béarn Habitat ou la commune – comme celle du groupe scolaire Jean Moulin – entraînent une baisse des consommations prévisionnelles. « Ce sont autant d’économies et d’ajustements nécessaires pour garantir la viabilité du projet », conclut l’adjoint au maire.

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