Logements sociaux : en Nouvelle-Aquitaine, un certain optimisme après le vote du Budget - Premium

Quel bilan dressez-vous pour l’Union régionale HLM, en Nouvelle-Aquitaine, en 2024 ? Je pourrais vous répondre en deux temps. Si je vous répondais très spontanément, je vous dirais qu’en 2024, nous avons réussi à déposer 10.400 projets dans la région, qui ont été autorisés par l’Etat. Ce qui est au-delà des objectifs que ce dernier nous a fixés, donc nous sommes évidemment contents car ce n’était pas arrivé depuis quelques années. Mais la programmation, c’est-à-dire l’autorisation des projets, n’est que la première étape. Ensuite il y a la réalisation, jusqu’à la remise de clefs qui est le véritable bilan. La difficulté, c’est de passer de la programmation à la livraison, et là il y a des écueils importants. Ils peuvent être administratifs, même si je tiens à saluer les efforts de l’Etat en région, ou financiers. Nous savons qu’il y a 8.000 logements en attente, qui sont bloqués par une insuffisance d’équilibre financier de ces opérations. Depuis quand sont-ils bloqués ? Est-ce l’une des conséquences des nombreuses défaillances de promoteurs immobiliers, survenues ces dernières années ? Ils sont bloqués depuis plusieurs années, nous essayons avec l’administration d’étudier les possibilités que nous pourrions mettre en œuvre pour les débloquer. On a déjà eu quelques succès, mais ce n’est pas suffisant… Et évidemment, on ressent les difficultés des promoteurs ! Nous nous sentons concernés par tout ce qui touche au logement et au bâtiment, donc l’absence criante d’offre, qu’elle soit privée ou davantage publique, évidemment nous inquiète. Avec les promoteurs, nous étions et sommes toujours des partenaires car nous menons des opérations en VEFA [ndlr, vente en l’état futur d’achèvement] - nous leur achetons une partie de leurs projets pour faire de la mixité sociale.Une baisse du Livret A salutaire pour les bailleurs Après le vote du Budget 2025, espérez-vous un retour vers plus de sérénité pour le financement des opérations ? Oui, car ce Budget prévoit deux éléments. La ministre du Logement [ndlr, Valérie Létard] connaît bien notre secteur, et a réussi à intégrer une baisse de la RLS et une augmentation du PTZ. D’abord la RLS, c’est la Réduction du loyer de solidarité - une ponction faite sur les organismes HLM depuis 2018, pour compenser la baisse de l’APL [ndlr, aide personnalisée au logement]. C’est un poids financier énorme, car ça représente au niveau national 1,3 milliard d’euros, et 50 millions d’euros en Nouvelle-Aquitaine. Cette diminution de la RLS sera de 200 millions d’euros, donc proportionnellement en Nouvelle-Aquitaine cela pourrait nous permettre de projeter 440 logements de plus. Ensuite le PTZ, le Prêt à taux zéro sera étendu à tous les territoires [ndlr, dès le 1er avril, pour l’achat d’un logement neuf]. Ces deux choses pourront peut-être permettre aux familles de sortir du logement social pour aller vers l’accession à la propriété… Le taux d’intérêt du Livret A est également en train de diminuer, ce qui est toujours une bonne nouvelle pour les bailleurs sociaux… Absolument, il est passé au 1er février de 3 à 2,4%. Ce n’est jamais une bonne nouvelle pour les Français, mais ça l’est pour nous, car nous sommes financés à partir de ce taux. Dès lors qu’il diminue, le prix de notre financement diminue également, ce qui nous permet de dépenser moins, et de faire mieux. Lors de vos vœux de début d’année, vous avez soulevé le sujet de la fraude au dispositif MaPrimRénov. De combien parle-t-on ? D’abord, je veux saluer la détermination de Thomas Cazenave [ndlr, député] qui porte la proposition de loi pour mettre fin aux fraudes. Car il s’attaque à un secteur dont je trouve, en effet, qu’il n’est pas assez contrôlé. Il y a une multiplication des acteurs, on le sait avec le nombre de démarchages téléphoniques, mais on ne peut imaginer une multiplication similaire des compétences. Donc cela suppose des fraudes - l’Ademe en a déjà trouvées pour 400 millions d’euros. C’est un frein à la solidarité, et surtout un accro à l’efficacité de la prime. On est déjà content de récupérer 200 millions avec la diminution de la RLS, imaginez ce que l’on pourrait faire avec le double ! Donc qu’il y ait une sorte de MaPrimRénov pour le logement social, issu du montant des fraudes repérées, c’est je pense une réflexion que l’on pourrait avoir…

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