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Friche Adidas-Bellocq : une livraison de la première phase prévue en 2026

Écosystème
lundi 09 septembre 2024

Les projections faites par l'agence d'architecture ZW/A Zweyacker & Associés pour la friche. Crédits : ZW/A Zweyacker & Associés

C'est ce qu'on appelle un serpent de mer. La friche Adidas-Bellocq, site emblématique du centre-ville de Saint-Vincent-de-Tyrosse, est un dossier qui traîne en longueur. L'espace : une ancienne usine de chaussures de plus de 6.000 mètres carrés, vestige d'un patrimoine industriel à l'abandon depuis 2010. Ce lieu stratégique, situé à proximité immédiate de la gare, devrait bientôt reprendre vie.

Régis Gelez, maire de Saint-Vincent-de-Tyrosse, en a fait l'un des axes forts de sa mandature : réhabiliter la friche Adidas-Bellocq et redonner vie à ce lieu, vestige du passé industriel de la ville. C'est en tout cas ce que l'élu a annoncé à plusieurs reprises, évoquant sa volonté d'y voir émerger un ensemble d'équipements structurants. Un site laissé à l'abandon depuis 2010, suite au départ du groupe allemand Adidas, qui avait délocalisé sa production. Depuis, le dossier s'était enlisé, bloqué notamment par un imbroglio judiciaire. Aujourd'hui, la friche pourrait reprendre vie, et devenir un tiers-lieu socio-culturel. Un projet d'ampleur, dont le budget dépasse les 6 millions d'euros et dont la livraison de la première phase est prévue pour 2026. Explications avec César Lacoste, architecte associé dans l'agence ZW/A Zweyacker & Associés, agence d'architecture, de paysage, de programmation et d'urbanisme située à Bordeaux, et chef de projet sur ce dossier.

« Du service public, de la culture et de l’associatif »

Comment avez-vous été amenés à travailler sur ce projet ?
Il y a une procédure concurrentielle avec négociation qui a été ouverte sur ce dossier il y a un peu plus d'un an. En avril 2023, nous avons été retenus pour un oral avec une proposition négociée. Nous avons donc rédigé une proposition d'honoraire et une note méthodologique pour expliquer notre démarche. Précision importante : il ne s'agissait pas de dessiner un bâtiment mais bien d'apporter une méthodologie sur un projet déjà bien ancré et imaginé en amont. Et ça, c'est gage de la part de la municipalité, selon nous, de vouloir engager un projet commun. Nous avons fait cet oral et nous avons appris début juillet que nous avions remporté cette procédure. Je précise également que c'est un projet qui a été accompagné par la SATEL, qui est le maître d'ouvrage délégué. D'ailleurs, il y a une programmation très développée qui a été faite. Il y a beaucoup d'interlocuteurs et un budget avec des délais et des surfaces très précises parce que cette réhabilitation, c'est un projet multiprogramme.

Qu'entendez-vous par projet multiprogramme ?
L'ancienne usine deviendra un tiers-lieu socio-culturel. C'est en tout cas ce qui est prévu. Elle abritera une médiathèque, une halle multi-usages, des ateliers, une auberge de jeunesse, ainsi que des locaux pour l'office de tourisme, la mairie et des associations. En d’autres termes, du service public, de la culture et de l’associatif. Et c'est clairement un lieu qui a un enjeu politique fort. C'est un projet ambitieux, avec beaucoup d'attentes et je pense que ce qui a plu dans notre candidature, c'est qu'on soit une agence multi-compétences. Nous avions une vision assez urbaine des projets. Nous nous sommes positionnés en tant que paysagistes, architectes paysagistes mais aussi urbanistes. Et nous avons imaginé ce lieu comme inscrit dans un système de réseau. Les lieux doivent être connectés, communiquer entre eux mais aussi s'inscrire dans un engagement durable.

Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Le projet s’inscrit dans une démarche de recyclage foncier et de l'objectif ZAN de la loi Climat et Résilience. Nous avons pour projet d'éviter toute artificialisation, et de nous inscrire dans une urbanisation durable. Une attention particulière est portée à l’optimisation énergétique, ce qui implique une coordination entre optimisation de l’enveloppe, optimisation de la production énergétique et prise en compte du confort des utilisateurs. Pour favoriser un bilan carbone vertueux, le projet souhaite également s’appuyer sur les circuits courts avec des entreprises locales. À cela s’ajoutent des ambitions paysagères, avec l’accompagnement et le développement d’une nature, qui a repris sa place aujourd’hui dans la rue centrale, qui est en quelque sorte l'artère centrale du site. Nous l'avons envisagée à la manière d’une traverse paysagère entre les corps de bâtis.


La rue centrale imaginée par l'équipe de l'agence. Crédits :  ZW/A Zweyacker & Associés

Un emplacement stratégique à proximité du PEM

Que représente un tel projet pour votre agence ?
C'est clairement un véritable défi. On vient souvent nous chercher pour des sujets de réhabilitation complexe et c'est ce qui nous fait vibrer au sein de l'agence. Sur ce dossier, nous avons un site avec une dizaine de programmes différents ainsi qu'une dizaine d'interlocuteurs différents. L'environnement du site est également complexe puisqu'il y a des projets annexes qui gravitent autour. Je pense notamment au Pôle d'Échange Multimodal, qui est destiné à être un carrefour d'échanges stratégiques. C'est aussi une dimension à prendre en compte. De ce fait, le projet devient un projet à phases. On doit livrer différentes phases de l'opération. Et puis, nous n'avons jamais fait de tiers-lieu. Et c'est aussi un premier gros projet de marché public, ce que nous ne faisions pas forcément beaucoup jusqu'à présent. Nous avons un autre projet de marché public à Trensacq dans le nord des Landes. Il s'agit de travailler sur une petite école et une salle polyvalente. Ce n'est pas la même énergie et la même vitesse que ce qu'on fait d'habitude à Bordeaux et c'est ça aussi qui nous plaît.

Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous allons déposer le permis de construire, en théorie entre fin septembre et début octobre. Nous sommes également en train de finir la validation de l'APD (avant-projet définitif), ce qui correspond au budget et au planning grosso modo. Aujourd'hui, on est sur un budget qui dépasse les 6 millions d'euros. Le budget, évidemment, est évolutif. On a présenté à la mairie un dossier avec beaucoup d'éléments de variantes et d'options. Actuellement, ils disposent d'un tableau Excel avec des éléments à sélectionner ou non, à choisir et qui font augmenter ou diminuer le budget. De ce fait, nous sommes en attente de leurs retours mais aussi des retours des autres services qui sont impliqués. Puisque comme je le disais, il y a une dizaine de programmes dans l'opération. Il y a l'office de tourisme, la médiathèque, le pôle jeunesse … C'est vraiment un projet co-construit avec un planning spécifique et si tout se passe comme prévu, la première phase devrait être livrée en 2026.

Pour aller plus loin : À Saint-Vincent-de-Tyrosse, les grandes lignes du PEM se dessinent

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