Dans les Landes, l’or blanc du printemps face aux défis du 21e siècle - Premium

Le brouillard matinal inonde encore la campagne landaise mais Maxime Gemain est déjà sur le pied de guerre. Chevauchant son quad, l’agriculteur de Bénesse-Maremne parcourt son exploitation avec une attention particulière pour une production. De mars à juin, l’homme récolte des asperges, dont le pic de la saison se situe à Pâques. Sur les tables landaises ou ailleurs en France, le traditionnel repas pascal démarre souvent par ce délicieux légume de saison, emblème de la gastronomie du Sud-Ouest. Installé depuis 2009 à la Ferme du Pont, Maxime Gemain a lancé dès son arrivée la culture de l’asperge. Partant de zéro, ce légume représente aujourd’hui un quart de l’exploitation familiale avec 40 hectares sur 160. Ce choix s’explique essentiellement par des raisons économiques. Car à surface équivalente, cette culture affiche une meilleure valeur ajoutée. « Sur une parcelle d’un hectare, on peut espérer entre 25.000 et 28.000 euros de chiffre d’affaires annuel, c’est huit fois plus qu’avec le maïs », souligne l’agriculteur. Mais les revenus sont aussi à la hauteur du temps passé. « C’est bien plus exigeant, on ne gère pas derrière un écran depuis son bureau, c’est une culture plus technique ». Une production pour la coopérative Avec 27 autres producteurs, Maxime Gemain fait partie d’un groupe accompagné par Maïsadour. Ingénieure agronome, sa cousine Lucie Gemain est salariée de la coopérative où elle occupe la fonction de responsable Culture légumes frais. « Notre rôle est de leur fournir tout ce qu’il faut pour produire de l’asperge, de suivre la culture et la qualité dans l’aspergeraie », explique-t-elle. Avec ce partenariat, les producteurs n’ont pas d'inquiétude pour écouler leur récolte. « La vente directe à l’exploitation est anecdotique - autour de 1% - la quasi-totalité de nos asperges est vendue à Maïsadour », détaille le fermier. Mais avant de les vendre, il faut faire pousser ces tiges blanches, classées IGP (Indication géographique protégée) depuis 2005. Comme pour toute culture, l’exploitant est soumis aux caprices de la météo. Le changement climatique est en route et les effets se font ressentir. « Depuis 2010, je constate que les hivers ont changé, il fait moins froid et nous avons beaucoup plus de pluie, ce qui est très mauvais quand les sols sont inondés ». Un recrutement mondialisé Dans les champs, les lignes de buttes sableuses sont recouvertes d’une double couche. « Le film plastique noir empêche la pénétration des rayons du soleil, le second espacé de quelques centimètres, permet de créer une isolation et ainsi de réguler la température », explique Maxime Gemain. Si une machine sur roues soulève le plastique, le ramassage se fait toujours à la main. Munis d’une gouge (outil en demi tube servant à pénétrer le sol), des ouvriers agricoles déterrent les asperges prêtes à la consommation. « Le ramassage se fait tous les deux jours, pour cela il faut 0,8 personne par hectare », précise le jeune homme. Une main-d'œuvre nécessaire mais difficilement trouvable localement.Pour la culture d'asperge, il faut compter 0,8 personne par hectare. Crédit photo : Yannick Revel Les travailleurs viennent de loin. De très loin même. Alors, il faut impérativement les loger. « On doit gérer ça aussi alors qu’il y a 20 ans, mon père ne recrutait que du personnel du territoire mais aujourd’hui plus personne ne veut travailler dans les champs ici ». Grâce à ses salariés d’outre-Atlantique, les agriculteurs peuvent perpétuer cette tradition gastronomique landaise. « On les bichonne car nous devons fidéliser cette main-d'œuvre ». Selon le chef d’exploitation, 60% de ces travailleurs sud-américains reviennent chaque année. « Certains font chaque saison avec nous depuis 2012 ». Une fois les asperges ramassées dans le champ, elles ne restent pas longtemps sur l’exploitation. Elles sont talonnées (coupées à la base), puis plongées dans un bain d’eau à trois degrés pour conserver toute leur fraîcheur. Dans la journée, un camion de Maïsadour vient ensuite les chercher pour les acheminer vers la station de tri et de conditionnement située à Herm. « C’est un confort pour nous, avant on faisait tout sur place mais maintenant on peut se concentrer sur la production », se réjouit Maxime Gemain.

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