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Mure et Peyrot fête ses 120 ans, « la créativité » est le secret de sa longévité

Inspiration
mercredi 04 septembre 2024

Jean-Claude Peyrot (dirigeant de Mure et Peyrot) et Giacomo Pinna (directeur technique) continuent de lancer des projets. Crédit : GR

Le leader français des couteaux de sécurité, fondé en 1904, n'a cessé de s'adapter à la demande de ses clients. A 82 ans, Jean-Claude Peyrot regarde toujours vers l'avenir, notamment par la RSE.

Par quelle histoire commencer ? Celle du couteau leader mondial de l'outillage pour la fabrication des pare-brise ou celle de l'ouvre-lettre devenu l'ustensile le plus utilisé par les vétérinaires lors des incisions utérines des vaches ? Des brevets, Mure et Peyrot en a déposé une trentaine en 120 ans. Le leader français des lames et couteaux de sécurité, dont le siège se situe à Bordeaux-Lac, poursuit son développement. Comment rester dans la course quand on affiche plus d'un siècle au compteur ? Pour Jean-Claude Peyrot, 82 ans, « la créativité est le secret de la longévité ».

L'entreprise fondée par son grand-père, Edouard Mure, puis reprise par son père, Ernest Peyrot, vend aujourd'hui 600.000 couteaux et 4,5 millions de lames chaque année dans plus de 70 pays. Elle compte dix salariés, une soixantaine d'emplois induits, pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros. Elle se positionne sur les secteurs comme la sécurité, les pare-brise, l’alimentaire détectable, la boulangerie, la gamme céramique, les lames industrielles. Loin des couteaux pour gauchers, inventés par Edouard Mure à destination des soldats amputés revenus du front de 14-18, l'entreprise vise aujourd'hui, entre autres objectifs, une politique RSE et une réduction des déchets.

De l'industrie... aux vaches

Née en Aveyron puis installée à Bordeaux en 1973, l'entreprise a toujours trouvé des niches pour vendre ses lames. « Mon grand-père a lancé la fabrication de lames spécialisées, mon père a développé l'application dans les revêtements de sols et moi dans l'univers de la sécurité au travail », résume Jean-Claude Peyrot. « Nous avons toujours écouté les demandes des clients, essayé de devancer leurs problématiques afin de leur apporter une solution », livre le chef d'entreprise. Par exemple, dans les années 1980, au cours d'une collaboration avec la Caisse régionale d'assurance maladie, il s'aperçoit que le nombre d'accidents du travail dus à des dérapages de lames de couteaux est important. Il lance donc ses équipes sur l'invention d'un couteau à lame rétractable automatiquement. « Il faut aussi, sourit-il à l'idée de narrer cette histoire, sentir les opportunités se présenter. Une année, nous avions remarqué un nombre conséquent de commandes d'ouvre-lettres pour… des vétérinaires. Étrange. Alors, j'en ai appelé quelques-uns et ils m'ont expliqué que nos lames étaient efficaces pour les incisions utérines qu'ils pratiquaient sur les vaches ! » Derechef, le Bordelais développe un bistouri spécialement conçu pour la santé animale.

« Une autre fois, je reçois un appel de Saint-Gobain qui m'appelle parce qu'aucun autre de nos concurrents n'avait souhaité répondre favorablement à leur requête, s'amuse-t-il d'avance. Le groupe présent dans 76 pays cherchait une lame pour couper le plastique présent dans la fabrication de pare-brise et qui ne blesserait pas celui qui la manipule. Nous sommes allés rencontrer les ingénieurs et l'infirmière de Saint-Gobain, et nous avons imaginé une pièce spécialement pour cet usage. » Ladite pièce représente aujourd'hui… 35% du chiffre d'affaires de Mure et Peyrot !

La relève est assurée

Sur les talons du patron, arrive Giacomo Pinna, 30 ans. Ingénieur et directeur technique, il est promis à prendre la suite de Jean-Claude Peyrot. « Pendant le Covid, Mure et Peyrot était la seule entreprise à recruter et moi je recherchais activement du travail, avec deux enfants à la maison, j'étais pressé. » La rencontre matche entre les deux hommes. Les projets ne cessent de se développer. En 2024, douze nouveaux modèles sont commercialisés. « Sa présence me soulage, il fait ce que je n'aime pas, notamment l'informatique », livre l'octogénaire paternaliste en plaisantant à moitié.

L'entreprise a investi le champ de la RSE par un plan ambitieux. Elle vient de recevoir la médaille d'argent Ecovadis. Dans le volet de la QVCT (Qualité de vie et conditions de travail), les bureaux ont été refaits pour être plus clairs, plus spacieux et mieux isolés. Une salle de sport et une douche ont été installées, la cantine refaite et un fauteuil massant acquis pour un salarié souffrant de douleurs dorsales.

Environnement et QVCT

Dans le domaine de l'environnement, la rénovation des bâtiments permet une meilleure isolation thermique, donc moins de déperdition de chaleur. La lutte contre les déchets se traduit par exemple par l'installation de broyeurs -notamment dans l'Esat (établissements ou services d'aide par le travail) avec lequel l'entreprise travaille - qui permettent de recycler les déchets en recréant de la matière première. Ainsi, 25% sont réinjectés dans le nouveau matériau. L'écoconception des produits se développe, par exemple en diminuant l'épaisseur de matière afin de diminuer la consommation de matière ou réutiliser des pièces d'autres gammes. Les ingénieurs vont faire réaliser des analyses de cycles de vie des produits afin de pouvoir déterminer les phases les plus impactantes et chercher des solutions pour s'améliorer.

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