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Union régionale HLM : quels enjeux alors que se profilent les législatives ?

Écosystème
lundi 24 juin 2024

De gauche à droite : Jean-Luc Vidon (président de la FNAR), Emmanuelle Cosse (présidente de l'Union sociale pour l'habitat) et Muriel Boulmier (présidente de l'Union régionale HLM en Nouvelle-Aquitaine). Crédit : DM

Les acteurs, notamment régionaux, du logement social ignorent encore avec qui ils seront amenés à collaborer à l’issue des élections anticipées des 30 juin et 7 juillet. Et sur la base de quel programme politique. Quels que soient leurs futurs interlocuteurs, ils partagent quelques constats : la crise du logement est une potentielle bombe sociale et les réponses à cette crise supposent union, mobilisation, investissements massifs… et respect de certaines valeurs.

La dissolution rebat toutes les cartes et tous les agendas. Aussi l’Union régionale HLM Nouvelle-Aquitaine (URHLM) a-t-elle hésité à maintenir son assemblée générale à la date du 24 juin. Ce qu’elle a finalement fait. « On pensait parler du projet de loi sur le logement abordable, un projet inégal dans son contenu mais aussi une manière de débattre et d’échanger autour de cette préoccupation majeure laissée en jachère pour nos concitoyens, qui se demandent comment et où habiter », rappelle sa présidente Muriel Boulmier. Laquelle répète quelques chiffres pour résumer les problématiques. 178.000 demandes de logement social en souffrance pour la région Nouvelle-Aquitaine, dont désormais plus de 50.000 sur le territoire de Bordeaux Métropole et des demandes en hausse de 30% sur la seule ville de Bordeaux. « Dissolution ou pas, élection ou pas, changement ou pas, il demeure une évidence : le besoin du logement augmente alors que l'offre, elle, se sclérose ». Dans ce contexte, « notre question éloignée des grandes idées sur l’état du monde reste : et le logement dans tout ça ? », insiste-t-elle, soulignant la nécessité d’agir collectivement. « Vous ne nous entendrez pas nous opposer au marché privé, pas plus qu'opposer territoire urbain et ceux dits ruraux. Les besoins existent désormais partout et, fait significatif, la notion de territoire détendu a fait long feu. Nous-mêmes sommes souvent impuissants à trouver une solution à l'urgence, tant les urgences se disputent les unes aux autres. »

Jean-Luc-Vidon, président de la Fédération nationale des associations régionales, souligne dans ce contexte « l’importance de la territorialisation des politiques de l’habitat, nous avons une capacité d’adaptation. Les problèmes, même s'ils sont globalement les mêmes, sont localement différents et nous savons apporter des réponses grâce aux associations régionales ». Rappelant les arbitrages « complexes voire douloureux » qu’il faut faire « entre construction et réhabilitation du parc », il insiste : « Nous souhaitons une ambition nationale pour le logement qui doit s'exprimer dans la durée. Parce que la politique du logement se construit sur le long terme. Nos programmations se font non pas sur deux ans, mais sur cinq ou dix ans. Nous avons besoin de cette visibilité, de cette stabilité. » Tous s’accordent : la crise du logement doit rester au cœur du débat politique. « On parle d'une bombe sociale, reprend Muriel Boulmier, je ne commenterai pas ce terme mais ce que nous observons, c'est combien l'insuffisance de logement crée la frustration dans les projets de vie personnelle, qui peut aller jusqu'à la suspicion ou l’affrontement. Que dire à l'étudiant qui ne peut étudier, à la personne âgée qui ne peut être accueillie, à telle entreprise qui ne peut recruter, faute de pouvoir loger le ou la nouvelle venue, à telle personne qui ne peut accepter un job faute de logement ? »

Avec qui répondre à la crise du logement ?

Dans cette « période inconnue » qui s’ouvre, l’URHLM de Nouvelle-Aquitaine propose à l'État « de mettre en œuvre toute la fluidité, la règle, toute la règle, rien que la règle, mais appréciée avec simplification et bienveillance. Ce ne sera qu'à ce prix-là que nous pourrons réaliser la programmation prometteuse de 2024 ». Le tout, sans abandonner les demandes récurrentes, notamment la suppression de la RLS (réduction de loyer de solidarité). Alors que se profilent les élections anticipées, les propos prennent un tour - un peu - plus politique. Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) : « On se sait pas avec qui on discutera dans les prochaines semaines. Ce qui est certain, c’est qu’on s’adaptera. Ce qui nous a toujours mobilisés, c’est d’offrir des logements aux publics aux revenus modestes, sans aucune discrimination. Par le logement, notamment social, notre métier est de faire vivre la promesse républicaine, celle de l’égalité, de la fraternité et de la liberté et de le faire partout, pour tout le monde, en lien évidemment avec l’Etat. »

Du côté de l’USH, si on n’a pas eu le temps d’interroger directement les différents partis, on a malgré tout un avis à faire valoir, à mots choisis. « Il y a trois types de programmes. L’un ne parle pas de logement social, mais fait son mea culpa sur le fait de ne pas avoir traité le logement. Un autre reprend un certain nombre des revendications du secteur HLM, qui sont notamment de trouver des ressources financières correctes et d'accompagner les programmes de construction et des programmes de rénovation énergétique. Il restera à avoir demain comment tout ça peut être mis en œuvre. Et puis il y a un troisième programme qui, lui, vise très clairement à déroger aux principes constitutionnels d'aujourd'hui et au cadre du droit », analyse Emmanuelle Cosse. Qui rappelle : « Notre action a toujours été le cadre juridique, le droit, la Constitution, la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Il est pour nous impensable d’agir dans un cadre différent. Ceux qui désignent plutôt certaines populations comme la cible de leurs actions, je pense vraiment qu'ils sont dans l'erreur. Ce n’est pas en sortant des personnes du secteur HLM qu'on va résoudre la question de la crise du logement. » Fermez le ban.

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