TGV Atlantique annonce 10% de sièges en plus entre Bordeaux et Paris à partir de 2026 - Premium

« C’est un plan qu’on échafaude depuis deux ans », explique Franck Dubourdieu, directeur de TGV Atlantique, pour qui organiser la circulation des TGV n'est pas aussi simple que jouer aux petits trains. Après Nantes, Lorient, Rennes, ces derniers jours, il continue sa tournée des popotes, faisant étape à Bordeaux pour expliquer ses ambitions pour les prochaines années, ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour ce faire. Du fait de la réforme du pack ferroviaire mis en œuvre en 2020, le statut de la SNCF a changé, l’EPIC devenant société anonyme, imposant d’être dans une « situation économiquement responsable, dans un modèle complètement différent ». Aux côtés du monde « conventionné, principalement les TER, où l’activité est subventionnée », il y a le SLO - service librement organisé - avec « absolument aucune subvention de l’Etat, ouvert aux lois du marché » et objet de son propos du jour.Plus de places avec autant de sillons« On essaye de rajouter des places dès qu’on peut le faire », recentre-t-il. Pour ce faire, un vaste jeu de bonneteau se prépare : le 15 décembre prochain, TGV Atlantique va faire du troc avec d’autres entités de la SNCF. « On va échanger des rames qui ont 509 places [ndlr, rames duplex] contre d’autres, de 556 places [ndlr, modèle “Océane”], en gros une douzaine d’unités, avec des régions où il y a moins de trafic, plutôt du côté du sud-est de la France. » Un tour de passe-passe qui va « générer environ 200.000 places supplémentaires à l’année pour nous ». Ce “nous” concernant les trois marchés de TGV Atantique, à savoir la Bretagne, le Centre-Pays-de-la-Loire et enfin le Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie). Deuxièmement, pour le service 2026, qui sera mis en place à partir de mi-décembre 2025, « on va introduire un nouveau train Ouigo sur Paris-Bordeaux-Hendaye », annonce Franck Dubourdieu. Qui précise : « Aujourd’hui, il y a 5 “Inoui”, qui ont une seule rame chacun. À partir de fin 2025, il y aura toujours cinq trains, mais l’un d’eux sera ce Ouigo, donc en unité double, avec donc 650 places. » Soit près de 900.000 places, arrondit-il. Et la rame Ouigo qui ne sera plus utilisée sur ce trajet aura une nouvelle utilité : faire passer en rame double 3 des 19 allers-retours quotidiens Bordeaux-Paris. Le directeur calcule : « par jour et par sens de circulation, ça va donc rajouter trois fois 556 places ». Gain annoncé : pas loin de 600.000 places à l'année.Investir dans la maintenance et les recrutementsSomme finale des évolutions à venir : « à partir de la fin de l’année prochaine, on va injecter sur le Sud-Ouest plus d’un million et demi de places supplémentaires entre Paris et Bordeaux, soit un gros 10% », résume-t-il. Ce qui suppose de faire plus rouler les rames. Et cela impose de les entretenir à la hauteur de ces exigences. « On va revoir notre schéma de maintenance », répond le directeur. Au programme : un doublement de la taille de la station de maintenance à Bordeaux d’ici quelques années et la création d’une autre, ex nihilo, du côté de Nantes. « C’est une opération de gestion d’obsolescence déprogrammée, poursuit le dirigeant, qui va notamment nous permettre d’étendre la durée de vie des TGV Atlantique. » Lesquels circulent depuis 1989. « Notre vraie réponse sur l’anticipation de la concurrence, c’est d’investir plus de 200 millions dans les installations de maintenance. Avec ça, on peut se projeter un peu au-delà des années 2030. »N’ajoutant pas de trains - puisqu’il s’agit en fait d’augmenter leur capacité - il n’est pas nécessaire d’embaucher de nouveaux conducteurs. En revanche, « on a embauché 150 contrôleurs en plus, à partir de début 2025, ils seront systématiquement deux par train », poursuit-il. Dotés « des bons outils pour répondre aux sollicitations », ceux-ci seront la tête de pont de l’engagement qualité. « Demain, ce qui fera la différence, c’est le service et notamment la capacité à réparer des situations, ou donner les informations », plaide Franck Doubourdieu. Une différence nécessaire, alors la concurrence - Renfe, Treintalia, compagnie locale Le Train ou encore Proxima - pointe le bout de son nez sur l’axe atlantique. « Nous menons des discussions avec SNCF Réseau pour fixer des accords-cadres sur l’utilisation des sillons », explique-t-il. Tout heureux de pouvoir s’appuyer sur « le droit du grand-père, qui fait que si vous avez un sillon, on ne peut pas vous le prendre, à condition que vous l’utilisiez ».Voler des parts de marché à l’avion« Sur les Pyrénées-Atlantiques, il y un aéroport à Biarritz et un autre à Pau. De l’autre côté de la frontière, il y a celui de Saint-Sébastien. Il y a des gens qu’on peut sortir de l’avion pour les mettre dans les trains. D’autant quand, côté espagnol, ils auront fini les travaux de l’Y basque », se projette le directeur. Qui contourne le sujet de la LGV au sud de Bordeaux, vers les Landes puis la frontière espagnole… En tout cas, la volonté est clairement affirmé de gagner des parts de marché sur la zone Pays basque, après avoir « eu la peau » des liaisons aériennes entre Bordeaux et Paris. Et même s’il trouve, à l’instar de son PDG Jean-Pierre Farandou, que l’avion n’est pas assez cher et que c’est « une hérésie de se retrouver avec des tarifs aussi bas sur des trajets comme ça, ce qui n’est pas logique par rapport à tout ce qu’on sait en matière de réchauffement climatique ».

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