Luys en Béarn : « Nous cherchons à ne pas être mono-activité sur l'aéronautique » - Premium

Les Luys en Béarn sont historiquement un territoire très lié à l’industrie aéronautique. Comment celle-ci se porte-t-elle sur votre territoire après les remous du covid ?Bernard Peyroulet : L’aéronautique est un secteur qui vit au rythme de cycles, de succession de crises et de rebonds. On peut entendre dans la même année des chefs d’entreprises dire qu’ils ont trente ans de commandes devant eux, puis quelques mois plus tard, ne plus avoir que six mois… Aujourd’hui, la tendance est plutôt au rebond, mais ce rebond est fragile.Nous avons constaté une autre tendance de ce secteur : des entreprises qui à l’origine étaient des entreprises familiales, et qui sont maintenant à un niveau où elles peuvent être rachetées par des fonds d’investissement. La conséquence, c’est que nous avons moins de relations avec ces entreprises. Quand vous avez un fonds de pension qui rachète une entreprise, son directeur local a moins d’autonomie que dans une entreprise familiale.Tout cela nous a interpellés. Nous avons cherché à nous diversifier, à ne pas rester mono-activité sur l’aéronautique. Il n’est pas question de nous détourner de l’industrie : nous sommes un territoire d’industrie et nous voulons conserver cette identité. Nous avons accueilli des logisticiens, la société Gaz Systèmes qui fabrique des gaz médicinaux… Il y avait une fragilité avec près de 25% des emplois industriels du territoire concentrés sur l’aéronautique : aujourd’hui, nous avons su nous diversifier sur d’autres filières.Comment pilotez-vous cette diversification ?Jean-Yves Courrèges : Nous accompagnons les projets industriels dans leurs projets immobiliers. Comme nous sommes confrontés au zéro artificialisation nette, cela passe beaucoup par du reclassement de nos zones. Nous essayons de garantir une qualité d’accueil et de services. En ce moment, nous sommes en train de rénover la plus ancienne zone du territoire, à Montardon, dans laquelle certains bâtiments méritaient bien un rafraîchissement ! Nous en profitons pour prendre en compte de nouveaux enjeux, l’aspect environnemental, les économies d’énergies et la qualité de vie, avec par exemple des îlots de fraîcheur, des espaces de pique-nique… des choses que l’on ne faisait pas nécessairement autrefois mais qui apportent un vrai plus aujourd’hui.BP : Ceci dit, l’aéronautique reste un moteur majeur de l’investissement dans les Luys en Béarn. En ce moment, le groupe BT2i construit à Serres-Castet de nouveaux entrepôts et une usine : c’est un investissement de six millions d’euros. Nous avons aussi Airbus Helicopters qui va créer un bâtiment à l’ouest de Sauvagnon.« Nous essayons de mettre en valeur la qualité environnementale dans le nord de notre territoire »Ce sont des investissements concentrés sur le sud du territoire. Qu’en est-il du nord, moins industriel ?BP : Au nord du territoire, on a des zones qui sont moins spontanément occupées. Nous, ce que l’on essaie de mettre en valeur, c’est notamment la qualité environnementale de ces zones-là. Aujourd’hui, on anticipe pour avoir des espaces agréables à vivre, respectueux de la nouvelle réglementation, d’un moindre étalement. Quand c’est nous qui bâtissons, nous essayons d’être exemplaires en termes d’équipement, notamment photovoltaïques. Mais malgré tout cet engagement, on est obligés de mettre en place des événements promotionnels pour attirer les entreprises. On ne veut pas concentrer toute l’activité sur le sud du territoire. C’est important que l’emploi soit diffus sur tout le territoire. On tient aussi à développer ces zones d’activité en milieu plus rural : il en va aussi du maintien de la vie et de la dynamique dans les communes rurales.Quels secteurs d'activité ciblez-vous pour ces zones-là ?BP : Aujourd’hui à Thèze-Miossens, nous accueillons des entreprises qui travaillent sur les déplacements électriques : scooters, trottinettes…JYC : On ne peut pas toujours être sélectifs… et des fois, cela se fait naturellement : autour d’Arzac, par exemple, avec la Maison du Jambon, cela se spécialise naturellement dans l’agroalimentaire et la sécurité alimentaire. Dans des zones comme Thèze ou Garlin, c’est plutôt l’industrie, et on est prêts à accueillir de grosses sociétés. Il y a cinq hectares de disponibles à Garlin, quatre hectares à Mazerolles, cinq à Serres-Castet… c’est assez rare de trouver aujourd’hui des territoires qui peuvent accueillir de gros projets industriels.9 à 10 millions d'euros d'investissementsQuelle est votre feuille de route pour l’année à venir ?JYC : Nous allons investir de neuf à dix millions d'euros sur notre territoire. Cela concernera en particulier la zone de Garlin, avec la construction d’un hôtel d’entreprises, mais également la rénovation du centre d’entreprises de Serres-Castet. Et nous allons débloquer 250.000 euros d’aides à l’immobilier d’entreprise. Nous allons aussi continuer notre action pour aider les chefs d’entreprise à recruter, en particulier dans le secteur aéronautique. Nous avons créé une cellule emploi, un réseau de DRH qui sont devenus des interlocuteurs réguliers, nous avons créé notre propre plateforme d’emploi appelée Job on Luys, qui a permis à des demandeurs d’emploi du territoire, parfois sans qualification, à des jeunes du territoires, d’avoir leur chance avec les entreprises industrielles locales.

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