La filière Armagnac plus que jamais dans l’incertitude - Premium

En Nouvelle-Aquitaine, 28% des entreprises exportatrices œuvrent dans le domaine des vins et spiritueux. L’Armagnac fait partie de ces produits du terroir qui représentent la Gascogne à travers le monde. En effet, sur les 3,6 millions de bouteilles vendues dans l’année, 55% dépassent les frontières hexagonales. « Hors de France, nos quatre marchés principaux sont les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et la Russie, chacun représentant entre 10 et 15% de l’activité » précise Olivier Goujon, directeur du BNIA, l’organisme représentant les professionnels de la filière. Plus une bouteille vers la Chine Cette diversité des débouchés a toujours été bénéfique. « Historiquement, lorsqu’un marché se dérobe, il y en a un qui se développe ». Mais cette année, il n’est pas certain que l’histoire se répète tant les sources d’inquiétude sont multiples. Côté asiatique, le commerce est au point mort. « À ce jour, aucune bouteille ne sort vers la Chine » se désespère Olivier Goujon. Pourtant l’Empire du Milieu représente le deuxième marché en valeur et le troisième en volume. Cet arrêt brutal est lié à une guerre commerciale portant sur l’exportation des voitures électriques chinoises vers l’Europe. Au milieu des négociations, l’Armagnac se trouve pris en otage. « Nous nous battons pour rester dans la partie mais la solution est diplomatique ». A ce coup de massue s’ajoute la crainte d’une autre difficulté en provenance d’Outre-Atlantique. Le spectre des taxes états-uniennes annoncées par Donald Trump plane sur les vignobles gascons. Les premières paroles du président américain ne sont pas rassurantes. « Le moral n’est pas au beau fixe » avoue le directeur de l’interprofessionnelle en attendant que le couperet tombe. La résistance du marché français Cependant, l’Armagnac n’est pas dans la même configuration que le Cognac dont 96,8% de la production part vers l’export. « Heureusement, nous n’avons pas les deux pieds dans le même sabot ». Constituant près de la moitié des ventes, « le marché français se tient » tempère-t-il. Présent cette année, pour la première fois, sur le salon SIRAH de Lyon, l’homme se réjouit de l’accueil réservé à ses produits. « Nous avons un public de connaisseurs du monde de la restauration, amateurs de l’art de vivre du sud-ouest ». Olivier Goujon est directeur du BNIA depuis 2017. Crédit photo : BNIATraditionnellement dégusté en digestif, l’Armagnac s’adapte à son temps et les baristas l’adoptent. « Cette consommation en cocktail nous permet d’adresser le monde de la mixologie et des bars à cocktails » se réjouit Olivier Goujon. Une piste de développement et une des rares sources de satisfaction à exploiter en ces temps troubles. « Aujourd’hui, tous nos marchés sont dans l’incertitude, c’est compliqué de faire de la prospective ».

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