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En Nouvelle-Aquitaine, la filière santé et innovation se structure pas à pas

Écosystème
lundi 13 janvier 2025

David Boucard, au centre sur la photo, est le directeur général du cluster Allis NA. Crédits : Allis NA

Depuis de nombreuses années, le cluster régional Allis NA travaille pour structurer la filière santé et innovation en Nouvelle-Aquitaine. Quels sont ses enjeux, et les grands secteurs sur lesquels se positionner ? Éléments de réponse avec David Boucard, directeur général de la structure.

On vante souvent les forces régionales en matière de santé et d’innovation, mais a-t-on une région innovante, ou plusieurs départements qui ne coopèrent pas tout le temps ensemble ?
D’abord chaque territoire n’a pas une spécificité, mais il y a de l’innovation dans tous les domaines. Et notre enjeu actuel est surtout la structuration. La Nouvelle-Aquitaine est encore une « nouvelle » grande région, et faire travailler tout le monde ensemble n’est pas encore toujours simple. Ça se fait, mais parfois un peu à marche forcée… Après, il y a des initiatives très positives ! Je pense en particulier au GCS Nova, le groupement de coopération sanitaire qui réunit les trois CHU de la région, à Poitiers, Limoges et Bordeaux. On est certes plus sur de l’académique, mais le GCS a été lauréat de deux appels à projets. Le premier porte sur la pathologie, le second sur l’EDS - entrepôt de données de santé - qui émane de France 2030. L’objectif est la mise en commun des données de santé, qui permettrait une plus grande accessibilité à la santé numérique.

Peut-on imaginer des projets publics sur ces domaines, qui sortiraient des laboratoires pour donner naissance à des startups ?
Oui, ou que des startups collaborent avec ces CHU pour avoir accès aux données de l’EDS. Après, le problème c’est qu’en général les CHU demandent de la coopération et non des prestations, là où les startups ont besoin de prestations pour vivre. Disons qu’il y a encore un petit conflit, et les CHU, assez légitimement, revendiquent d’être reconnus comme des acteurs de l’innovation en santé et non plus seulement comme des utilisateurs ou des clients finaux qui vont acheter des innovations.

Sécuriser les productions pour renforcer la souveraineté

On parle ici de santé numérique, quels sont selon vous les autres sujets de santé et d’innovation ?
Vous avez deux autres grands domaines. La biotech/pharma d’abord, c’est un peu le domaine historique avec les médicaments, les thérapies innovantes… C’est ce que l’on appelle les biothérapies avec Treefrog Therapeutics par exemple, ou la bioproduction - ce qu’on a vu avec l’ARN messager. Ensuite, second domaine d’innovation, le dispositif médical - et là on va du pansement à l’implant. Dans ce secteur il y a un grand besoin de structuration, et de grandes actions en ce sens au niveau national, devraient bientôt être lancées. Par exemple en ce moment et jusqu’en février, la DGE - direction générale des entreprises, a lancé une grande enquête pour identifier les problématiques que rencontrent les entrepreneurs du secteur des dispositifs médicaux. Les masques entrent dans cette catégorie, et on a bien vu les conséquences avec la crise du covid, de productions qui ne se faisaient pas en France.

On touche au sujet de la souveraineté, là, où en est-on de cet enjeu ? C’était « le » mot d’ordre en France, après 2020…
On essaie de sécuriser les productions, en France. Si on soutient des entreprises comme Treefrog Therapeutics, par exemple, c’est aussi pour que leur production reste en France. C’est là tout l’enjeu de l’innovation en santé - faire que de jeunes boîtes, plus ou moins fragiles financièrement au début, ne partent pas à cause d’investisseurs étrangers. Je pense qu’il y a un potentiel incroyable en Nouvelle-Aquitaine, avec beaucoup de belles entreprises - la question, c’est comment arriver à les soutenir ?

Tous les territoires sont-ils égaux, dans la région, en matière d’innovation ?
Évidemment, beaucoup de choses se passent à Bordeaux, on ne va pas se mentir. Maintenant, il y a des choses qui se passent ailleurs - du côté de Limoges, au Pays basque, à La Rochelle également… C’est justement l’une de nos missions, à Allis NA, mettre en lumière et de valoriser ce potentiel. À Bordeaux, nous avons le programme d’incubation Bordeaux Care Lab, j'aimerais beaucoup essayer d’en développer des similaires dans les autres métropoles de la Nouvelle-Aquitaine !

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