QVEMA : dans les coulisses du passage de Quiet et sa vaisselle silencieuse - Premium

« Dès la première saison et le premier épisode de Qui veut être mon associé, on s’est dit : un jour, on sera là. » Sophie Moritel et Pierre Busquet, respectivement directrice générale (directrice des opérations) et président (développement commercial) de Quiet, ensemble à la ville comme à la scène et cofondateurs (avec Sébastien Chauvin) de la jeune pousse girondine, avaient déjà de la suite dans les idées. Il en fallait pour finalement se retrouver sur le plateau de l’une des émissions phares de M6, avec l’ambition de susciter l’intérêt d’un des cinq investisseurs. Une fois la candidature de Quiet validée, le tournage a eu lieu en octobre 2024. Et comme pour tous les candidats, la confirmation que la séquence serait diffusée n’est intervenue que bien après, environ trois semaines avant le passage télé.Pendant le tournage, « les financeurs à qui on confronte notre projet ne sont pas différents de ceux qu’on peut rencontrer par ailleurs. Mais les conditions sont différentes, on est filmé et on se dit que notre passage pourrait être diffusé. Il fallait que le message sur la réduction du bruit en restauration collective et l’amélioration des conditions de travail soit immédiatement compris, par eux comme par le grand public », raconte Sophie Moritel. Avant de se retrouver devant les caméras, le binôme ignore la composition du jury*. Et ne s’en émeut pas outre mesure. « La priorité c’était de se challenger, recevoir des avis et trouver une expertise », résume-t-elle.Face aux potentiels investisseursAprès un pitch d’une minute trente secondes parfaitement rodé, place à une petite démo dans un décor de cantine scolaire. Des assiettes à empiler, les premières classiques - et bruyantes - et celles proposées par Quiet. Le silence des secondes est assourdissant, effet waouh sur le jury, qui constate aussi la résistance du produit face aux chutes, son caractère antidérapant et note la résistance du mariage entre le verre trempé et sa couverture en silicone dans les conditions industrielles de nettoyage auxquelles il sera soumis. Un sacré gage de durabilité - la vaisselle Quiet est annoncée trois fois plus solide - qui fait mouche. Une solution solidement brevetée, pour laquelle 300k€ ont été investis, dont 140k€ en fonds propres, le reste en aides et subventions.Les potentiels investisseurs creusent les différents sujets liés au modèle économique. Le prix ? 6€ HT la pièce en moyenne. Entre deux et trois fois plus cher que la vaisselle collective classique. Le jury tique. Même si les arguments de durabilité, mais aussi de prévention des risques de TMS - la vaisselle est légère - et d’arrêts maladie des personnels sont entendus. La marge ? « On fait -20% de marge aujourd’hui, car nous sommes sur un coût de production de 8€ actuellement », doit annoncer Sophie Moritel. Silence à nouveau assourdissant. « Nous travaillons à automatiser la production et, d’ici 6 mois, nous serons à 40% de marge si on travaille en ventes directes, 15% si on passe par des distributeurs. Depuis 4 mois, nous avons réalisé 100k€ de chiffre d’affaires. D’ici 2 ans, nous prévoyons de ramener le coût de production à 2,8€ la pièce », argumente la dirigeante. « On était préparé. Devant un investisseur, il faut avoir un discours bien rodé. Et connaître ses chiffres », nous indique-t-elle. Au-delà des fonds, les entrepreneurs sont venus chercher de l’expertise en industrialisation et en commercialisation. Des sujets sur lesquels « on dépasse presque notre champ de compétences », reconnaît-elle.Un problème de valorisation ? De modèle ?Quiet demande 300k€, en échange de 10% du capital. Le jury ouvre des yeux ronds comme des assiettes. Et ne tarde pas à faire du bruit. « C’est assez spectaculaire », lance Eric Larchevêque. « Une valo délirante », s’étouffe Julian Jacob. « On avait basé notre valorisation sur le fait qu’on adresse une problématique mondiale. On y répond avec une solution qui n’existe nulle par ailleurs sur le marché, qui est brevetée et place donc de solides barrières à l’entrée face à de potentiels concurrents », nous décrypte la directrice générale. Sophie lance ses ultimes forces dans la bataille. Les projections de chiffre d’affaires : un 1M€ la première année, puis 3M€, 7M€ et 10M€ les années suivantes. Chaque potentiel investisseur rend son verdict. Aucun ne donne suite à la proposition des fondateurs. « Forcément un peu de déception, commente-t-elle à Placéco, mais aussi une immense fierté, notamment pour toutes les personnes qu’on embarque dans ce projet. »Se structurer pour répondre à la demandeDepuis, Quiet creuse son sillon, « sans se mettre d’œillères par rapport à ce qui nous a été dit ce jour-là ». Le sujet de la levée de fonds est toujours d’actualité et l’équipe a « envie de repartir en roadshow », sourit Sophie Moritel. « On travaille notre plan de financement. Depuis le tournage, on a consacré beaucoup d’énergie sur notre capacité à produire de façon conséquente et automatisée. Nous avons une forte traction en France et aussi beaucoup de demandes entrantes de l’étranger, même si pour l’instant on répond en priorité à notre marché domestique. L’international viendra plus tard, quand on aura grandi et que notre logistique pourra suivre. » Décision a aussi été prise d’augmenter les prix, à 8€ la pièce, car cette marge négative pouvait être un problème sur le long terme. « On voulait concentrer nos efforts sur autre chose. »Depuis quelques mois, Quiet a le statut de Jeune Entreprise Innovante de Rupture (JEIR). À la clef, des avantages sociaux, fiscaux, mais aussi stratégiques, avec la possibilité d’accéder à certains marchés publics jusqu’à 100k€ sans mise en concurrence. Ainsi, plusieurs contrats ont été signés avec des écoles. Mais aussi avec plusieurs CHU, ainsi que des gros clients de l’administration ou encore un marché à bons de commande à 100k€ auprès de Lyon Métropole. Pour les ventes, Quiet a choisi de faire confiance à un distributeur spécialiste de la vaisselle en restauration collective. « Il va pouvoir déployer une force commerciale sur tout le territoire et fera forcément mieux le job que nous en direct », analyse Sophie Moritel.Pour 2025, Quiet se projette sur un chiffre d’affaires de 500k€ minimum, même si elle espère faire plus. « Ça dépendra vraiment de notre capacité à produire. À terme, on envisage toujours de se doter de notre propre usine, en Nouvelle-Aquitaine. » Reste aussi dans un coin de la tête la suggestion faite lors du tournage de Qui veut être mon associé par Julian Jacob. « Ne cherchez pas à être industriels. Vous avez un brevet, utilisez-le. Licenciez votre techno et touchez des royalties », avait-il estimé. « Ce sont des choses qu’on avait envisagées, déjà avant l’émission. Et c’est une voie qui pourrait être envisagée à moyen terme dans le développement de la société. » En attendant, Quiet espère, pour une fois, faire du bruit grâce à ce passage télé.* Les investisseurs présents pour le passage de Quiet : Éric Larchevêque, cofondateur de Ledger ; Kelly Massol, fondatrice de la marque Les Secrets de Loly ; Jean-Pierre Nadir, fondateur de FairMoove ; Alice Lhabouz, fondatrice et présidente de Trecento Asset Management ; Julian Jacob, fondateur de Wyncor.QuietSAS fondée en avril 2021Siège social : TalenceEffectif : 3 personnes CA2024 : 50 k€

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