Pourquoi la conserverie Jean de Luz se développe sur l’export - Premium

Une nouvelle étape dans le développement de Batteleku. Plus connue sous son nom commercial de « Jean de Luz », la conserverie créée en 2003 veut poursuivre son développement à l’international. Depuis plus de 20 ans, l’entreprise conçoit et fabrique depuis ses ateliers à Saint-Jean-de-Luz, des conserves à base de poissons. L’idée, c’était celle de son créateur Jean-Hilaire de Bailliencourt. Presque révolutionnaire à une époque où toutes les autres conserveries avaient arrêté. « A une époque, il y avait eu jusqu’à 17 conserveries à Saint-Jean-de-Luz, qui était le premier port sardinier de France », se souvient le chef d’entreprise. « La mise en place de la PAC a changé la donne ». Mais le contexte ne l’a pas découragé, et il a donc commencé à réaliser ses recettes à partir de poissons de la Criée de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure : conserves de sardine, thon, maquereau, thon albacore, morue, soupes de poisson, recettes basques (thon basquaise, chipirons basquaise). Et pour les concevoir, il a écouté les anciens. « Il y avait une petite guerre sur les sardines séchées entre Ciboure et Saint-Jean-de-Luz », sourit l’entrepreneur, avant d’avouer « J’ai tranché pour celles de Ciboure ». Pour concevoir ses recettes, il source environ 85% de ses poissons en local. Certains viennent d’Irun, parfois de Galice. Pour ce qui est du reste de ses recettes, il s’est petit à petit transformé pour ne prendre que du bio. Pour les anchois, il fait sous-traiter à un voisin de Getaria, qu'il a même convaincu de passer à une huile bio. « Ça change tout », explique-t-il. À ce jour, il compte sur une gamme de 30 références en vente.« Un produit, des hommes, le Pays basque »Pour se différencier de ses concurrents, il mise sur la qualité de ses ingrédients, mais pas seulement. Il les résume avec son slogan, écrit sur chaque conserve : un produit, des hommes, le Pays basque. « Un produit simple », décrypte l’entrepreneur. « Des hommes parce qu’on communique sur le fait d’être pêché localement, on fait le lien entre le bateau et le consommateur, on va jusqu’à écrire le nom du bateau d’où vient le poisson ». Enfin, le Pays basque « parce qu’on fait des recettes locales, avec des savoirs faire locaux ». Un fort accent sur le localisme pour trancher avec le reste des produits sur le marché. « 90% des conserves de poisson consommées en France viennent de l’étranger », explique l’entrepreneur. Aujourd’hui, il distribue ses produits majoritairement en magasins bio, indépendants et coopératives (à 65%), en vente directe (boutique physique, site en ligne et salon) à hauteur de 25%. Et enfin le reste se partage entre les épiceries fines et les restaurants. Si le bio constitue la majeure partie de son activité, cette part a bien été réduite de 40% ces deux dernières années. « Même si ça repart doucement en ce moment», commente-t-il. Si bien que pour accompagner le développement de son activité, l’entrepreneur veut regarder les marchés étrangers. « J'ai trop mis mes œufs dans le même panier, et en France on n’est pas à l’abri d’un changement politique irrationnel » analyse le fondateur de Batteleku.Faire 25% d'activité à l'exportJusqu'à aujourd'hui présent uniquement en France, Belgique et Luxembourg, le chef d’entreprise veut donc continuer à s’étendre. « On a commandé une étude de marché en dehors de ces pays », décrit-il. De cette analyse, est ressorti un potentiel marché aux Etats-Unis, Japon et quelques pays d’Europe. Et c’est cette dernière option que Jean-Hilaire de Bailliencourt va prioriser. « On va commencer à regarder l’Espagne, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne », détaille-t-il. Des pays voisins dont il compte se rapprocher d’abord par la voie classique. « J’étais au salon international du bio Biofach en Allemagne », explique-t-il. De quoi tisser quelques liens entre exposants. « J’ai fait goûter à des Japonais, ils ont adoré », sourit-il. Il participera par ailleurs à une journée en juin organisée à Bordeaux par Business France et l’Agence de l'Alimentation Nouvelle-Aquitaine (AANA) pour faire venir des acheteurs internationaux. Une occasion peut être de nouer de précieux contrats à l’étranger et d'atteindre un objectif de 20 à 25% d’activité à l’export. Un projet de préparation au développement à l’étranger d’un montant d’un peu plus de 88.000 euros pour lequel il a été subventionné de 50% par la Région. Miser sur l’international, une voie de développement essentielle pour Batteleku. Le tout dans un contexte compliqué pour la pêche locale. En début d’année et pour la deuxième année consécutive, la pêche a été interdite à tous les navires de plus de huit mètres pendant un mois. « Une belle connerie » conclut Jean-Hilaire de Bailliencourt. À la fin de cet exercice en mai, la société devrait réaliser le même chiffre d’affaires que l’année dernière, à savoir 750.000 euros.

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