Comment Nova Carbon veut diviser par deux les déchets de fibre de carbone non valorisés - Premium

« La fibre de carbone est une matière utilisée de manière exponentielle, notamment dans la transition écologique. Le problème, c’est qu’on ne sait pas très bien la recycler », notamment les produits en fin de vie mais aussi les chutes industrielles, pose d’emblée Hugo Cartron, cofondateur et président de Nova Carbon, qui entend apporter une réponse à cette problématique. « Aujourd’hui, on a tendance à découper et broyer la fibre dans les procédés de recyclage, ce qui fait qu’on détruit toute la performance et la valeur ajoutée », poursuit-il. Créée en septembre dernier, la jeune pousse s’appuie sur un projet de développement d’une solution originale de recyclage, initié en 2009 et ayant permis le dépôt de deux brevets. Grâce à un transfert de technologie exclusif mené par la SATT Aquitaine Science Transfert, la startup est désormais la seule à pouvoir continuer l’exploitation des brevets et le développement de cette techno.Celle-ci repose sur « une machine assez simple avec un tapis roulant », mettant en œuvre un procédé de détissage et de réalignement des fibres, « dont la longueur est préservée, on en refait une bonne matière textile à haute performance », poursuit-il. À la clef, un nouveau matériau semi-fini - sous forme de bandes de tissu recyclé - d’ailleurs encore recyclable quatre à cinq fois supplémentaires. Nova Carbon entend ainsi se positionner comme le chaînon manquant entre les collecteurs qui vont extraire cette fibre de carbone des déchets et industriels en aval de la filière. « Il faut savoir que le volume mondial des fibres de carbone vierges est de 200.000 tonnes, chaque tonne produite engendrant en moyenne 40 tonnes de CO2, contre 2 tonnes pour l’acier. Et 90% des produits en fibre de carbone en fin de vie finissent incinérés ou enfouis », contextualise encore le dirigeant. Qui souligne trois ambitions pour Nova Carbon : « Etre entre deux et cinq moins moins émetteur de CO2 qu’une fibre vierge et, d’ici 10 ans, réduire de moitié le volume des déchets en fibre de carbone non valorisés en France et en Europe, avec un coût qui correspond à celui de la fibre vierge d’entrée de gamme, voire un peu inférieur ».Exemple de matière recyclée. Crédit : Nova CarbonDeux sites en France et un maillage mondialPour l’heure, Nova Carbon dispose d’une ligne en laboratoire qui produit quelques tonnes par an et entend passer à l’échelle pré-industrielle, soit plusieurs dizaines de tonnes de matières recyclées annuellement. Au soutien de cette phase, la jeune pousse vient de boucler une levée de fonds d’1,4 million d’euros. Une opération à laquelle participent les investisseurs d’AFI Ventures (via le fonds impact early-stage de Ventech), UI Investissement (Fonds Pertinence Invest 2 dédié à l’amorçage des deeptech), la Région Nouvelle-Aquitaine (fonds NACO, Nouvelle-Aquitaine Co-investissement), Épopée Gestion (via son fonds VC Xplore II), Bleu Capital, et Kima Ventures. Mais aussi plusieurs business angels issus des secteurs de l’aéronautique et de l’industrie spatiale. « On ira probablement compléter cette enveloppe avec des fonds non dilutifs, type subventions et avances remboursables, auprès de Bpifrance, l’Ademe et la Région », ajoute Hugo Cartron. Cette manne viendra donc financer le développement d’une ligne industrielle pilote, une étape qui devrait s’étaler sur 18 à 24 mois. Basée sur 30m² à Mérignac au sein du Cockpit de Bordeaux Technowest, la TPE est en train d’amener un laboratoire dédié de 300m² au sein du Parc EcchoBloc, toujours à Mérignac. L’équipe, cinq personnes actuellement, devrait dans ce cadre monter « jusqu’à une bonne dizaine de personnes », renforcée par de nouveaux profils ingénieurs.Nova Carbon pourra compter sur l’appui de partenaires tels qu’Epsilon Composites, spécialiste médocain de la pultrusion de fibre de carbone, dans le cadre de l’appel à projets Ormat lancé par l’Ademe (Objectif Recyclage MATières). Ou encore Forvia, leader technologique de l’industrie automobile, autour du développement de semi-produits à partir de réservoirs à hydrogène en fibre de carbone. En parallèle, la startup entend étendre la gamme de produits, « pour ne pas vendre un seul mais plusieurs types de matières différents », explique le CEO, qui table d’ici 18 mois sur « un premier produit sur étagère et quelques autres en développement ». Dans un premier temps, ce sont principalement les industriels des secteurs du sport, du nautisme et du design qui seront ciblés. « Ils sont plus en mesure d’intégrer rapidement une nouvelle matière. Le bâtiment, l’automobile et encore plus tardivement l’aéronautique, ça nous demandera du temps, car la certification et la qualification d’un matériau nouveau y est beaucoup plus long ». Un travail est d'ores et déjà engagé avec des skippers du Vendée Globe, pour intégrer du « novacarbone » dans leurs bateaux.La vision cible sera de développer les moyens de production « là où il y a du gisement de carbone. En France, c’est potentiellement un à deux sites mais bien plus en Europe et à travers le monde ». D’autant que la réglementation - comme les mentalités - évolue favorablement. « Au-delà de 2030, il y aura des restrictions extrêmement fortes, une matière qui est recyclée ne sera plus autorisée à être enfouie », se réjouit Hugo Cartron.Nova CarbonSAS fondée en septembre 2023Siège social : MérignacEffectif : 5 personnesCA : n.c.Les sujets liés à la RSE vous intéressent ? Découvrez notre site dédié, Resolution-rse.fr

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