APESA 40 : augmentation des prises en charge en 2023 - Premium

« Dans les Landes, en 2023, il y a eu 239 ouvertures de procédures pour des redressements ou des liquidations judiciaires notamment, entre les Tribunaux de Commerce de Dax et de Mont-de-Marsan. Ces chiffres correspondent aux trois premiers trimestres 2023. Sur cette même période, en 2022, nous en avions enregistré 152, ce qui représente une augmentation de 57 %. On voit donc qu'il y a une explosion du nombre de ces démarches, liées notamment aux crises que nous avons connues. »Quel a été votre parcours professionnel avant de présider l'association ?Je me suis installée dans les Landes il y a maintenant 25 ans. Avant mon déménagement, j'étais juge à Pontoise. En arrivant sur le territoire, à l'époque, le Président du Tribunal de Commerce de Dax m'a ouvert les bras. J'ai d'ailleurs été la première femme à occuper ces fonctions ici. J'ai ensuite poursuivi mon mandat jusqu'en 2017.Qu'est-ce qui vous a amenée à gérer le dispositif APESA 40 ?Tout au long de ma carrière, j'ai déploré le fait de ne pouvoir rien faire face aux entrepreneurs qui se présentaient au Tribunal, et qui venaient soit pour un redressement ou une liquidation judiciaire. J'ai vu défiler des dizaines d'hommes et de femmes dans des situations critiques. Et souvent, ils entamaient ces démarches la mort dans l'âme. Beaucoup repartaient complètement déboussolés et j'avais cette impression de les renvoyer seuls dans leur isolement ou dans leur honte ; parce que c'est ce que la plupart expriment et ressentent. On parle toujours des entreprises qui réussissent, mais on oublie de prendre en compte l'homme ou la femme qu'il y a derrière. C'est lui ou c'est elle qui accomplit ces choses ou qui échoue parfois. Et c'est justement là que l'association intervient. Justement, comment est née APESA dans les Landes ?APESA a été fondée en 2013 par Marc Binnié, greffier au Tribunal de Commerce de Saintes en Charente-Maritime et Jean Luc Douillard, psychologue. Leur rencontre, lors d'une conférence, a donné vie à l'association, dont le nom signifie : Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë. Depuis, APESA s'est implantée un peu partout en France et c'est en 2017 que l'antenne landaise a été créée. Après mon mandat, j'ai mis en place le dispositif qui recouvre l'ensemble du territoire et les deux Tribunaux. Et aujourd'hui, je dois dire qu'on se demande comment on faisait avant.Comment fonctionne l'association ? Je tiens d'abord à préciser qu'APESA 40 n'intervient pas uniquement lors des procédures judiciaires. Si l'un des membres du réseau rencontre un chef d'entreprise qui, dans sa vie d'entrepreneur, va mal, quelle que soit la cause, l'association lui vient en aide. Nous pouvons également effectuer un suivi pour le conjoint ou la conjointe, qui souvent, fait partie de l'entreprise. En revanche, nous ne prenons pas en charge les salariés. Notre réseau fonctionne grâce à des sentinelles, c'est-à-dire, des personnes qui ont reçu une formation adéquate et qui vont être là pour nous signaler un profil d'entrepreneur qui pourrait être dans une situation difficile ou se mettre en danger lui-même. Les sentinelles, ce sont les greffiers, les avocats, ce sont les juges, ce sont les mandataires judiciaires, la Banque de France ou encore l'Urssaf. J'ai des profils dans toutes ces organisations. Il y a tout un réseau de sentinelles dans les Landes que je m'attache à faire grandir chaque année. Aujourd'hui, il y en a environ 120 sur le territoire. Nous avons ensuite un réseau de 23 psychologues qui ont été formés aux procédures judiciaires et qui vont prendre en charge les entrepreneurs.Comment fonctionne cette prise en charge justement ? Lorsque la sentinelle détecte une personne en souffrance, elle va remplir une fiche alerte, et j'insiste sur ce point qui est impératif, en accord avec l'entrepreneur. Elle comporte les points positifs que l'entrepreneur a dans sa vie et les points négatifs. On va lui poser diverses questions : est ce qu'il a déjà fait une tentative de suicide? Est-ce qu'il a des idées noires ou des sentiments de honte ou de tristesse ? Tous ces éléments là sont collectés, envoyés dans notre extranet et, en fonction des résultats, une prise en charge peut être déclenchée. C'est un de nos psychologues qui va rappeler directement la personne concernée dans les 30 minutes et lui proposer un rendez-vous pour une première consultation, dans les cinq jours. Le but, évidemment, est que l'entrepreneur n'ait pas 50 kilomètres à faire s'y rendre. D'où l'importance du réseau et du maillage territorial. Derrière, l'association lui permet d'avoir cinq séances gratuites. A noter que depuis la création de l'association, ce sont 136 entrepreneurs qui ont été pris en charge. Parmi les profils, il y a 69% d'hommes et un peu plus de 30% de femmes avec des entrepreneurs qui viennent en grande partie du commerce mais aussi du bâtiment et d'autres secteurs comme le service à la personne. Il y a eu 24 prises en charge en 2022. J'en suis déjà à une trentaine de fiches alertes en 2023 et l'année n'est pas encore terminée. Qu'est-ce qui explique que cette année soit si particulière ?L'une des raisons premières, ce sont les crises successives qui ont frappé tous les secteurs. Dans les Landes, en 2023, il y a eu 239 ouvertures de procédures, pour des redressements ou des liquidations judiciaires, entre les Tribunaux de Commerce de Dax et de Mont-de-Marsan, pour les trois premiers trimestres 2023, contre 152 pour la même période en 2022. Ce qui représente une augmentation de 57 %. On voit donc qu'il y a une explosion de ces démarches, liée notamment à un effet de rattrapage. Toutes celles et ceux qui ont été mis sous cloche et aidés, doivent maintenant rembourser. Et donc, beaucoup font face à des difficultés. D'ailleurs, j'échange régulièrement avec Armelle Coudène qui est chargée de mission de l'association 60.000 rebonds, pour les antennes des Pyrénées-Atlantiques, Landes et Hautes-Pyrénées. Elle fait partie de nos sentinelles et nous envoie de temps en temps des profils de personnes qui sont en détresse absolue. On travaille alors en symbiose. Nous aidons les entrepreneurs à aller mieux afin qu'ils soient en capacité de suivre le processus proposé par 60.000 rebonds. APESA 40Fondée en 2017Implantation : LandesEffectif : 120 sentinelles et 23 psychologues 136 personnes accompagnées depuis 2017

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