Le projet girondin SpaceCase volera à bord de la première Ariane 6
La partie supérieure du SpaceCase est un bouclier thermique qui doit à terme résister aux contraintes d'une rentrée directe dans l'atmosphère depuis l'espace - crédit ArianeGroup
Accompagné depuis ses débuts par le tout jeune hub régional Way4Space, le projet SpaceCase fait partie des 11 « passagers » sélectionnés par l’agence spatiale européenne (ESA) pour le vol inaugural du futur lanceur Ariane 6. Sa mission ? Offrir la possibilité de réaliser des expériences ou qualifier à moindre coût des équipements sur une phase de rentrée atmosphérique.
60 centimètres de diamètre, 30 centimètres de haut, et à peine 40 kg sur la balance. À première vue, la capsule SpaceCase SC-01 ne paraît pas taillé pour résister aux conditions extrêmes de friction et d’échauffement liées à une rentrée atmosphérique. Elle prendra pourtant place à bord du vol inaugural d’Ariane 6, attendu d’ici la fin de l’année 2022, et sera libérée dès que le lanceur aura accompli sa mission pour retomber vers le sol. À son bord, trois ou quatre cubes de 10 cm de côté embarqueront des matériaux, des équipements électroniques ou des senseurs dont les scientifiques souhaitent tester ou qualifier le fonctionnement en environnement spatial et dans les conditions si particulières du retour sur Terre.
« Cette première capsule est un démonstrateur, destiné à tester de nouvelles technologies qui pourraient nous servir pour le retour de futures missions vers Mars », explique Thierry Pichon, directeur de programme chez ArianeGroup. Le principal enjeu de ce premier vol sera la qualification en conditions réelles d’une nouvelle génération de protection ablative constituant le bouclier thermique de la capsule, issue d’un projet de recherche technologique piloté par ArianeGroup depuis son site du Haillan avec le soutien financier de l’ESA. « La particularité de cette coiffe est qu’elle est monolithique, c’est-à-dire faite d’une seule pièce. En retour d’orbite basse, elle doit résister à des vitesses de l’ordre de 7 km/s, mais on atteindra 12 km/s et une température de 3.000° en cas de rentrée directe », illustre Thierry Pichon.
Préfiguration d'un futur service commercial
Sur la base de ces travaux, SpaceCase pourrait devenir un service commercial, proposé soit pour l’analyse de données, soit pour le retour d’échantillons depuis des missions extra-terrestres, à des coûts moins élevés que ceux associés aux capsules cargo traditionnelles. Le projet dans son ensemble représente une enveloppe d’environ un million d’euros, auquel la régional Nouvelle Aquitaine a contribué à hauteur d’environ 30%. S’il est principalement porté par ArianeGroup, il a bénéficié de l’accélération et des capacités de mise en réseau des compétences du hub régional Way4Space, officiellement installé fin 2021 à Saint-Médard-en-Jalles. « Way4Space a une double mission de prospective et d’accompagnement d’avant-projets jusqu’à la démonstration de faisabilité, et SpaceCase fait partie des trois projets que nous avons accompagné dès notre phase de préfiguration », rappelle Pierre-André Baudart, détaché d’ArianeGroup à la direction de Way4Space.
C’est dans ce contexte que SpaceCase a répondu, avec succès, à l’appel à opportunités lancé par l’agence spatiale européenne pour sélectionner 11 projets susceptibles d’embarquer à bord du premier vol Ariane 6. Destiné à qualifier le lanceur en conditions réelles, cette mission inaugurale ne servira en effet aucune visée commerciale ou institutionnelle. La capsule SpaceCase y voyagera aux côtés d’un autre prototype girondin, confronté à des problématiques voisines : celui de la startup The Exploration Company, basée à la fois à Mérignac et à Munich, qui travaille à la conception d’une capsule capable de passer plusieurs mois en orbite et de revenir sur Terre, avec une promesse de coûts dix fois inférieurs à ceux d’un séjour dans la station spatiale internationale.