Tiers-lieu familial, coliving, coworking, le nouveau visage de l'ex clinique Cantegrit à Bayonne - Premium

Le nom de Cantebrit fait encore écho à de nombreux Bayonnais. En effet, cette bâtisse a accueilli pendant plusieurs dizaines d’années un pôle de médecine psychiatrique. Des équipes qui ont été intégrées il y a des années dans celles de Caradoc non loin de là. La bâtisse et le terrain ont été rachetés par le promoteur qui a fait construire derrière la clinique Belharra de nombreuses résidences. Mais cet ancien bâtiment, ce sont désormais trois jeunes femmes qui en ont fait l’acquisition, avec deux projets et deux sociétés bien distinctes. Au rez-de-chaussée, le panneau à l’entrée affiche fièrement le nom « Le Bercail ». L’entreprise du même nom y a aménagé le lieu pour le transformer complètement en un tiers-lieu familial. « Le premier du Pays basque », souligne avec le sourire Maryse Gorosurreta, cofondatrice du lieu. Autrement dit, un lieu qui peut accueillir des familles et leur proposer non seulement une offre de restauration, mais aussi des espaces dédiés aux enfants, et des salles de cours et d'animation. En tout, le rez-de-chaussée comprend un espace global de 250 m². Un projet né dans la tête d’une Basque, Maryse Gorosurreta et de l’une de ses amies landaises de longue date Hélène Barrieu, de leur propre vécu. « Quand on arrive avec une poussette et des enfants dans un restaurant, on ne vous accueille pas à bras ouverts, au contraire, on voit certains restaurants qui interdisent les enfants dans leurs établissements », précise la première des deux mamans. Ainsi, « on voulait faire un lieu ressource pour les familles, pour qu’elles puissent venir partager du temps de qualité avec leurs enfants ». Un lieu, donc, pour emmener les petits de moins de trois ans qui ne vont pas encore à l’école en semaine, et aussi les plus grands le mercredi, le samedi et durant les vacances scolaires. Ainsi, le Bercail a élaboré tout un agenda d’animations, d’ateliers et de conférences « pour accompagner les parents sur certaines problématiques, sur certains questionnements ». Par ailleurs, un terrain extérieur accueille également des animaux : lama, alpaga et des poules à destination des enfants. Cibler différentes clientèlesLe modèle économique est basé sur l’activité de restauration du midi ainsi que des petits-déjeuners et goûters. Le Bercail profite également d’une petite marge sur les cours programmés à l’agenda, impliquant des intervenants extérieurs qui fixent eux-même leur prix. Mais pas seulement. Car la stratégie du Bercail n’est pas uniquement de cibler les familles du BAB et des Landes à proximité. « En préparant notre projet, on a identifié 1.000 logements à une minute à pied du Bercail », souligne Maryse Gorosurreta. Un quartier particulièrement résidentiel, qui ne bénéficiait jusqu’alors d’aucun restaurant à proximité. À deux minutes à pied, se situe également la clinique Belharra. « Il y a tous les professionnels de santé qui peuvent venir, et également les accompagnants de patients », reprend Hélène Barrieu. « Il y a des possibilités de prendre des plats à emporter pour ceux qui n’ont pas le temps », complète son associée. Pour aller chercher ces différentes clientèles potentielles, les deux jeunes femmes se sont lancées dans une stratégie de communication. « Une stratégie principalement sur les réseaux sociaux, on commence à développer une communauté surtout auprès des familles », résume Maryse Gorosurreta. « Par la suite, on a prévu des placements publicitaires et des partenariats avec des plateformes type Tripadvisor. » Les deux amies misent aussi sur les aménagements réalisés à l’intérieur. Un parquet brillant au sol, une décoration tendance, et des lieux lumineux. En tout un investissement de 1,2 million d’euros entre l’achat et l’aménagement du rez-de-chaussée. Un projet sur lequel les deux jeunes femmes ont été lauréates du réseau Entreprendre Adour avec un prêt d’honneur de 30.000 euros à 0%. Avec une capacité de 40 couverts à l'intérieur, et de 60 personnes assises à l’extérieur, pour équilibrer son modèle, le Bercail vise les 30/40 couverts par jour lissés sur l’année, et 60% d’occupation des ateliers. Ça, c’est pour le rez-de-chaussée.L'espace peut accueillir des enfants de quatre ans et plus, un autre est réservé aux plus petits. Crédits : Anthony MichelTrois étages, trois vocationsAlors qu’elles montaient le projet, les deux jeunes femmes ont eu l’opportunité d’acquérir également le premier et deuxième étage de la bâtisse. Opportunité saisie par une des deux amies, Hélène Barrieu, avec sa propre sœur. Ensemble, elles ont monté une autre entreprise, sous une autre entité juridique.Les deux projets sont bien distincts. Seul point commun, le parquet, et le style très tendance de ces deux étages. Encore quelques bâches et une odeur de peinture fraîche, pour des travaux qui doivent s’achever dans quelques jours. Mais ici, la structure appelée « Le Château » mise sur une autre proposition de valeur : les deux sœurs ont monté un espace de coworking. Une dénomination pas forcément fidèle, puisque l’étage comprend en réalité deux salles de réunions et 13 bureaux individuels. C’est l’offre différenciante sur laquelle mise le Château. « Il y en a un plus grand qui pourrait peut-être accueillir plusieurs postes de travail en même temps en nomade », précise Hélène Barrieu. En tout, 250 m² sur cet étage avec la proposition de bureau typique des espaces de coworking, avec un accès à un poste de travail, internet, et une cuisine. Avec une différenciation portée essentiellement sur la localisation du site, tourné vers un écrin de verdure. « J’ai déjà une dessinatrice qui m’a pris le bureau du fond avec la vue sur l’Adour », sourit la cheffe d’entreprise. Des bureaux qu’elle commercialise entre 500 et 1.000 euros en fonction de la taille. Enfin, le Château mise aussi sur un espace de « coliving », une forme de colocation type para-hôtelière, où les habitants ont leur chambre et salle de bain privative, mais partagent les toilettes, la cuisine et le salon. À la différence d’une colocation classique, il n’y a pas de bail, puisque comme à l’hôtel, les co-liveurs bénéficient de services, de nettoyage, streaming vidéo type Netflix, mais aussi de l’intégralité des charges d’eau et d'électricité comprises dans l’offre. En tout, 13 chambres entre 10 et 18 mètres carrés et un studio de 23 m² PMR avec toilettes incluses, pour un montant mensuel allant de 600 à 1.000 euros. Une offre par exemple utile pour les employeurs qui cherchent à loger leurs nouveaux salariés le temps de trouver un appartement. « Mais aussi des étudiants, ou des jeunes actifs qui arrivent sur la région », souligne Hélène Barrieu. Un achat et aménagement qui ont aussi eu un coût, de deux millions d’euros. D’ici cinq ans, les deux entrepreneuses veulent atteindre les 100% d’occupation, et pourraient dupliquer le modèle... et pourquoi pas offrir « une petite sœur au Bercail ». De l'extérieur, la bâtisse historique de la clinique Cantegrit s'est vu ajoutée le logo du Bercail. Crédits : Anthony Michel

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