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French Tech : face aux vents de la crise, reconnaître les signaux pour éviter le naufrage

Opinion
jeudi 20 juin 2024

Laura Bokobza est la dirigeante-fondatrice du cabinet LBk Consulting.

Avec une hausse inquiétante des défaillances en 2023, la French Tech est secouée par les turbulences économiques. Derrière les chiffres alarmants, une nécessaire prise de conscience : les dirigeants de start-up doivent impérativement apprendre à décrypter les signes avant-coureurs pour éviter l'implosion. Le rôle d'un tiers expert indépendant peut alors s'avérer être un atout majeur pour garder les équipes le cap et la lucidité nécessaires.

Une année 2023 marquée par une recrudescence des défaillances

Selon la récente étude de ScaleX Invest, spécialiste reconnu de l'évaluation des risques dans l'écosystème tech, l'année 2023 a marqué un sombre tournant pour la French Tech. Avec près d'une quarantaine de défaillances recensées sur la période, dont les deux tiers de faillites pures et simples, les cas de start-up entrées en procédure judiciaire ont pratiquement doublé par rapport à l'année précédente.

Un rythme effréné qui, selon les experts, est malheureusement loin de marquer le creux de la vague. Sébastien Paillet, président de ScaleX Invest, estime que ce mouvement de défaillances ne devrait pas ralentir en 2024, signe d'un assèchement durable des sources de financement.

Cette situation préoccupante pour l'écosystème trouve son origine dans la conjonction de plusieurs facteurs macro-économiques. La hausse significative des taux d'intérêt a d'abord entraîné un ralentissement massif des levées de fonds, privant de leur principale source d'oxygène de nombreuses pépites encore loin de la rentabilité. Dans le même temps, l'arrêt des prêts garantis par l'État (PGE) a également asséché la trésorerie de start-up dont le modèle économique reposait trop exclusivement sur ces financements, au détriment des revenus réels.

Les chiffres de l'étude confirment d'ailleurs ce constat : près de 70% des entreprises ayant fait faillite en 2023 avaient levé des fonds au cours des trois dernières années. Signe que pour beaucoup, la descente aux enfers a été d'une effroyable rapidité.

Décrypter les signaux avant qu'il ne soit trop tard

Face à ce vent de défaillances qui souffle sur l'écosystème, il est aujourd'hui crucial pour les dirigeants de start-up d'être en mesure d'identifier les signaux d'alerte, bien avant que la situation ne devienne véritablement critique et incontrôlable. Car si ces signes peuvent sembler évidents une fois le mal fait, ils sont souvent bien plus ardus à décrypter pour un fondateur pleinement impliqué dans les opérations au quotidien.

Parmi les principaux points de vigilance, qui devraient désormais être soigneusement scrutés, on peut citer : une trésorerie qui semble s'assécher à toute allure malgré les récentes levées de fonds, un décalage important et persistant entre les objectifs commerciaux annoncés et la réalité des chiffres d'affaires, des difficultés accrues à attirer ou retenir les talents clés au sein des équipes, ou encore un essoufflement palpable de la dynamique de croissance, au profit d'une zone de "flat cruising" inconfortable.

Si l'un ou plusieurs de ces signaux s'allument, il n'y a pas une minute à perdre pour muscler les process de pilotage, revoir les priorités et envisager des mesures fortes comme une réduction drastique des coûts.

L'éclairage d'un tiers expert, gage de lucidité

Néanmoins, comme en atteste la multiplication des défaillances, l'identification de ces signaux dans la vitesse de la course entrepreneuriale n'est pas chose aisée. Les fondateurs, souvent intransigeants sur l'opérationnel, butent pourtant sur cette nécessaire prise de recul et de hauteur.

C'est pourquoi faire appel, en temps voulu, à un tiers expert aux compétences avérées et à la vision extérieure peut faire toute la différence. Qu'il s'agisse d'un expert-comptable avec de solides bases business, d'un consultant reconnu dans l'accompagnement des start-up ou encore d'un sparring partner aguerri, ce regard neuf et cette expertise indépendante permettront d'évaluer la situation avec lucidité.

Mieux encore, la présence de ce tiers pourra permettre d'identifier ces fameux signaux d'alerte le plus en amont possible, à un stade où des actions fortes pourront encore être utilement déployées. Une démarche de remise en cause douloureuse pour l'ego, mais qui pourra in fine se révéler salvatrice pour l'entreprise et préserver les efforts déployés depuis des années.

Restaurer la crédibilité d'un écosystème encore fragile

Au-delà des destinées individuelles, c'est bien la crédibilité de tout l'écosystème French Tech qui se trouve fragilisée par ces cas récurrents de défaillances. Malgré les récents succès enregistrés en termes de création d'entreprises et de financement, cette incapacité à préserver sur la durée certains des fleurons hexagonaux alimente un discours doutant de la réelle profondeur de la French Tech.

Dans ce contexte turbulent, et face à l'ambition réaffirmée de voir émerger d'ici 2030 une centaine de licornes dont 25 vertes, la généralisation du réflexe d'appel à l'expertise extérieure peut représenter un gage majeur de solidité et de crédibilité retrouvée. En ces temps perturbés où la lucidité est reine, accepter de se faire accompagner pourrait bien faire toute la différence entre le naufrage et le maintien du cap.

Commentaires - 1
Julia Parisi - 22/06/2024 11:51
Chez Ipanovia nous accompagnons nombre d'acteurs de la French tech se trouvant dans une impasse suite à de mauvais choix sur leur stratégie et leur déploiement international. Faute d'avoir dépassé le reflexe de l'écosystème Français (Business France, BPI, French Tech..) pour se confronter à des opérationnels expérimentés (multiculturels et multi expériences) , elles ne peuvent passer de la croissance à la rentabilité. à lire: https://www.ipanovia.com/fr/accompagnement-international/