Valorem inaugure un espace-test agrivoltaïque à Losse - Premium

Dem&Ter : comme Déméter, la déesse romaine de l'agriculture ; et comme Démonstration et Territoire. Deux termes qui résument bien la démarche de Valorem dans le petit village de Losse, au cœur de la forêt des Landes de Gascogne. « Nous avons lancé en 2022 une démarche R&D en collaboration avec les acteurs agricoles landais et des institutions agronomiques reconnues pour ouvrir de nouvelles perspectives d'avenir pour le monde agricole, avec un projet innovant et riche d'enseignements, à la fois pour Valorem et pour les filières agricoles et d'agrivoltaïsme », rappelait Jean-Yves Grandidier, le président de Valorem. La société béglaise, pionnière des énergies renouvelables depuis sa création en 1994, a ainsi converti deux hectares de champs de maïs en espace-test agrivoltaïque. L'objectif : concilier la conduite de cultures et la production d'énergie photovoltaïque sur un même espace. L'enjeu est d'importance : la loi dite Aper sur l'accélération de la production d'énergies renouvelables, promulguée le 10 mars 2023, fixe un cadre précis au développement des projets d'agrivoltaïsme, et notamment l'obligation d'une production agricole réelle sous les panneaux implantés dans les champs.Récolte de donnéesC'est précisément l'objet de cet espace-test : mesurer l'impact des panneaux sur les cultures et sur le travail de l'agriculteur, en l'occurrence David Laborde, propriétaire de la parcelle et d'une centaine d'hectares aux environs, où il cultive maïs waxy (ou maïs cireux qui est un maïs hybride dont l'amidon du grain est entièrement constitué d'amylopectine), maïs doux et asperges : « J'ai été approché par Valorem et j'ai apprécié qu'il s'agisse d'un espace de démonstration car on n'avait aucun recul par rapport à ça, témoignait-il. Je voulais voir s'il était faisable de concilier cultures et panneaux. Au début, ça fait bizarre de passer au milieu des panneaux en tracteur, on va un peu plus doucement que dans un champ nu mais on s'habitue. » Pour la partie agronomique, il a été décidé de conduire sur cet espace-test des framboises, des asperges et de la luzerne, laquelle commence tout juste à pointer le bout de son nez. L'étude des cultures se fait en partenariat avec deux instituts indépendants, l'Inrae et Invenio. Mathilde Gaulier, ingénieure de recherche en expérimentation végétale, est chargée du suivi agronomique du site : « On mesure d'une part l'impact du micro-climat grâce à des stations météo qui récoltent des données comme l'humidité, la température dans l'air et dans le sol, le rayonnement, le vent, la pression atmosphérique ; mais aussi le rendement de la culture d'un point de vue quantitatif et qualitatif, comme sa teneur en matière azotée ou en fibres », détaillait-elle. Ces données sont comparées avec celles de cultures similaires menées en plein champ juste à côté de la ferme solaire.Une centaine de personnes était réunie pour l'inauguration de cette ferme solaire expérimentale. Crédits : Sylvain LapiqueContrat PPA avec Les MousquetairesL'Inrae, qui a signé des partenariats similaires avec Baewe et TSE, deux autres acteurs de l'agrivoltaïsme, espère ainsi constituer une base de données fiable pour évaluer la pertinence de différentes cultures sous panneaux. « On a besoin de plus de sites d'expérimentations comme celui-ci pour avoir plus de recul », précisait Mathilde Gaulier. Autre particularité de ce projet : le partenariat noué avec l'enseigne de distribution Les Mousquetaires, qui s'est engagée à acheter l'énergie produite par le site sur un contrat à long terme de 20 ans. Ce genre de contrats, baptisés PPA pour Power Purchase Agreement, assure un revenu stable au producteur d'énergie et garantit à l'acheteur un approvisionnement fiable et décarboné à un prix connu à l'avance. Encouragés notamment par la Région Nouvelle-Aquitaine, ces contrats devraient se multiplier dans les années à venir entre industriels et producteurs d'énergies renouvelables. Concrètement, l'espace-test occupe un peu moins de deux hectares avec des alignements de panneaux trackers (qui suivent la course du soleil), certains avec un axe de rotation positionné à 3,10 mètres et d'autres à 2,10 mètres, séparés de 7 à 9 mètres pour permettre le passage des engins agricoles. « Nous avons fait le choix de dédensifier la centrale et nous nous laissons la possibilité de rectifier l'espacement ou la hauteur des panneaux, à la fois pour la réussite des cultures et pour le confort de travail de l'agriculteur, selon les observations que nous ferons au cours des prochaines années », concluait Thomas Di Franco, chargé de projet chez Valorem. Des observations qui seront fort utiles pour finaliser l'implantation d'une centrale agrivoltaïque, actuellement à l'étude, sur une centaine d'hectares à proximité immédiate du site d'expérimentation. À lire aussi : Énergies renouvelables : un tour de table de 550 millions d’euros pour Valorem

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