La filière bois se restructure autour de la circularité - Premium

Chez Placéco on aime bien les chiffres ! La forêt française (4e en Europe) augmente chaque année et recouvre 31% du territoire métropolitain. Dans notre région, elle s’étend sur 2,86 millions d’hectares où gravitent près de 59.000 emplois et 7.800 établissements employeurs ont les activités vont de la gestion forestière jusqu’au bureau d’études. Tous ces acteurs auront un rôle à jouer au sein de cette filière forêt bois papier qui affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros. L’économie circulaire est un sujet qui tient à cœur à Jean-Marc Meyer, le nouveau président de l’association Fibois France qui regroupe et fédère les 12 interprofessions régionales de la filière forêt bois papier. Élu fin juin dernier, celui qui devrait rester à la tête de Fibois Nouvelle-Aquitaine, planche actuellement sur sa feuille de route triennale. Qui pourrait être connue en octobre prochain. « On a vraiment besoin d’une vision de proximité des territoires pour pouvoir être entendu de la société dans sa globalité. Je crois que la société en a bien besoin, et quoi de mieux que les interlocuteurs de terrain pour pouvoir écrire ça », indique le président. Un mandat où l’économie circulaire pourrait occuper une large part. « On doit transpirer, montrer qu’on est vraiment comme notre travail de RSO l’a prouvé, "Utile par essence" [ndlr, nom de la démarche d’utilité sociétale de la filière, présentée en avril dernier]. Il ne suffit pas de le dire, il faut aujourd’hui le structurer, le déployer et le faire ruisseler », développe Jean-Marc Meyer.Faire une analyse à travers le tempsLa volonté est là. Mais comment mettre en musique cette économie circulaire dans les différents secteurs d’activités, au nombre de sept* en Nouvelle-Aquitaine ? « L’économie circulaire recouvre différents pans, la durabilité bien sûr, le côté du réemploi, de l’upcycling, du recyclage. On retrouve dans notre filière autant de sociétés qui sont inscrites soit par essence parce que c’est leur manière d’exister, soit parce qu’elles ont un département qui inscrit une fresque du climat, un vrai déploiement de la RSE dans sa vision. On doit être circulaire les uns avec les autres mais on doit surtout permettre qu’ensemble nous soyons circulaires, ce qui est là plus compliqué », consent le président. Il explique : « On a travaillé avec toutes les professions de notre filière sur le sens de l’utilité sociétale, et dégagé trois piliers : répondre au besoin des hommes aujourd’hui et demain, protéger et régénérer le vivant et adapter la société au changement climatique. On a fait des sous-piliers destinés à chacun afin de savoir si cela les concerne directement ou indirectement. Ce sont aussi des indicateurs permettant une observation, une évolution, une analyse à travers le temps. » Cela se traduit par « une roue de l’utilité sociétale qui va faire l’objet dès septembre d’une ouverture via le groupe noyau qui reprend ces travaux avec des parties prenantes telles que des chercheurs, des associations environnementales. Jusqu’à présent chacun y allait de son côté et puis je ne vous cache pas qu’il y avait matière à créer du greenwashing. On ne veut pas être victime de ça, on veut pouvoir construire une vraie économie sur la circularité », indique Jean-Marc Meyer. Il résume : « C’est trouver en commun des projets pour qu’on soit capable de faire face à ces scénarios qui nous disent un petit peu où va la nature face au dérèglement climatique, comment on peut ensemble définir des politiques publiques qui vont faire que l’on va valoriser les usages pour ne pas encore une fois tomber dans la facilité qui serait de dire on rase tout, on replante et on fait du bois énergie avec. Le problème c’est que l’on va couler la matière, ce qui ne sert absolument à rien. Notre objectif est de repenser tout ce modèle pour en faire un usage valorisé, valeureux, qui séquestre du carbone. »Des consommateurs qui auront un rôle à jouer L’économie circulaire pourrait aussi s’animer via de nouvelles compétences. « On a dans notre filière la structure Xylofutur qui a en son sein la Woodtech, le réseau des startups de la filière bois. Vous voyez émerger énormément d’acteurs qui s’intéressent à l’économie circulaire et qui viennent à notre filière par ce biais, mais qui n’ont pas d’appétence à la base pour l’usage du bois ou la gestion forestière. Ils apportent des techniques nouvelles, des visions intelligibles. Ce sont effectivement de nouveaux métiers qui vont rentrer directement dans cette vision globale », souligne le président. Et pour accélérer, le pôle de compétitivité, qui rayonne principalement au niveau de la région Nouvelle-Aquitaine, pourrait prendre réellement une envergure nationale. « Xylofutur doit devenir une belle solution, pour l’instant c’est encore un peu émergent. On va vraiment essayer de lier le pôle au déploiement de Fibois France. C’est un des objectifs de mon mandat », précise Jean-Marc Meyer. Basée à Gradignan, Xylofutur (250 adhérents) regroupe des acteurs socio-économiques et académiques, pour développer des projets collaboratifs innovants et accélérer le développement et la croissance des entreprises. Avec depuis 2017-2018 un volet européen, « pour donner accès à des nouveaux guichets de financements et de partenariats pour les entreprises, l’objectif final étant bien sûr de les faire accéder à de nouveaux marchés », précise Marc Vincent, directeur de ce pôle de compétitivité dont la stratégie 2023-2026 est basée sur la bioéconomie forestière. Bénéficiaire de cet accompagnement, la Woodtech compte à ce jour une trentaine de startups qui ont déjà levé 37 millions d’euros. Pour Marc Vincent, c'est aussi une question d'offre et de demande. Et quand on parle construction, « c’est la commande publique ! On est dans une région très forestière, où les pouvoirs publics sont assez sensibilisés à l’utilisation de produits locaux ». Et « c’est très important d’avoir des usines de transformation dans nos massifs. On a perdu pas mal de scieries, il y a un exemple actuel avec l’entreprise Gauthier qui vient de passer en redressement. Il faut peut-être convaincre le consommateur que c’est plus important de payer un petit peu plus cher un matériau ou un produit parce que derrière on récupère de l’emploi, des impôts, en fait toute une structure économique locale que l’on perd quand on achète un produit qui vient de loin ».* Récolte du bois, scieries, emballage/merranderie/tonnellerie, papier/panneaux, ameublement/agencement, construction bois, commerce et négoce du bois.

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