Depuis dix ans, Deltic prône l’autonomisation des salariés - Premium

Faire évoluer l’organisation interne, pour favoriser l’autonomisation des salariés. Cette ambition, c’est celle que porte Mathieu Dumasdelage, le CEO de Deltic, depuis 2013, qu’il souhaite appliquer à Progemi, entreprise acquise il y a deux ans. Mais revenons d’abord à Deltic, basée à Lagord en Charente-Maritime. Lorsqu’il se lance dans l’aventure entrepreneuriale, Mathieu Dumasdelage sort d’une expérience de plusieurs années dans un grand groupe. « Plein de choses m’ont plu, mais sur d’autres éléments, j’avais du mal à m’y retrouver, se remémore l’intéressé. Par exemple, est-ce qu’en arrivant à 9h03 au lieu de 9 heures, la plus-value que j’apporte diminue ? Également, le management un peu « chef », à dire “tu fais ci ou tu fais ça”, me dérangeait. » Alors, il fonde Deltic avec l’idée de faire autrement. L’entreprise est spécialisée dans la dématérialisation de documents à destination des entreprises, pour leur permettre d'automatiser leur processus administratif.Ne pas avoir peur de se tromper Le mot d’ordre, en interne, est donc l’autonomisation des 20 salariés. Et pour Mathieu Dumasdelage, cela nécessite avant tout de la confiance. « On a écrit un “culture book”, que l’on donne à chaque collaborateur lorsqu’il arrive. On fixe évidemment un contrat de travail avec différentes règles, car on est obligé, mais on ne croit à peu près en rien, côté employeur. La première phrase de ce culture book, c’est “on te fait confiance”. » Cela se traduit, dans les faits, par une nécessité de donner du sens au management. Les horaires sont souples, tout comme la gestion du travail, pour laquelle chaque salarié est autonome. « On capitalise sur l’objectif donné, et non sur la manière de l’atteindre », insiste le dirigeant. Qui poursuit : « Nous portons aussi l’idée qu’un collaborateur, lorsqu’il arrive, doit apprendre et se former. Une fois qu’il se sent prêt, il y va. Nous lui disons qu’il peut prendre des risques, essayer des choses, et qu’on le soutient. Faire des erreurs est important, car quand on n’en fait pas, on n’innove pas. Moi, ça fait dix ans que je fais beaucoup d’erreurs avec Deltic, mais que j'apprends aussi beaucoup. » En dix ans d’expérience, Mathieu Dumasdelage a eu le temps de dresser un retour d’expérience sur l’organisation de sa société. Et le premier enseignement qu’il tire de cela, c’est qu’une telle organisation horizontalisée nécessite d’avoir « les bons profils » parmi ses collaborateurs. « Il y a des gens qui sont habitués à un ultra cadre, et qui en ont besoin - ils peuvent avoir des envies d’autonomisation sans en être forcément capables. » Surtout, le dirigeant pointe l’absence de vrais modèles sur lesquels se baser. Si plusieurs livres abordent cette pensée managériale aux Etats-Unis, en France, « je trouve assez peu de schémas existants ». Mathieu Dumasdelage le répète : « Il a fallu expérimenter pas mal de choses. J’ai une équipe formidable, car tous les six mois je leur dit “telle chose ne fonctionne pas, on pète tout et on essaye autre chose”. »De la communication, avant tout Il y a deux ans, c’est un nouveau challenge auquel s’est confronté le CEO de Deltic : l’acquisition de Progemi, implantée à Saujon, toujours en Charente-Maritime. Fondée en 1985, l’entreprise est un éditeur de logiciels, tourné vers les constructeurs de maisons individuelles, les maîtres d'œuvre et les promoteurs. Ses dirigeants partant à la retraite, ils cherchaient un repreneur. « C’était un challenge, car certains des 15 salariés y travaillaient depuis 30 ans. Mon objectif n’était surtout pas de les remplacer par des profils plus jeunes, et donc plus enclins au modèle de Deltic, mais de savoir si notre organisation pouvait fonctionner dans une entreprise comme Progemi », retrace notre interlocuteur. Durant six mois, il va à la rencontre de ces nouveaux collaborateurs, établit une relation de confiance et analyse l’organisation de la société. « On a ensuite engagé la transition, en expliquant toujours ce que l’on faisait. Il n’y a rien de pire que quelqu’un qui fait quelque chose sans comprendre pourquoi. Finalement, assure Mathieu Dumasdelage, tout le monde a accroché avec le système. Il est basé sur l’écoute, la confiance, et sur énormément de communication - je crois que c’est vraiment un modèle très sain. » Mathieu Dumasdelage a-t-il l’impression d’avoir réussi à créer une organisation suffisamment mature et solide, dans les valeurs qu’il souhaite véhiculer ? À l’entendre, pas vraiment. « J’ai l’impression que le jour où je dirais que tout fonctionne, j’arrêterais de me remettre en question. Oui, je pense que l’on a un modèle stable aujourd’hui. Mais il ne le serait pas forcément à 30, 50 salariés, d’où l’importance d’être toujours vigilant. » Et s’il devrait livrer un conseil à des dirigeants hésitants ? « Il n’y a pas de grand risque à se lancer, à faire confiance aux gens. Il y aura toujours 10% des collaborateurs qui vous auront, mais il faut capitaliser sur les 90%, qui se donneront deux fois plus. »Deltic et ProgemiBasées à Lagord et à SaujonFondées respectivement en 2013 et 198535 salariés au globalCA du groupe : 3M€

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