Waste Me Up accélère et prévoit de tripler sa production d'ici 2024
Des Landes au Pays Basque, il n'y a qu'un pas. Et c'est celui qu'a décidé de franchir Frédéric Mauny, co-fondateur de Waste Me Up. Après avoir implanté son laboratoire destiné à la R&D à Saint-Geours-de-Maremne, il vient de délocaliser sa production à Bardos. Un second site qui devrait lui permettre de produire plus, avant la levée de fonds prévue pour 2024.
Après un peu plus de deux années d'exercice, l'entreprise Waste Me Up accélère sa croissance. Installé dans une usine de production basée à Bardos, où il un accord de collaboration industrielle avec BIHUR, Frédéric Mauny prévoit de tripler ses volumes de production d'ici 2024. Le siège de l'entreprise Waste Me Up lui, reste à Domolandes.
Fondée en décembre 2020, par Frédéric Mauny, Waste Me Up est spécialisée dans la revalorisation des co-produits de l'industrie alimentaire. « Après une carrière de 22 ans dans la nutrition animale, j'ai découvert le processus de fabrication de la bière et l'existence des drèches de brasserie qui sont considérées comme des déchets. » Chaque année, ce sont plus de 300.000 tonnes de drèches de bière qui sont produites et qui finissent, pour la plupart, à la poubelle. « Je n'en revenais pas de me dire que pendant deux décennies, on m'avait demandé d'aller chercher de la protéine de soja au Brésil, pour nourrir les animaux, alors que nous avons ce matériau presque totalement inexploité ici en France. »
Plusieurs ressources extraites des drêches de brasserie
Frédéric Mauny réalise que les drêches de brasserie peuvent être revalorisées non seulement pour l'alimentation animale, mais également pour une utilisation humaine. « Je n'ai rien inventé, d'autres revalorisaient déjà les drêches de brasserie avant moi. Et certains le feront probablement après moi. Mais ce qui m'a interpellé, quand j'ai commencé mes recherches, ce sont les réutilisations qui sont faites avec ce produit et surtout, le coût de la transformation. »
Après plusieurs mois de recherches, Frédéric Mauny réalise que les machines qui permettent de transformer les drêches coûtent extrêmement cher à l'achat, mais aussi à l'exploitation. « Je ne voulais pas utiliser des engins qui auraient un impact environnemental trop important. » L'entrepreneur passe alors plus d'un an et demi à développer un processus qui lui permette de réduire le coût financier et environnemental de sa production. « Aujourd'hui, on travaille en contact direct avec notre fournisseur, en récupérant les drêches directement en brasserie. Une fois dans nos ateliers, on retire l'eau qu'elles contiennent via des procédés mécaniques, avant le processus de déshydratation avec de l'air chaud. Cette méthode nous permet d'avoir un produit déshydraté et stable. L'étape suivante consiste à broyer puis fractionner ces particules, pour finalement séparer les protéines des fibres. Ce processus est assez unique. Nous sommes d'ailleurs en train de breveter les différentes étapes que j'ai pu mettre en place » (voir vidéo en tête d'article).
En ajoutant une étape de déshydratation dans son processus, Waste Me Up veut se démarquer de ses concurrents. « Au cours de mes recherches, j'ai découvert que la plupart de nos concurrents exploitent uniquement les drêches humides. Ce qui fait qu'ils doivent travailler avec des produits chargés en eau. A la sortie, ils ont 80% d'eau pour 20% de matière. Donc ils produisent en moins grande quantité et n'ont que peu d'utilisations possibles derrière. » Grâce à leur méthode, Frédéric Mauny et son équipe peuvent réutiliser les drêches sèches pour l'alimentation humaine ou la plasturgie. « L'idée c'est de venir compléter les solutions et les applications qui sont déjà sur le marché, en y apportant une valeur ajoutée plus forte. »
Des drêches déshydratées, deux matériaux sont extraits : des protéines et des fibres. « Avec les protéines, on va fabriquer des produits destinés à la nutrition humaine. On aura notamment une farine particulièrement riche, qui va venir remplacer les farines de céréales habituelles et avec laquelle on va produire des aliments comme des gâteaux. » La farine fabriquée par les équipes de Waste Me Up contient 25% de protéines de plus qu'une farine de blé classique. « Cette farine peut être intéressante pour les personnes qui ont de faibles apports en protéines, pour les personnes âgées par exemple, les sportifs ou ceux qui suivent des régimes végétariens. »
70 tonnes de co-produits transformés par l'entreprise
Autre produit extrait des drêches déshydratées : les fibres. « Elles vont nous permettre de remplacer du plastique dans des objets du quotidien. On est en contact avec des professionnels de la plasturgie et on leur propose de transformer leurs produits. Le premier objet qu'on a réalisé est un gobelet pour boire de la bière. C'est une forme de circuit court. La drêche va servir à fabriquer un verre de bière. »
Sur les deux premières années d'exercice de l'entreprise, Frédéric Mauny estime que 70 tonnes de co-produits ont été transformés et utilisés. Mais aujourd'hui, l'activité de revalorisation de Waste Me Up ne se limite pas aux drêches . « Les drèches de brasserie, c'est l'arbre qui cache la forêt. Il y a 11 millions de tonnes de co-produits qui sortent des usines de l'industrie agro-alimentaire chaque année. Là encore, beaucoup de ces produits finissent à la poubelle. » Depuis quelques mois, l'entreprise travaille sur la revalorisation du marc de café et du marc de raisin. « Notre technique, nous l'avons développée et utilisée sur d'autres matières. Et grâce au même procédé, on peut réutiliser ces déchets. On a même complété très récemment la gamme avec du marc de pomme et du marc de kiwi. »
Pour absorber les volumes de production, l'entreprise continue de travailler en parallèle sur deux départements. « Notre but avec ce déménagement, est de consolider notre portefeuille de commandes, en contractualisant des dossiers avec des industriels en plus de l'activité qu'on a sur les produits finis. » En 2022, Frédéric Mauny indique que l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 130.000 euros et comptait 4 associés dont 2 opérationnels. « Cette année, nous avons embauché une personne qui se charge de notre communication et nous prévoyons d'étoffer notre équipe. » Autre projet : la création d'un site marchand. « Il s'appellera « Le bon verre. » Il devrait nous permettre de bien communiquer sur l'existence d'alternatives au plastique avec ce lien entre le gisement et le produit fini. On aura le mug fabriqué avec du marc de café, pour boire le café et la flûte à champagne et le verre de raisin, en marc de raisin. »
Si le volume de production augmente, la partie R&D reste nécessaire pour Frédéric Mauny. « Je suis régulièrement dans les Landes pour développer en interne, des nouvelles applications mais aussi essayer de trouver, en externe des connexions avec des gros industriels de l'agroalimentaire. » Pour accompagner ce développement, le président de Waste Me Up a pour objectif d'augmenter ses ressources financières et humaines. « Je prévois une levée de fonds pour 2024. Le montant exact n'a pas encore été fixé, j'y travaille, mais c'est en projet et ça devrait nous permettre de construire une vraie équipe commerciale capable d'aller chercher des nouveaux clients. »
Waste Me Up
CA 2022 : 130.000 €
Siège social : Domolandes (40)
Usine : Bardos (64)
Effectif : 5 personnes
Volume de production : 70 tonnes de co-produits sur 2 ans