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Ethyl.ia cherche des investisseurs : norme NF et CES en ligne de mire

Stratégie
jeudi 27 avril 2023

Un duo de choc. Le 1er, Nicolas Rozes, est préventeur et dirige un centre de sécurité routière présent dans tout le sud de l'Aquitaine. Il est le fondateur de l'application Tchatcha, un portail gratuit de covoiturage et de prévention contre l'alcool au volant. Le second, Bernard Gibout, baigne dans la techno et la data. Il est le cofondateur et gérant d'Appolo, start up implantée dans la zone Eurolacq à Artix, spécialisée dans le développement web, les applications mobiles et l'UX. C'est son équipe qui a développé le portail de covoiturage. En 2021, ils ont ensemble créé SR-Concept pour porter Ethyl.ia, la brique qui manquait à Tchatcha.

Au-delà de l'enrichissement de l'offre de mode de transport (taxis difficiles à trouver ou onéreux, absence de desserte par transports en commun), l'intérêt principal d'Ethyl.ia est qu'il collecte, de façon totalement anonyme des données utiles au propriétaire d'établissement. Sexe, âge, lieu de résidence, capacité à conduire. Ces données peuvent lui permettre de se justifier au regard de ses obligations d'autant plus que l'application propose aussi une solution de covoiturage. Elles peuvent aussi lui donner des informations sur sa zone de chalandise.

L'IA au cœur de la proposition de valeur

Les développements prévus devraient permettre de placer les éléments en open data pour des usages statistiques. Le préfet du département, à qui Nicolas Rozes a présenté Ethyl.ia cette semaine l'a bien compris et des rendez-vous sont prévus début juin à Paris pour présenter l'outil à Florence Guillaume, la Secrétaire Interministérielle à sécurité routière. « Nous provoquons cette réunion pour présenter notre produit mais aussi parler du back office. Il s'agit d'affiner les cas d'usage soit pour les autorités, je rappelle que les données sont anonymisées, soit pour les associations de prévention. Il s'agit d'avoir accès à des statistiques et une cartographie pour évaluer les comportements dans le temps (type d'événement, période de vacances…) et dans l'espace jusqu'à mesurer l'impact des conditions météorologiques sur les comportements. En corrélant ces données, on peut anticiper les besoins de prévention. On peut cibler les campagnes en fonction des profils et proposer un système apprenant. »

Pour alimenter ces échanges et pour rendre l'UX plus performante, la start up se fait accompagner par Yoan Coronado, le président des Étoiles des Pyrénées, une association tarbaise qui fait de la prévention santé et sécurité routière en milieu festif, très active dans le quartier de l'Arsenal où elle anime un stand du jeudi au dimanche. C'est d'ailleurs lui qui est à l'origine de l'idée qui a germé dans la tête de Nicolas Rozes et Bernard Gibout : le fait qu'il recueille ses données sur un calepin. C'est donc lui qui, en tant qu'utilisateur, accompagne le développement du produit en leur adressant ses retours d'expérience.

Un modèle économique bien ciselé.

Il est clair dans l'esprit des fondateurs, qu'il y a bien un marché national  entre autorités publiques, collectivités territoriales, organisateurs d'événements et débits de boissons mais il n'y a aussi qu'à passer l'un des cols Pyrénées pour aller équiper les espagnols. De tels dispositifs existent d'ailleurs dans des pays comme le Canada mais leur conception est un peu old school et surtout n'a pas la data connectée. Là-bas, la machine indique le taux d'alcoolémie ce qui aboutit à créer une émulation entre usagers pour savoir qui a le taux le plus élevé. Résultat inverse à celui recherché : la prévention et la sécurité des personnes sur la route.

Ethyl.ia est accessible à l'achat (1875 €) ou en location mensuelle (69€) sur 36 mois. L'investissement est auto finançable puisque l'acquéreur dispose d'un espace pour gérer des affichages publicitaires. Ce peut être sa propre publicité mais aussi celle de ses partenaires, distributeurs de boisson. Couplé à Tchatcha, le modèle s'enrichit par la fidélisation des utilisateurs (en particulier ceux qui se déclarent disponibles pour covoiturer des passagers) au travers d'avantages et de cadeaux proposés par des partenaires engagés (chèques carburant, places de cinéma à tarif réduit, etc.. « On peut aller plus loin. Si un maire est vraiment engagé dans la démarche, il peut accélérer l'engagement dans la démarche des capitaines de soirée, sécuriser ses concitoyens. Il peut au-delà fédérer tous les commerçants de son territoire en les impliquant, en leur proposant de s'afficher sur Ethyl.ia et en offrant des cadeaux aux utilisateurs. »

La commercialisation conditionnée par la norme NF

Le produit est fabriqué maison, dans l'atelier 3D d'Appolo, qui a investi dans de nouvelles imprimantes pour répondre à la demande. Le problème est bien là. Les cocréateurs d'Ethyl.ia ont beaucoup investi en temps (conception, promotion) au détriment de leurs activités respectives et sans aucune aide publique (sollicitées mais sans réponses). Leurs sociétés ont porté des investissements conséquents mais raisonnés en R&D (sous la barre des 100 K€)  .La phase de commercialisation va naturellement être gourmande en ressources.

Et c'est là que pour prendre son envol, Ethyl.ia a besoin de partenaires. Soit des investisseurs qui accompagnent la distribution et l'homologation (une année et 80 K€) soit des industriels qui ont des équipements de même nature et qui peuvent accélérer les process. « Notre produit est parfaitement conforme aux normes NF mais une homologation auprès du laboratoire national des poids et mesures est un nouvel investissement. Et la difficulté c'est que intrinsèquement, notre produit n'est pas brevetable. Pour une question de crédibilité auprès des distributeurs, il nous faut cette homologation. Avec un atout supplémentaire : tous les éthylotests doivent être étalonnés chaque année ou après x usages. Dans notre produit, une alerte est lancée au possesseur quand le temps est venu. Le capteur est démontable et c'est lui seul qui est concerné par cet étalonnage. Solution agile, sans immobilisation du produit : nos clients peuvent disposer d'un capteur neuf avant même que nous ne renvoyions l'ancien à l'étalonnage. Les chinois, qui inondent le marché d'autotest ballons, n'ont pas ces états d'âme car ils ont largement les moyens de payer leur homologation. Fabriquons Français ! Pour nous, ici à Artix, une année c'est long et cela peut nous faire perdre notre avantage concurrentiel. »

C'est tout l'enjeu de cette recherche de partenaires. Leur profil est large, qu'il s'agisse de business angels, d'entrepreneurs passionnés ou de groupes, mutuelles ou assurances, par exemple, trouvant intérêt à associer leur image à un produit qui porte de belles valeurs. Last but not least, cette nécessaire levée de fonds a aussi pour objet de permettre la participation d'Ethyl.ia à la sixième édition du salon Vivatech à Paris du 14 au 17 juin, petit frère européen du CES de Las Vegas auquel les entrepreneurs aspirent déjà pour janvier 2024.