Voie de la Soule : ce qu’en pensent les acteurs économiques - Premium

Difficile d’éluder le sujet quand on passe l’entrée du village. À Espès-Undurein, de nombreuses affiches montrent le climat de contestation qui règne depuis plusieurs mois, voire plusieurs années autour de la question de la déviation dite Voie de la Soule. Celle-ci relierait Mauléon à Charritte-de-Bas via une voie rapide de 2km située en partie sur l’ancienne voie ferrée. Ce mardi, le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques organisait justement en mairie d'Espès-Undurein un point pour évoquer l’avancement du projet. Un projet dont le premier objectif est de désengorger l’axe principal, la RD11, seule route qui dessert les villages souletins en venant de la côte. « Actuellement, ce sont chaque jour entre 4.500 et 5.000 véhicules par jour qui passent par cette route » souligne Mélanie Chauvin, directrice des routes et infrastructures pour le département des Pyrénées-Atlantiques. « Et ce sont 200 poids lourds qui passent par jour ». De quoi générer une certaine insécurité auprès des riverains. « On va faire de ce projet une priorité » a souligné Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental.Au fil du temps, le projet a pris du retard car il ne fait pas l’unanimité. Des riverains s’opposent à cette déviation pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le tracé prévu traverserait des terres agricoles, mais aussi une voie verte. Sur cet aspect, le Conseil départemental a intégré la réalisation avec la commune d’une autre voie cyclable notamment sur l’actuelle RD11, désengorgée de son trafic, après la création de la voie rapide. Enfin autre point de contestation, le tracé de la future voie de la Soule traversera 26 parcelles appartenant à des propriétaires privés. La déclaration d’utilité publique déposée après la consultation publique autorise désormais le Conseil départemental à entrer en négociation avec les propriétaires, et à défaut d’accord, de procéder à l’expropriation. La DUP fait d’ailleurs l’objet d’un recours de la part des opposants. Un processus qui pourrait une nouvelle fois encore repousser le calendrier du projet. Jean-Jacques Lasserre table sur un début des travaux, au plus tard fin 2025, pour un chantier phasé étalé sur un an et demi.Participation des entreprises à la consultation publique C’est aussi pour montrer sa détermination que le président du conseil départemental a réalisé ce point en présence des élus de la vallée qui soutiennent le projet. « Le désenclavement de la Soule fait partie de nos préoccupations » a rappelé Jean-Jacques Lasserre. Un argument repris par le maire d’Espès-Undurein, Michel Ibarra pour Placéco. « Cette Voie de la Soule, c’est l’accès à Mauléon, et une façon d’attirer du monde, et pourquoi pas des entreprises ». C’est en effet, un des arguments majeurs avancés par les défenseurs du projet. Parmi eux, autour de la table Alain Arla, maire de Garindein, et lui-même dirigeant de la société à son nom, spécialisée entre autres dans la maçonnerie et la charpente métallique. Lui est favorable au projet, et y voit entre autres une manière pour la Soule de montrer sa résilience. « Ca sera une bouffée d’oxygène, ça voudra aussi dire que la Soule se bat toujours, et qu’elle ne se recroqueville pas sur elle-même », insiste-t-il. Lui comme une vingtaine de chefs d’entreprise du territoire ont d’ailleurs participé à la consultation publique qui s’est tenue dans le cadre du projet. Ils cosignent un document afin de défendre le projet rappelant que « l’activité économique en Soule représente des emplois directs qui, s’ils n’étaient pas occupés ici, seraient en tout les cas pourvus, mais ailleurs », avant de déplorer l’enclavement de la vallée. « Les entreprises locales doivent accéder à des voies de communication décentes dans un monde à la concurrence exacerbée. En effet, tous les jours, nos recrutements se heurtent à la difficulté d’accès à nos entreprises, nos fournisseurs limitent leurs déplacements vers nous, et les transports deviennent un casse-tête, dont une illustration concrète est la levée du courrier par le camion de la poste à 15h30 au plus tard (17 h 30 à Pau par exemple), ou bien les messageries pour 14 h au plus tard, alors que la journée de travail est loin d’être terminée ». L'un d'entre eux qui a souhaité rester anonyme explique à Placéco: « On n’a pas de TGV, de port, d’autoroute, on n’a que la route », pointant d’ailleurs du doigt la suppression récente de la navette entre Mauléon et la gare de Dax. « Si on tient aux emplois en Soule, nos entreprises doivent bénéficier des mêmes conditions qu'ailleurs ». Prenant pour comparatif les autres vallées du département, il insiste, « nous avons le tissu industriel le plus développé du département, et on est loin de tout ». Parmi les acteurs économiques importants de la Soule, l’Organisme de Développement par l'Action et la Coopération Economique est le Centre d'appui aux entreprises de Soule. L'ODACE Soule Xiberoa a posé la question à ses membres si elle devait prendre position sur ce sujet épineux, et dans un second temps si elle y serait favorable ou défavorable. Réuni en assemblée exceptionnelle en septembre dernier, les chefs d’entreprise ont finalement décidé que l’ODACE ne s’exprimerait pas sur ce sujet. Si certains gros acteurs ont pris position à travers la consultation publique, la déviation ne fait pas non plus la totale unanimité. Certains acteurs souhaitant rester anonymes, du fait du caractère sensible du sujet, n’y sont pas favorables, arguant que ce n’est pas une route qui va apporter de l’attractivité en Soule mais plutôt la construction de logements, ou le développement de formations. Le coût des travaux a été budgétisé à 5,5 millions d’euros auxquels s’ajoutent le montant des études, des recours et des expropriations, soit une enveloppe globale aux alentours de 6,5 millions d’euros selon les élus du conseil départemental.

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