Transport d’électricité : la Nouvelle-Aquitaine au cœur des mutations à horizon 2040
La Nouvelle-Aquitaine est la région la plus dynamique en matière de photovoltaïque. Photo d'illustration : Adobe Stock
Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, a récemment présenté sa feuille de route d’ici 2040. En Nouvelle-Aquitaine, elle se décline autour de plusieurs priorités, comme les énergies renouvelables et l’industrie. Explications avec Jérôme Rieu, délégué RTE Sud-Ouest.
RTE vient de présenter son plan stratégique d’investissements SDDR, à horizon 2040. Dans quel cadre s’inscrit-il ?
Disons qu’il vient décliner de manière opérationnelle les implications de la transition énergétique, avec l’obligation de neutralité carbone d’ici 2050. Nous avons des investissements majeurs à réaliser sur le réseau de transport d’électricité, que nous chiffrons à une centaine de milliards d’euros d’ici 2040. Nous avons identifié trois axes. D’abord le réseau existant, qui vieillit, et qu’il faut renouveler pour le rendre résistant au changement climatique, notamment aux vagues de chaleur et aux inondations, deux risques très importants pour nous. Ensuite, il y a le raccordement, car dans les années qui viennent la consommation d’électricité augmentera, notamment par les industriels. Et enfin le troisième grand volet porte sur la colonne vertébrale de notre réseau, la partie « très haute tension » à 400.000 volts.
Les énergies renouvelables en ligne de mire
Comment déclinerez-vous ces chantiers en Nouvelle-Aquitaine ? Sur les plus de 100 milliards d’euros d’investissements, combien seront fléchés pour la région ?
Nous n’avons pas détaillé d’enveloppes régionalisées, mais la Nouvelle-Aquitaine est l’une des régions, voire la région la plus concernée par tous ces enjeux. C’est un territoire au carrefour de beaucoup de choses, et il y aura des investissements très conséquents. L’an dernier on avait déjà chiffré cinq milliards d’euros d’ici 2030. Par exemple, pour la très haute tension ou le raccordement, on constate des évolutions majeures sur les flux d’électricité, liés au développement des énergies renouvelables, des courants intermittents, une production qui n’est pas toujours la même, de nouvelles zones de consommation qui se développent…
Et on sait que la Nouvelle-Aquitaine est particulièrement propice au développement de ces énergies renouvelables, notamment le solaire…
Oui, ce qui vient tout de suite à l’esprit, c’est le dynamisme de la région en matière de production de renouvelable au sol, car c'est la plus dynamique de France, et de loin. Dans notre SDDR, nous ciblons le raccordement de 16.000 mégawatts, et nous avons déjà bien démarré. Forcément, cela nécessite des investissements conséquents.
Lacq, en Béarn, une zone clef pour RTE
Qu’en est-il des deux autres axes de votre plan stratégique, le renouvellement et la très haute tension ?
Eh bien, dans certaines zones de la région le réseau est beaucoup plus ancien que la moyenne nationale. Dans les Pyrénées par exemple, car il a été construit en même temps que le réseau hydraulique dans les années 1920. Il a souvent entre 70 et 100 ans ! On a un très gros programme de rénovation, 4.500 kilomètres de ligne sont à rénover uniquement en Nouvelle-Aquitaine d’ici 2040, soit 20% du total national. Ensuite concernant le raccordement de notre réseau à des industriels, il y a aussi beaucoup d’enjeux, de velléités d’implantations. La zone autour de Lacq, en Béarn, est bien identifiée pour cela par exemple, certaines autour de Bordeaux également… Quant à la très haute tension, la région est une sorte de carrefour, avec des flux qui arrivent de l’Espagne par exemple, qui ont besoin de remonter vers le Nord ou l’Est qui sont d’importantes zones de consommation. Donc, forcément, il faudra renforcer notre réseau le long de la façade Atlantique mais aussi dans les Pyrénées.
Avez-vous une idée des retombées économiques pour les départements néo-aquitains ?
À ce stade, nous comptons un peu plus de 350 salariés travaillant directement dans la région, et on contribue à soutenir 3.700 emplois indirects. Nous sommes en phase ascendante, avec tous les investissements dont nous venons de parler, donc ces données sont amenées à croître. Ensuite, nous avons enregistré 100 millions d’euros d’achats, l’an dernier, auprès d’entreprises basées en Nouvelle-Aquitaine. Nous avons une politique qui privilégie les investissements français au maximum, européens éventuellement, et nous essayons de trouver au maximum des entreprises locales qui puissent répondre à nos marchés, nos appels d’offres.