ADT64 : « L’année 2023 a été une bonne année touristique » - Premium

Quel bilan tire l’ADT de cette année 2023 ? Max Brisson : L'Agence Départementale du Tourisme, au cours de cette année 2023, a beaucoup réorienté ses actions. C’était pour nous d’abord le lancement du geste 64, c'est-à-dire la possibilité pour les touristes qui viennent d'un autre département de faire de la récupération carbone et d'avoir des gestes pour une économie décarbonée. C'est également le lancement du Bivouac 64, notre accompagnement de l'innovation. Lors de notre assemblée générale, nous avons pu montrer que nous sommes avant tout une agence qui accompagne les acteurs et professionnels du tourisme. Certains professionnels nous ont fait part ce matin qu’ils ne savaient pas qu’on pouvait les accompagner sur de la commercialisation, sur de la labellisation et donc aller chercher davantage de chiffre d'affaires, et davantage de clients. Notre objectif, ce n’est pas d'avoir des touristes en plus, mais c’est d’avoir d'abord des touristes qui viennent ici et qui sont satisfaits de leur séjour parce qu'ils auront vécu une expérience de qualité. Donc ça passe par la labellisation : tourisme handicap, qualité tourisme, tourisme durable. L'Agence Départementale du Tourisme accompagne et aide à la mise en tourisme. Elle est aujourd'hui un partenaire reconnu par des acteurs professionnels.Quel bilan tirez-vous de la fréquentation touristique 2023 ? L’année 2023 a été une bonne année touristique avec des chiffres de fréquentation en hausse par rapport à 2022, qui était déjà une année exceptionnelle. Ces chiffres sont excellents aussi par rapport à l'année de référence de celle d'avant la Covid. On note tout de même des fragilités, et notamment sur la fréquentation au Pays basque intérieur, après de belles années post-Covid. Au-delà de l'analyse de la fréquentation, l'année 2024 présente quelques inquiétudes, en particulier sur la côte. Il y a la météo, les incertitudes politiques, il y a un besoin du soleil après un printemps pluvieux. Et cela continue en ce début d'été. Donc on a quelques inquiétudes, quelques fragilités. Ça témoigne aussi des fragilités plus structurelles, et c'est peut-être cela qui est important. Il y a notamment la question de l'hébergement qui est notoirement insuffisant sur une partie du territoire. On focalise beaucoup sur le risque de surtourisme sur la côte et sur le développement exponentiel des locations saisonnières et des meublés de tourisme. Mais il y a des pans entiers du territoire, y compris en Pays basque intérieur où on ne sait pas répondre au premier enjeu du tourisme : le logement. Il manque de l'offre touristique marchande en Pays Basque intérieur, et dans l'essentiel du Béarn, à l'exception de l'agglomération de Pau. Et donc nous sommes en train d’élaborer notre schéma départemental à ce sujet à partir d'un diagnostic territoire par territoire pour objectiver les choses. Et aujourd'hui, on va aller le porter dans les territoires et discuter de cette stratégie très différenciée selon les territoires. Ce schéma sur les hébergements prouve bien notre utilité pour accompagner.Vous parlez d’un manque d’offre dans les terres, ce n’est pas parce qu’il y a un manque de demande touristique ? La question des marchés est une réalité. Mais on s'aperçoit bien malgré tout qu'il y a eu un fort déclin de l'offre d'hébergement marchand sur ces territoires. Ce sont souvent des entreprises familiales qui n'ont pas pu ou n'ont pas voulu se mettre aux normes, qui ont subi une prolifération des normes, si bien que ces entreprises ont préféré fermer. L'offre hôtelière a beaucoup reculé sur des pans entiers du territoire. Et je pense que la demande est là, elle est quantifier et elle est à accompagner. La fermeture de ces hôtels ne s'est pas faite parce qu'il manquait des clients, mais parce qu'il y avait des investissements considérables à faire pour répondre à des normes. Des syndicats hôteliers en ont bien conscience. Le président de l'UMIH, par exemple, Thierry Marx, parle de la nécessité d'avoir une nouvelle norme dans la qualification hôtelière pour avoir des hôtels bon marché et qui ne sont pas obligatoirement soumis à des normes qu'on peut attendre au fur et à mesure de la qualification hôtelière.Quelle est la stratégie de l’ADT pour 2024 et les années à venir ?La stratégie de l'ADT en 2024 et depuis plusieurs années, c'est de faire monter les entreprises touristiques en qualité, qu’elles obtiennent les labellisations nécessaires qui leur ouvrent de nouveaux marchés : la labellisation handicap par exemple. Elle permet d'intégrer des réseaux et donc de conquérir de nouvelles clientèles. Une de nos missions, c’est aussi d’accompagner la qualification de l'offre dans une démarche de performance, de conquête de marché et donc d'augmentation du chiffre d'affaires avec pour objectif de développer l'emploi et notamment à l'année. Les labellisations tourisme durable et qualité tourisme, et autour du tourisme handicap sont à la fois des solutions pour intégrer des réseaux pour avoir plus de visibilité nationale et internationale, mais aussi assurer le client d’une offre qui correspond à ses exigences. Nous accompagnons aussi des professionnels qui ne sont pas des professionnels du tourisme en tant que tels, mais qui sont dans des activités économiques, comme dans l'agroalimentaire, l'agriculture, le vin, et qui ont des produits qui peuvent être mis en tourisme. La mise en tourisme fait partie aussi des actions d'accompagnement que nous menons.« L'incertitude politique et économique n'est jamais bonne pour l'activité touristique » Sur quoi allez-vous travailler ? Quels sont les besoins des acteurs ? Parmi les points novateurs de l'année 2024, c'est le bivouac, l'idée que l'agence va devenir un lieu d'accompagnement vers l'innovation touristique, et être un des acteurs spécialisés dans le tourisme qui accompagne les entreprises pour transformer un outil touristique en un moyen touristique d'innovation. Nous allons ici nous adresser à des gens qui sont des professionnels de leur secteur, mais pas des professionnels du tourisme. Comme l’exemple de JuWin qui équipe les plages de mobilier urbain à faible consommation d’eau. C'est aussi une image que l'on projette d'une destination qui a pris à bras-le-corps la notion de tourisme durable. Ce chantier du tourisme durable y est très important parce que c'est le chantier de l'acceptabilité du tourisme à la fois par la population locale qui veut que cette activité soit une activité qui s'inscrit dans une logique durable. Et aujourd'hui, ce n'est pas vraiment l'image qu'elle a et puis également l'acceptabilité par les clients. C'est-à-dire que les clients voudront aujourd'hui être rassurés sur des démarches, car la société est extrêmement exigeante. On accompagne donc des entreprises à travers le bivouac sur ce type de démarche en faisant venir vers l’activité touristique, des entreprises qui en sont éloignées. Quel impact a la situation politique actuelle de destitution, élections législatives anticipées sur l’activité touristique ? L'incertitude politique et économique n'est jamais bonne pour l'activité touristique. Cela étant dit, il faut aussi relativiser ce qui se passe ici. Pour l'instant, ce qu'on observe, c'est que les réservations en Béarn et au Pays basque intérieur en juillet/août sont dans la norme des années précédentes. Il y a un léger décrochage qui nous interroge un petit peu sur la côte après d'excellentes années également. Alors c'est peut-être lié au décalage des fêtes de Bayonne, et c'est certainement aussi lié à l'envie de soleil qui n'est pas au rendez-vous aujourd'hui au Pays basque. Aujourd'hui, on observe qu'on a -6 % de réservations cette année sur la côte par rapport à l'année dernière, ce qui n'est pas le cas au Pays Basque intérieur, ou en Béarn. Je pense que c'est plutôt lié à la météo. Quand on voit la diversité des territoires entre le Béarn et le Pays basque, est-ce que la gestion touristique au niveau départemental fait toujours sens ? Si on ne faisait que de la promotion, la question serait pleine de sens. Les intercommunalités pourraient le prendre en charge. Par contre, quand on est dans l'accompagnement des filières, des professionnels, de l'offre, l’agence va agir de la même manière. Un vigneron à Irouléguy ou à Jurançon qui veut mettre son activité en tourisme, ce sont les mêmes problématiques. Même chose si on est sur de la labellisation tourisme handicap ou tourisme durable ou dans des actions de commercialisation. Voilà pourquoi notre agence continue de porter des actions de marketing avec des enjeux totalement différents. Il y a un peu de notoriété sur la destination du Béarn. Il y a un marketing très ciblé sur les produits au Pays Basque. Par contre, quand il s'agit de se poser la question des hébergements, le Pays basque intérieur n'est pas très différent du reste du Béarn. Les problématiques ne sont pas différentes quand il s'agit d'accompagner des entreprises innovantes pour les amener à ce que leur activité trouve une dimension dans l'économie touristique.

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