Dernier agrandissement à Eysines avant déménagement pour CMP Composites - Premium

« On déménage à peu près tous les deux ans », sourit Jean-Marie Ledan. Directeur général de CMP Composites, arrivé en 2020, il a toujours connu la société plus ou moins dans les cartons. Le Porge, Le Pian-Médoc, puis Eysines par deux fois, où était officiellement inaugurée hier une nouvelle ligne industrielle, marquant une accélération et une évolution de son business. Fondée en 2016, l’entreprise est spécialisée dans le prototypage et la fabrication de solutions et pièces en matériaux composites. Employant une trentaine de personnes, plus de la moitié de son effectif est affecté au bureau d’études. « Des ingénieurs, des docteurs… », énumère le dirigeant peu avant de couper le ruban. Certes, ce site servait déjà d’atelier de fabrication. Avec les équipements présentés hier, un virage industriel est clairement pris.État, Région, Métropole… les pouvoirs publics accompagnent CMP Composites. Crédit : DMDepuis 2023, ce sont ainsi plus de 12 millions d’euros qui ont été investis par l’entreprise, notamment pour édifier un bâtiment supplémentaire sur son actuel site d’Eysines, où la PME est installée depuis septembre 2023. À l’époque, elle disposait de 900m² de bâtiment. Aujourd’hui, les 1.500m² de plancher à sa disposition sont plein comme un œuf. Certaines pièces en composites de grandes dimensions prennent difficilement les virages et des portiques de manutention n'ont pu passer les portes des hangars « qu'au centimètre près ». « À notre arrivée ici, j’ai dit aux équipes que je pensais déjà au prochain site. Ils m’ont pris pour un fou », s’amuse encore le dirigeant.Trois fois plus grandUn dirigeant dont la « folie » est en passe de se concrétiser. CMP Composites planche sur la réalisation d’un nouveau site industriel. Si ce prochain déménagement désole la maire d’Eysines Christine Bost, cette dernière se réjouit néanmoins en tant que présidente de Bordeaux Métropole. C’est en effet à Blanquefort, non loin d’Hydrogène de France (usine sur l’ex-terrain des circuits, inaugurée il y a un an), que CMP Composites prépare la réalisation d’un bâtiment qui développera quelque 4.700m² de plancher. Le projet verra le jour sur un terrain de quasiment 9.500m² au sein de la zone industrielle, pour lequel un bail à construction d’une durée de 50 ans a été conclu avec Bordeaux Métropole (loyer annuel de 16.852 euros HT). Le plan de financement - montant tenu confidentiel - est en cours de finalisation avec les partenaires bancaires, ce qui permettra de rapidement lancer le chantier. Jean-Marie Ledan table sur une année de travaux avant de pouvoir prendre possession des lieux, situés à un jet de pierre du tram ligne C.Certaines des plus grandes pièces, notamment pour la défense et le spatial, frôlent les dix mètres de long. Crédit : DMUn bâtiment qui sera pour son usage exclusif. Il y a une grosse année, CMP Composites a en effet pris le contrôle d’une autre PME girondine, CPI (Cuvelier Polymeca Industrie), une opération dont nous avions évoqué les ressorts début 2024. Mais il n’est pas question de faire déménager cette dernière à Blanquefort. « Déjà, ça nous coûterait au bas mot deux millions d’euros. Et puis il est très difficile de trouver des bons tourneurs-fraiseurs », analyse le dirigeant, soucieux de ne pas s’éloigner d’un précieux bassin de compétences. C’est bien la traction propre de CMP Composites qui justifie ce nouvel investissement. Un dynamisme nourri par la vitalité du secteur ASD (aéronautique-spatial-défense), qui représente 75% du chiffre d’affaires, ventilé peu ou prou à l’équilibre en clients civils et militaires.Dans le rétro - Sous-traitance industrielle : pourquoi CMP Composites rachète Cuvelier Polymeca IndustrieLe défi de l’emport des (prochains) carburantsPour la défense, CMP Composites fabrique des pièces - corps et tubes de lancement de missiles, coiffes - sous l’impulsion de la DGA (Direction générale de l'armement). Elle travaille avec le CNES sur le projet Perseus, mais aussi pour les acteurs émergents du NewSpace, à l’instar d’HyPrSpace (Le Haillan) ou de Sirius Space Services (Colombes, Île-de-France). Les commandeurs pour des connecteurs de fibres optiques sous-marines pour Alcatel Submarine Networks, un temps en repli, repartent à la hausse. Et des dronistes, parmi lesquels figurent Lynxdrone (Canéjan) ou encore Aerix Systems (Mérignac) font appel aux compétences de CMP Composites pour la création de pièces en carbone. Parmi les équipements inaugurés figurent deux machines à enroulement filamentaire. « Il nous en faudrait même quatre », calcule le dirigeant, au regard des perspectives. Grâce à ces engins, la PME avance sur le segment des cryogenic tanks. « On se prépare à l’arrivée de l’hydrogène dans la propulsion aéronautique, on travaille techniquement pour être prêts », se projette Jean-Marie Ledan. Un défi de l’emport des carburants nouveaux justement souligné hier par le président du Conseil régional, qui accompagne la PME depuis sa fondation.L'une des machines à enroulement filamentaire, sur laquelle les matériaux composites prennent forme, avant passage à l'étuve. Crédit : DM☞ Au 30 juin dernier, CMP Composites affichait 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour l’exercice en cours, l’atterrissage est prévu aux alentours de cinq millions d’euros. Le prévisionnel pour l’année suivante dépasse les six millions d’euros.Quel avenir pour l’actuel site de CMP Composites à Eysines ?Propriétaire de ses actuels locaux de la rue Jean-Baptiste Perrin à Eysines, CMP Composites réfléchit à leur futurs usages une fois qu’elle aura déménagé à Blanquefort. Selon nos informations, les lieux pourraient être récupérés par Freejump System. Ce spécialiste des équipements pour le monde équestre - un projet de casque en composites avait déjà rapproché les deux PME par le passé - souhaiterait disposer de capacités industrielles proches de ses bureaux et de sa R&D, installés sur l’hippodrome du Bouscat.CMP CompositesSAS fondée en octobre 2016Siège social à EysinesEffectif : 35 personnes (le double au sein de CMPi, en incluant l'équipe de CPI)CA 2023/2024 (clôture au 30 juin) : 3,2 millions d’euros

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