3DiTex devient Ollow : usines, recrutements et souveraineté industrielle - Premium

Nouveau nom pour nouvelle vie. À sa création, l’entreprise arborait l’identité 3DiTex, « définie par les ingénieurs que nous sommes, pour décrire la technologie sur laquelle on s’était lancé. On dispose de brevets qui sont maintenus et étendus mais cette technologie, qui consistait à produire des tissés directement à la forme complexe voulue, a été mise en pause, même si elle n’est pas totalement abandonnée », explique Bertrand Laine, cofondateur, CEO et directeur technique de cette PME désormais baptisée Ollow. Suite à un pivot technologique initié fin 2021, la jeune pousse se concentre sur la production de pièces creuses et tubulaires, à base de composites à fibres longues. « Il y a bien sûr “hollow” pour les corps creux, mais aussi un peu de "allow”, c’est-à-dire permettre, pour représenter aussi bien les nouvelles possibilités permises par cette technologie en matière de design et d’esthétique, que les bénéfices apportés aux clients », décrypte-t-il. Et de reconnaître qu’il nourrit des ambitions « internationales et pas que françaises ».Ollow « développe un ensemble de technologies qui visent à démocratiser au final l’usage des composites sur des applications de corps creux ». Au soutien de cette orientation nouvelle, l’entreprise avait réalisé fin 2022 une première levée de fonds de 5 millions d’euros, dont la moitié auprès de Supernova Invest et de GSO Innovation (groupe Crédit Agricole), avec l’ambition d’entrer en phase pré-industrielle. « L’objectif, jusqu’à fin 2024, c’est de développer tous les outils, toutes les briques, pour avoir des lignes de production prêtes à être déployées. On est en cours de qualification et de validation de prototypes avec de nombreux clients », poursuit-il. Substitution de production et relais de croissance« On a deux cibles », indique Bertrand Laine. La première, c’est « substituer de la production existante, ça vise une grande quantité d’objets qu’on peut manipuler comme des raquettes, des cadres de vélos, des crosses de hockey… tous ces objets creux et tubulaires plus ou moins complexes. C’est en grande partie produit en Asie et on propose une alternative à ces fabrications faites de l’autre côté de la planète en les relocalisant à proximité de leur lieu d’usage, dans des conditions économiques et environnementales comparables à ce qui peut être fait en pays low cost. Ça nous permet d’accéder vite au marché, puisqu’il existe déjà ».Et la seconde cible, envisagée à horizon trois-cinq ans, ce sont les nouvelles productions. « Notre technologie va permettre d’introduire des composites creux et tubulaires dans des voitures, des objets industriels… pour lesquels aujourd’hui on sait faire techniquement mais pas économiquement. Nous ne révolutionnons pas vraiment l’aspect technique mais on rend économiquement possible l’accès d’objets creux et tubulaires composites sur ces marchés-là », analyse-t-il. Et de pousser la réflexion. « Avec mon associé Aymeric Azran, on a un intérêt personnel et philosophique sur la mobilité douce. Plutôt des petites voitures ou des véhicules intermédiaires. On pense qu’il y a véritablement là un nouveau marché en train de se créer et auquel on veut contribuer avec des solutions techniques permettant de réduire le poids et donc d'augmenter l’autonomie ou permettant d'embarquer moins de batteries dans les véhicules électriques. » Au-delà de cette dichotomie, « on vise plutôt des gens qui sont leaders dans leur domaine. Il nous faut des clients qui ont besoin de quantités importantes. On a de notre côté de gros CAPEX pour que notre technologie soit pertinente d’un point de vue économique. Ces investissements doivent être amortis sur des quantités appréciables. Pas des centaines ni des milliers, plutôt des dizaines ou des centaines de milliers de pièces. Donc on vise des clients capables d’absorber ces flux-là », calcule-t-il. Besoin de mètres carrés, de mégawatts… et de bras !Pour basculer en phase réellement industrielle, Ollow va bientôt se doter des moyens immobiliers ad hoc. Elle a récemment signé la réservation d’un terrain de 16.000 m², au sein de l’opération « Les Cinq Chemins » concédée à La Fab par Bordeaux Métropole. Le promoteur Cebimo (Christophe Barret) va porter la construction d’un premier bâtiment de 3.000 m², attendu pour l’automne 2025 et dont l’entreprise girondine sera locataire. « On n’a pas besoin que d’un bâtiment, mais aussi d’énergie. Il nous faut 10 MW pour déployer notre volume d’activité. Et ça va prendre un certain temps. » En incluant les équipements industriels, l’investissement peut être évalué entre 10 et 12 millions d’euros. Dans ce bâtiment, quelque 200 tonnes de matière seront transformées par an, par une cinquantaine d’opérateurs d’atelier travaillant en 3x8.L’année 2024 a d’ailleurs bien commencé pour Ollow, qui annonce avoir signé sa première commande de pré-série avec Caminade, fabricant français de vélos haut de gamme et sur mesure, installé dans les Pyrénées-Orientales. « Cette première commande servira de test à la ligne pilote, avec quelques centaines de tubes complexes à livrer d’ici l’automne 2024. Elle sera suivie de la mise en production de deux autres commandes plus conséquentes d’ici la fin de l’année », précise la direction.Cadre de vélo Caminade sur banc de test. Crédit : OllowEmployant actuellement une trentaine de personnes - dix il y a un an - à son siège installé à Canéjan, Ollow prévoit de recruter dix personnes cette année, puis une vingtaine en 2025 et de poursuivre ses embauches, jusqu’à potentiellement atteindre les 200 salariés d’ici cinq ans. Selon le plan de développement, la capacité de production devrait être de 10.000 pièces par an cette année, puis monter à 70.000 pièces avec le déménagement au sein de l’usine du Haillan. Et ce n’est pas tout, il est prévu un second bâtiment industriel, de même ampleur, sur le même site. « On a deux ans pour déclencher ce deuxième lot, qui contiendrait d’ailleurs moins de bureaux que le premier », souligne Bertrand Laine.Des financiers, puis des industrielsAfin de financer cette extension industrielle et mettre en place « une ligne de production de plus de 200.000 pièces par an à compter de fin 2026 », la PME prévoit une nouvelle levée de fonds, qu’elle entend boucler en début d’année prochaine. « On laissera nos investisseurs historiques se prononcer sur leur volonté. L’objectif est d’en placer de nouveaux autour de la table pour partager le risque afférent à un tel projet. On parle d’une petite dizaine de millions d’euros pour déployer ce que je vous ai indiqué. On s’adressera à des fonds, ils ne sont pas très nombreux, qui connaissent bien les problématiques industrielles et la technologie », résume encore le dirigeant, qui écarte a priori l’arrivée de partenaires industriels lors de cette étape. « On s’intéressera également à eux, mais plutôt au tour suivant », anticipe-t-il.« On ne veut pas reproduire ce contre quoi on se bat, la délocalisation. Notre philosophie n’est pas de reproduire les excès. Le site girondin va servir déjà la France, après on verra. Si nos activités en Amérique du Nord deviennent importantes, on ne va pas satisfaire ces clients depuis un site girondin. Et l'une des solutions résiderait dans l’association avec un industriel de plus grande taille, qui sera capable de gérer ce genre de choses. Notre philosophie, c’est d’avoir une production locale pour des marchés locaux, pas des gigafactories qui servent le monde. »À ce jour l’entreprise ne communique pas son chiffre d’affaires. « On ne cherche pas à le cacher mais, aujourd'hui, on ne raisonne pas comme ça. Ce qui est actuellement caractéristique de notre développement, c’est le nombre de projets. On a entre 40 et 50 prospects qualifiés, avec qui on discute très régulièrement et qui attendent qu’on soit prêt industriellement. Ils ne sont pas intéressés pour faire de la R&D, ils veulent produire. Le chiffre d’affaires, pour nous, c’est demain. » Reste que l’équilibre devrait être atteint à partir de 2026, « l’année après notre entrée dans l’usine du Haillan, pour ensuite se projeter sur un horizon 2028-2030, où on ferait une quarantaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, essentiellement sur les marchés de substitution. À cet horizon là, en fonction de comment on progresse, on décidera s’il faut dupliquer les sites pour servir l’Europe de l’Ouest et pourquoi pas avoir une implantation hors d’Europe, pour servir d’autres marchés », conclut Bertrand Laine.Ollow (ex-3DiTex)SAS fondée en octobre 2028Siège social: CanéjanEffectif : une trentaine de personnesCA : NC

3DiTex devient Ollow : usines, recrutements et souveraineté industrielle - Premium

Sur le même sujet

Chemparc : Pierre Nerguararian quitte la présidence, Audrey ...

Prix de l’économie Néo-Aquitains 2024 : qui sont les six lauréats ...

Pourquoi Somocap rachète Aquitaine Caoutchouc

Ryam s'associe à Verso Energy pour produire des carburants d’aviation ...

Néo Terra fait son festival à Darwin

Assises de l'Économie de la Mer : « Une grande première pour ...

Le 18 novembre à Bordeaux, une table ronde sur la propulsion

Retour du sommet agroécologie de Bordeaux, le 14 novembre

Néo-Aquitains : les entreprises les plus performantes bientôt ...

Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and ba

Marennes : un atelier sur la reconversion professionnelle

Nouvelle-Aquitaine : l’association Transtech organise une journée ...

Chemparc : Pierre Nerguararian quitte la présidence, Audrey Le Bars prend sa succession

Digitéco #16 Pourquoi le numérique responsable est une priorité

Le Département cherche 9 millions d’euros pour sauver le Fort Boyard

Deeptech : Luchrome, un saut à Vegas pour révolutionner les écrans e-paper

La chronique innovation : OliKrom conçoit des peintures intelligentes

VIDEO - Revivez le premier Salon Résolution de La Rochelle

Héli-Béarn lance à Pau sa nouvelle école de pilotage