Gimmic Design, de la chute industrielle au mobilier écoresponsable et consigné - Premium

Comment, des déchets de l’un, faire les matières premières de l’autre ? Ce sillon, notamment creusé par le réseau Ziri sous l’impulsion de Bordeaux Technowest, est aussi celui que suit la jeune pousse bordelaise Gimmic Design. Créée il y a bientôt trois ans, cette startup est spécialisée « dans le design et la fabrication de mobilier écoresponsable et consigné », ainsi que le décrit la cofondatrice et présidente Nathalie Giraud. Issue du secteur du bâtiment, cette architecte DPLG s’intéresse depuis une quinzaine d’années au sujet du réemploi, peu en vogue à l’époque. La rencontre avec Bastien Carretier sera décisive. Ancien acteur du social, il a ensuite glissé dans le design scénographique. « J’étais chef décorateur et constructeur dans le cinéma, la publicité et les clips. Des secteurs gros consommateurs de bois et très générateurs de déchets. Très vite, l’idée de “comment réutiliser ça” a germé. Mieux sourcer, moins consommer, avec une approche design et créative », raconte le cofondateur et directeur général.Au sein de Gimmic Design, « on va designer et fabriquer du mobiliser avec des matériaux durables recyclés, avec une spécialisation sur les solutions de caractérisation de déchets industriels », poursuit-il. Depuis sa fondation, l’entreprise a expérimenté différentes façons de faire. Notamment le sourcing ponctuel. « Ce sont les premières demandes qu’on a pu avoir de clients, on source un matériau qui va être déposé lors d’un chantier de déconstruction et on le réutilise dans la fabrication de mobilier. » Les fondateurs ont aussi conçu des meubles, puis cherché les matériaux adéquats. La troisième voie, « celle avec laquelle on travaille le plus actuellement », c’est d’être contacté par les industriels afin de trouver pour eux une valorisation de leurs déchets de fabrication. « On fait une visite d’usine, on répertorie deux ou trois déchets qui nous paraissent pertinents, puis on travaille un design. On prototype, on teste, puis ça rentre en catalogue et on commercialise. »Recyclable à l’infini ?« Plus on va sourcer des matières, plus la marge va reposer sur les savoir-faire locaux, tout en étant alignés avec les prix du marché », reprend Nathalie Giraud. Autre originalité du modèle, qui vient boucler la boucle de l’économie circulaire : le mobilier Gimmic Design est consigné. « Il faut nous prévenir six mois à l’avance de la volonté de se débarrasser de nos créations. On va faire un audit de l’état du mobilier et, éventuellement, inciter le client à retaper les meubles pour allonger leur durée de vie. Sinon, on les récupère. Là, c’est à nous de les réintégrer dans un futur projet ». Un mécanisme de collecte qui repose sur la gratuité réciproque : le client ne revend pas ses meubles, Gimmic Design ne facture pas le service de collecte. « C’est déjà une grosse avancée car il y a beaucoup d’entreprises qui payent pour faire enlever leurs vieux meubles », rappelle Bastien Carretier.D’ici la mi-2025, les fondateurs vont ainsi s’appliquer à « figer un catalogue et un storytelling qui va raconter ce qu’on fait, comment on le fait et met en avant les partenariats qu’on peut avoir », avec des groupes comme Dal’Alu (l’un des premiers à avoir collaboré), Suez, Eiffage ou encore Vinci. Avec à la clé, de nouvelles sources de matériaux, comme du cuir ou encore… des tapis industriels. Dans le même temps, deux recrutements viendront enrichir l’équipe qui, outre le binôme fondateur, comprend un pôle design (deux personnes) et un autre dédié à la fabrication (trois personnes, un atelier de 400m²). Au menu des embauches : « les savoir-faire, sur la fabrication et l’ébénisterie. Il faut des gens qui ont une extrême compétence pour arriver à jongler avec plusieurs matériaux en étant précis ».Rester localRentable depuis sa fondation, selon les dirigeants, Gimmic Design a triplé son chiffre d’affaires au cours de sa deuxième année de vie et devrait boucler le troisième exercice « a minima sur un doublement de l’activité ». L’idée sera « de ralentir, en diminuant fortement le sur-mesure pour arriver à stabiliser l’offre et se positionner davantage comme fabricant ». Adressant une clientèle essentiellement régionale, l’entreprise entend conserver son ancrage territorial. « Le 100% local raconte cette histoire du déchet et de son circuit. Quand Gimmic Design sortira de la région, on ne sera toujours qu’une solution de design pour valoriser les matériaux et les artisans d’un territoire. On vendra notre design, nos méthodes, mais on n’ira pas s’implanter ailleurs. »Gimmic DesignSAS créée en février 2022Siège social : Bordeaux, au sein de la Cité BleueEffectif : 7 personnesCA : n.c.

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